Migraine avec aura : faut-il s’inquiéter ?Image d'illustrationIstock
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La migraine est bien plus courante qu’on l’imagine. En France, 11 millions de personnes sont concernées. Un fléau invalidant qui impacte le plus souvent les femmes. Cependant, il en existe plusieurs formes. Celle qui nous intéresse aujourd’hui est la migraine avec aura, plus communément appelée migraine ophtalmique. Bien qu’elle provoque des troubles visuels, elle est bien le résultat d’une problématique neurologique.

La migraine avec aura se caractérise par l'apparition inattendue de phénomènes neurologiques impressionnants, quelques minutes avant le déclenchement de la céphalée. "Il est à noter que les choses ne sont pas toujours aussi simples et que la phase d’aura peut parfois cohabiter avec la phase de céphalée : on parle alors de migraine accompagnée", explique le Dr Dominique Valade, neurologue et chef de service des Urgences céphalées à l’hôpital Lariboisière à Paris, sur le site de l'Institut du mal de tête. Bien qu’inquiétants en apparence, les signes d'une migraine avec aura ne sont pas dangereux.

Migraine ophtalmique

Ce phénomène d’aura visuelle peut durer de quelques minutes à une heure. Différentes formes peuvent alors apparaître : points brillants (scotomes), taches noires, lumières clignotantes, une plage noire qui coupe le champ de vision en deux et gêne la vue, flashs lumineux… "On peut avoir ensuite d'autres signes comme des troubles de la sensibilité du type fourmillements ou engourdissement, ainsi que des troubles du langage : difficulté ou impossibilité de parler", explique le Dr Valade sur le site de l'Institut du mal de tête.

Céphalée et fourmillement

Aussi dérangeante qu'elle puisse paraître pour les patients migraineux, cette phase n’est pas douloureuse. "L’incapacité qu’elle provoque est davantage due à la crise de migraine qui suit, parce que l’aura est généralement de courte durée", précise la Dre Elizabeth Leroux, neurologue et médecin spécialiste des céphalées à Montréal, au Québec, dans le média canadien L'actualité.

La deuxième phase, en revanche, est douloureuse : c’est l’arrivée de la céphalée. "Dans la plupart des cas, le mal de tête apparaît puis s’intensifie progressivement, la douleur pouvant atteindre son paroxysme au bout d’un temps variable selon les sujets, entre quelques instants et plusieurs heures", explique le Dr Valade.

Aura migraineuse

Plusieurs critères caractérisent la céphalée migraineuse qui suit l’aura : son caractère pulsatile et sa localisation unilatérale. "Certains phénomènes bizarres, comme l’impression qu’on vous enfonce un clou ou une vrille dans la tête, peuvent également apparaître. La douleur se localise aussi au fond de l’œil ou derrière l’œil", ajoute le neurologue. Elle s’accompagne également d’autres symptômes, comme une hypersensibilité au bruit, à la lumière ou aux odeurs, des nausées, des vomissements ou des étourdissements.

Quelles sont les causes de la migraine avec aura ?

Les causes de la migraine sont à ce jour peu identifiées. Cependant, certains facteurs de risque, comme la prédisposition génétique et des éléments environnementaux, peuvent influencer la survenue d’une migraine avec aura. Parce que les patients migraineux sont les mieux placés pour en parler, ils en dressent la liste :

  • Le stress ou l’anxiété

  • La consommation d’alcool (notamment le vin rouge)

  • Le jeûne

  • Le manque de sommeil ou l'excès

  • Certains bruits

  • De fortes odeurs

  • Des éclairs lumineux

  • La contraception orale

  • Les variations climatiques

  • Certains aliments comme le chocolat, les fromages, le lait…

  • La cigarette

Migraine hormonale

Le diagnostic de migraine se fait en grande majorité sur l'évalutation d'un examen clinique. "Il est certain que, chez un grand nombre de femmes, la migraine survient dans la période des règles (quelques jours avant, pendant ou après). La brusque chute des œstrogènes au moment des règles déclenche la crise de migraine. C’est pourquoi un bon moyen de limiter le nombre des crises ou de les atténuer est de rechercher avec son gynécologue une pilule adaptée", précise le Dr Valade sur le site de l'Institut du mal de tête.

Apprendre à gérer sa migraine pour limiter son apparition

À partir du moment où l’on repère les signaux déclencheurs, il est plus facile d’anticiper l’apparition d’une crise. Comprendre les rythmes d’apparition de ses crises, ses types de douleurs et ses causes déclenchantes est primordial. Cela permet une prise de conscience qui, à terme, peut aider à modifier certains éléments de son mode de vie sans effort. "Les progrès redonnent espoir à celui ou celle qui était tombé dans le cercle vicieux des migraines chroniques", explique le médecin.

Traitements et comment soulager une migraine

Les migraines avec aura se traitent de la même manière que les migraines dites plus classiques. Un traitement médicamenteux est prescrit pour stopper les crises et un autre, de fond, pour réduire leur fréquence. La diminution de l’exposition aux facteurs déclenchants et un changement de rythme est également recommandée par les experts.

"Il est déconseillé de prendre des médicaments avant que la phase d’aura ne se termine, car à ce moment-là, les vaisseaux se contractent et les médicaments, qui sont des constricteurs, contractent un peu plus les vaisseaux. Résultat : il n’y a aucun effet sur le mal de tête, qui n’est pas encore apparu", conclut le neurologue.

Migraine et neurologue

Cette éducation thérapeutique ne peut se réaliser sans la prise en charge d’un professionnel de santé expert : neurologues, gynécologues, médecins, infirmiers, centres anti-migraine, Institut du mal de tête… Tous sont présents pour accompagner au mieux sur le long terme les patients migraineux dans leur quotidien.

Il est important de noter que toutes les formes de migraine constituent un véritable problème de santé publique, dont le coût pour la société n’est pas à négliger. En prenant en compte plusieurs critères, une grande enquête baptisée Eurolight a été réalisée dans toute l’Europe en 2010. "Les personnes interrogées devaient déclarer le nombre de journées où elles étaient restées à la maison à cause de leurs crises de migraine, ainsi que le nombre de jours durant lesquels elles n’avaient pu réaliser au travail qu’une partie de leurs tâches habituelles. Au total, la perte de production a été chiffrée à 111 milliards d’euros par an", alerte François Lévêque, professeur d'économie à l'École des Mines, dans un article de The Conversation.