- 1 - Listeria, E. coli : des bactéries responsables d’intoxications alimentaires mais aussi de méningites
- 2 - Une consommation excessive d’alcool favorise la méningite à pneumocoque
- 3 - VIH, syphilis et herpès génital : des IST pourvoyeuses de méningites
- 4 - Candidose, cryptococcose : des mycoses à l’origine de méningites graves
- 5 - Ibuprofène, amoxicilline… certains médicaments peuvent être responsables de méningites
- 6 - La méningite, un effet indésirable de la vaccination
- 7 - Cancer du sein, cancer du poumon, lymphomes : ils peuvent favoriser la survenue de méningites
- 8 - Un parasite que l’on retrouve chez les animaux de compagnie peut occasionner une méningite
- 9 - Les maladies auto-immunes sont à l’origine de méningites non infectieuses
- 10 - Les symptômes sont-ils les mêmes en fonction des causes ?
- 11 - Méningite : les traitements et moyens de prévention diffèrent selon les causes
- 12 - Méningite : quelles sont les causes les plus fréquentes ?
Listeria, E. coli : des bactéries responsables d’intoxications alimentaires mais aussi de méningites
E. coli font régulièrement la Une de la presse, qui relaie des rappels de produits infectés par ces bactéries. Elles sont en effet à l’origine d’intoxications alimentaires la plupart du temps bénignes, mais celles-ci peuvent se compliquer chez certaines personnes à risque en provoquant une infection du système nerveux qui prendra la forme d’un syndrome méningé parfois mortel. On parlera alors d’une listériose neuroméningée.
Leurs noms vous disent peut-être quelque chose : la listeria etA lire aussi :
Chlamydia : une MST qui touche que les femmes ?Qui est à risque ? Les personnes âgées, les femmes enceintes, les nourrissons et les sujets immunodéprimés (dont le système immunitaire est affaibli par une maladie et/ou son traitement).
Une consommation excessive d’alcool favorise la méningite à pneumocoque
La méningite à pneumocoque est un type fréquent et grave de méningite bactérienne qui peut toucher les enfants comme les adultes. Mais "les personnes souffrant d’alcoolisme sont particulièrement à risque", affirme le Dr Thomas de Broucker, neurologue. Cela s’explique par le fait que l’alcoolisme chronique affaiblit le système immunitaire "par le mauvais état nutritionnel auquel il est souvent associé" et expose ainsi plus facilement à des infections. Pour ces mêmes raisons, l’alcoolisme favorise, par ailleurs, la survenue de méningite tuberculeuse et d’hémorragie méningée ou intracrânienne traumatique.
A noter : L’intoxication éthylique aiguë (grande consommation d’alcool en un court laps de temps) présente également des risques neurologiques, qui peuvent se manifester sous la forme de crises d’épilepsie ou d’un coma éthylique.
VIH, syphilis et herpès génital : des IST pourvoyeuses de méningites
syphilis, le virus Herpes simplex de type 2 provoquant l’herpès génital ou le virus de l’immunodéficience humaine (VIH), tous peuvent être la cause d’une méningite ou favoriser sa survenue. Cela s’explique par le fait que le corps de la personne atteinte devient plus vulnérable aux autres types d'infections, laissant plus facilement les agents pathogènes se propager dans le sang et infecter le système nerveux central. On parle alors de méningite syphilitique ou de neurosyphilis en cas de syphilis et de méningo-encéphalite herpétique en cas d’herpès génital.
Que ce soit la bactérie Treponema pallidum responsable de laCes méningites peuvent survenir au premier stade de l’IST comme à un stade plus avancé, d’où l’importance d’un dépistage et d’une prise en charge précoces. A titre d’exemple, "environ 5 à 10 % des syphilis non traitées sont responsables de neurosyphilis" (1).
Candidose, cryptococcose : des mycoses à l’origine de méningites graves
candidose (infection par la levure Candida albicans, présente naturellement dans le corps). Ce sont des infections rares, mais graves voire fatales : le plus souvent la candidose est bénigne et se manifeste sous formes cutanées ou muqueuses, mais elle peut se disséminer à travers l’organisme et entrainer une méningite. On parle alors de candidose systémique, et dans ce cas, "la mortalité reste voisine de 40%" selon l’Institut Pasteur (2). Quant à la cryptococcose, sa "forme clinique la plus fréquente est une méningo-encéphalite", mortelle si elle n’est pas traitée : on déplore en effet plus de 600 000 décès par an à travers le monde.
Lorsqu’une méningite est due à un champignon, on parle de méningite fongique. Plutôt rare en France, celle-ci est principalement causée par la cryptococcose (infection au champignon Cryptococcus neoformans, présent dans les sols) et laQui est à risque ? "Les sujets immunodéprimés, infectés par le VIH en particulier, et les personnes vivant dans les pays en voie de développement", précise le Dr de Broucker.
Ibuprofène, amoxicilline… certains médicaments peuvent être responsables de méningites
méningite médicamenteuse. Si ce mécanisme reste flou, le Dr Kévin Bihan, pharmacien pharmacologue interviewé par Medisite, explique que les deux principales hypothèses sont des "réactions d’hypersensibilité, qui renvoient à l’immuno-allergie" ou des "mécanismes directement toxiques sur les méninges". Parmi les médicaments incriminés : certains anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), des antibiotiques (notamment Bactrim® et ceux à base d’amoxicilline) ou encore des immunoglobulines. Mais les méningites médicamenteuses "sont des raretés", assure le Dr de Broucker, et il s’agit bien souvent d’un diagnostic d’exclusion, c’est-à-dire que l’on soupçonne un médicament une fois seulement après avoir éliminé toutes les autres causes possibles.
En France, environ 300 cas de méningite provoquée par des médicaments ont été recensés : on parle deLa méningite, un effet indésirable de la vaccination
fièvre jaune, "cela reste exceptionnel et ne concerne que quelques cas isolés".
Selon le Dr de Broucker, "de manière globale, tous les vaccins peuvent entrainer des réactions inflammatoires qui ne sont pas directement en rapport avec le micro-organisme injecté, mais plus probablement avec la réponse immunitaire plus ou moins violente du patient". Mais ces réactions restent rares : si le Dr Bihan affirme qu’elles ont été le plus souvent observées après une vaccination contre laCancer du sein, cancer du poumon, lymphomes : ils peuvent favoriser la survenue de méningites
La méningite peut également être le résultat d’un cancer : on parle alors de méningite carcinomateuse, qui concerne 5% des patients atteints d’un cancer (4). "Cela n’a rien à voir avec des germes ou des bactéries, explique le Dr de Broucker. En général, c’est dû aux métastases de cancer solide, notamment le cancer du sein et le cancer du poumon, mais on la retrouve également dans certaines localisations de lymphomes (cancer du système immunitaire)."
Un parasite que l’on retrouve chez les animaux de compagnie peut occasionner une méningite
toxoplasmose, maladie le plus souvent contractée après avoir été en contact avec un chat (ou plus rarement un chien) ou consommé des aliments contaminés (viande peu cuite, fruits et légumes mal lavés). Mais il peut également affecter le système nerveux central et ainsi entrainer une méningite.
Toxoplasma gondii : c’est le nom du parasite à l’origine de laA noter : Si les personnes les plus à risque de méningite parasitaire sont les sujets immunodéprimés et les femmes enceintes, celle-ci "est une rareté", précise le Dr de Broucker.
Les maladies auto-immunes sont à l’origine de méningites non infectieuses
Parce que les personnes qui en souffrent ont un système immunitaire affaibli qui les rend plus vulnérables aux infections, les maladies auto-immunes favorisent la survenue de méningites infectieuses (dues à une bactérie, un virus, un champignon ou un parasite). Mais la méningite peut également être d’origine non infectieuse, et simplement résulter de troubles inflammatoires directement liés à la maladie auto-immune (5). Parmi les maladies auto-immunes qui entrainent le plus souvent une inflammation, on retrouve "la sarcoïdose, le syndrome de Gougerot-Sjögren, la maladie de Behçet ou encore le lupus", précise le Dr de Broucker.
Les symptômes sont-ils les mêmes en fonction des causes ?
méningites virales et les méningites bactériennes, on n'observe pas la même chose du côté des méningites non infectieuses : le Dr Kévin Bihan affirme que dans le cas de la méningite médicamenteuse par exemple, "ce sont des tableaux cliniques un peu moins francs. Il peut simplement y avoir des céphalées associées à de la fièvre, ou des raideurs de la nuque mais sans fièvre…" Néanmoins, dans tous les cas, "ces signes doivent pousser à consulter en urgence", conclut le Dr de Broucker.
Peu importe la cause de la méningite : les symptômes restent, dans l’ensemble, identiques. "Il y a une symptomatologie qu’il faut connaitre, rappelle le Dr de Broucker, qui est l’association de maux de tête, de vomissements, de troubles de la conscience et de fièvre." Peuvent s’ajouter à cela une raideur de la nuque, une gêne à la lumière (photophobie), une éruption cutanée. Toutefois, si l’on retrouve quasi systématiquement nombre de ces symptômes plus ou moins accentués dans lesMéningite : les traitements et moyens de prévention diffèrent selon les causes
"Les moyens de prévention s’adressent aux méningites infectieuses", explique le Dr de Broucker, et plus particulièrement aux méningites virales et aux méningites bactériennes. Concernant les premières, il s’agit de mettre en place des règles d’hygiène simples : se laver fréquemment les mains "pour prévenir du 'péril fécal' " et "isoler les patients" afin d’éviter la contamination. Pour les enfants, "il convient de respecter l’éviction scolaire".
Dans le cadre des méningites bactériennes, la prévention va dépendre de la bactérie impliquée : par exemple, la vaccination pour le méningocoque, obligatoire chez les nourrissons depuis le 1er janvier 2018 et dont l’efficacité est jugée "très bonne" (6). Par ailleurs, si un sujet est infecté, "des campagnes de traitement des proches sont organisées dans les 24 heures du diagnostic, précise le neurologue. Les directions territoriales de la santé sont responsables de l'organisation de l'administration d’un antibiotique (rifampicine en général) à l’entourage proche, chez toutes les personnes qui ont été en contact rapproché avec le patient." Un vaccin existe également contre le pneumocoque : sa protection est supérieure à 90% chez le nourrisson (7). A noter "qu’autrefois, les méningites bactériennes les plus fréquentes étaient celles à Haemophilus influenzae, mais celles-ci ont quasiment disparu grâce au vaccin". Enfin, pour les bactéries à l’origine de toxi-infections alimentaires, il s’agira notamment de veiller à bien se laver les mains après manipulation d’aliments non cuits et de cuire à cœur ceux d’origine animale.
Quant au traitement de la méningite, il dépendra là encore de sa forme : dans le cas d’une méningite virale, le traitement sera simplement symptomatique. Si le virus de l’herpès génital est en cause, un traitement antiviral par aciclovir sera nécessaire. S’il s’agit d’une méningite bactérienne, la prise d’antibiotiques est "extrêmement urgente et indispensable". En cas de méningite fongique ou parasitaire, des médicaments antifongiques ou antiparasitaires seront prescrits. Enfin, le traitement d’une méningite médicamenteuse consiste tout bonnement en l’arrêt du médicament suspecté.
Méningite : quelles sont les causes les plus fréquentes ?
Il est important de noter que les causes insoupçonnées de méningite mentionnées ci-avant sont rares et souvent "subaiguës", affirme le Dr de Broucker, c’est-à-dire qu’elles durent plusieurs semaines et sont le résultat de pathologies sous-jacentes. A l’inverse, la forme de méningite la plus fréquente est la méningite virale : elle représente 70 à 80% des cas de méningite et est causée le plus souvent par des entérovirus (virus de la bronchite, de l’otite…). Si elle est généralement bénigne et ne dure que quelques jours (on dit alors qu'elle est aiguë), elle peut "provoquer des épidémies, notamment chez les enfants" et donc dans les écoles car la transmission se fait par contact rapproché, via la salive (toux) et le mucus nasal (éternuements) notamment.
Les bactéries font également partie des causes les plus connues de méningite, mais celles-ci restent "moins fréquentes". Les principales bactéries incriminées sont le méningocoque et le pneumocoque, présentes naturellement chez une minorité de personnes. Ces porteurs sains peuvent les transmettre à d’autres individus, là aussi par voie aérienne. Et contrairement aux méningites virales, les méningites bactériennes sont graves : "Le méningocoque est extrêmement contagieux et dangereux. On parle de méningite foudroyante", car potentiellement mortelle. La méningite à pneumocoque est "encore plus souvent fatale : trois fois plus avec une mortalité de 18%". Les jeunes, les femmes enceintes, les personnes âgées et les sujets immunodéprimés sont les plus à risque de méningite bactérienne.
L’analyse du liquide céphalo-rachidien réalisé après une ponction lombaire permet de déterminer l’agent pathogène à l’origine de la méningite. La prise en charge est toujours hospitalière. Mais peu importe la forme qu’elle prend : dans tous les cas, elle reste une maladie "peu fréquente, à laquelle il faut savoir penser", conclut le neurologue.
Remerciements au Dr Thomas de Broucker, neurologue.
(1) "Neurosyphilis et troubles cognitifs". Gériatrie et psychologie neuropsychiatrie du vieillissement. Décembre 2013.
(2) "Candidoses". Institut Pasteur.
(3) "Cryptococcose". Institut Pasteur.
(4) "Leptomeningeal carcinomatosis". Cancer treatment reviews. Avril 1999.
(5) "Méningite non infectieuse". Mauel MSD.
(6) "Méningites et septicémies à méningocoques". Vaccination Info Service. Mis à jour le 8 août 2018.
(7) "Méningites, pneumonies et septicémies à pneumocoque". Vaccination Info Service. Mis à jour le 23 mars 2018.
"Infection du système nerveux". Fédération française de neurologie.
"Listériose". Institut Pasteur.
"Escherichia coli entérohémorragiques (ECEH)". Institut Pasteur.
"Candidoses"0. Collège des enseignants de neurologie.
"Candidoses"1. Collège des enseignants de neurologie.
"Candidoses"2. Attitude Prévention. 4 janvier 2018.
"Candidoses"3. Ameli.fr. 4 septembre 2018.
"Candidoses"4. Ameli.fr. 27 novembre 2018.
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