Décidément, ce médicament n’a pas fini de faire parler de lui. Après l’inquiétude de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) concernant son usage détourné, ce sont aujourd’hui les médecins qui s'interrogent sur les risques de cet anti-diabétique injectable. Une étude publiée le 3 juillet 2024 sur Jama Ophtalmology alerte sur la hausse des cas de cécité chez les patients traités par Ozempic.
L’histoire a commencé à l’été 2023. Des médecins d’un hôpital du Massachusetts aux États-Unis ont observé un nombre anormalement élevé de patients atteints d’une neuropathie optique ischémique antérieure non artéritique (NAION). Une affection oculaire incurable qui évolue vers la cécité.
Très rare, cette maladie concerne une personne sur 10 000, principalement les plus de 50 ans. "Pourtant, trois cas ont été décelés en seulement une semaine l’été dernier, et chacun des trois patients prenait ce médicament pour la perte de poids", indique dans un communiqué un des auteurs de l’étude.
"L'utilisation de ces médicaments a explosé dans les pays industrialisés et les discussions futures entre un patient et son médecin devraient inclure la NAION comme un risque potentiel"
Les scientifiques ont alors décidé d'analyser les données médicales de 16 827 patients sur une période de 6 ans.
Le travail de recherche à révélé que les patients diabétiques traités sous sémaglutine : le nom international de l’Ozempic, étaient environ quatre fois plus susceptibles de développer une neuropathie optique ischémique antérieure non artéritique. Cette probabilité est sept fois plus élevée chez les personnes qui prennent ce médicament pour soigner un surpoids.
"L'utilisation de ces médicaments a explosé dans les pays industrialisés. Ils ont d’ailleurs apporté des avantages très importants à bien des égards, mais les discussions futures entre un patient et son médecin devraient inclure la NAION comme un risque potentiel", a déclaré le Dr Joseph Rizzo, auteur de l'étude et chef de service d’ophtalmologie de l’hôpital Eye and Ear du Massachusset.
Etude en cours d’investigation
Les scientifiques précisent néanmoins qu’il s'agit d'une étude d'observation. "Nos résultats doivent être considérés comme significatifs mais provisoires, car de futures investigations sont nécessaires pour examiner ces questions dans une population beaucoup plus large et plus diversifiée", a déclaré Dr Rizzo. "Il s'agit d'une information que nous n'avions pas auparavant et qui devrait être incluse dans les discussions, en particulier si les patients ont d'autres problèmes connus du nerf optique comme le glaucome ou une perte visuelle importante préexistante due à d'autres causes".
La compagnie Novo Nordisk, qui est responsable de la production de sémaglutide aux États-Unis, a de suite réagi à l’étude en soulignant que celle-ci ne permettait pas d’établir un lien entre la médication et la condition médicale.
La popularité de l’Ozempic
Le sémaglutide a gagné en popularité avec sa mise en avant inquiétante par les influenceurs sur Tik Tok et Instagram, à tel point que la demande exponentielle qui a suivi, a incité l’ANSM de contraindre les médecins à ne pas prescrire ce traitement à des fins esthétiques.
"Environ 700 000 personnes en France prennent ce type de traitement aujourd’hui. On va arriver très rapidement au million, et l’utilisation de ces molécules va encore augmenter dans les années à venir ", a déclaré le Dr Isabelle Yoldjian, directrice médicale au sein de l’ANSM vendredi 5 juillet à nos confrères de l’AFP. "Cette forte utilisation peut faire apparaître plus largement des risques jusqu’alors très rares, ou montrer que des risques connus sont plus graves qu’envisagé". En vue de la consommation excessive de ce médicament, l’agence sanitaire rappelle qu’il est plus qu’important de rester alerte face à ses effets indésirables.
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