Les statines sont prescrites dans le but de réduire le taux de cholestérol LDL (mauvais cholestérol) chez les patients sujets aux maladies cardiovasculaires, ainsi qu’aux personnes diabétiques, particulièrement exposées à ce risque. Le cholestérol peut entraîner une accumulation de plaques graisseuses dans les artères, ce qui peut à terme, provoquer des caillots et entraîner des infarctus et accidents vasculaires cérébraux.
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Cholestérol : les statines sur la sellette ?Depuis quelques années, ces médicaments anticholestérols divisent. Certains spécialistes avaient déjà incriminé les statines de faire plus de mal que de bien aux patients en les accusant d’être inutiles, voire toxiques. Une nouvelle étude place ce traitement sur le banc des accusés.
Selon les chercheurs, il y avait peu de preuves justifiant de l’utilité des statines. Ces dernières offriraient un "avantage minime" pour des personnes à faible risque de maladies cardiaques.
Les statines, un gaspillage ?
L’Institut national de la santé (Nice) recommandait en 2014 les statines pour les patients à risque de maladies cardiovasculaires, incluant les crises cardiaques et accidents vasculaires cérébraux (AVC). Le risque est estimé en tenant compte de l’âge du patient, de son origine ethnique, de son environnement et de son hygiène de vie (surpoids, tabac). En outre, si une personne est atteinte de diabète, elle est considérée comme étant à risque.
Paula Byrne et John Cullinan, chercheurs à l’Université nationale d’Irlande, et Susan Smith, du Royal College of Surgeons viennent de remettre en question les statines dans leur étude.
Pour eux, les avantages de ce traitement ne seraient pas avérés. "Bien que les statines soient couramment prescrites, il reste de sérieuses questions sur leurs avantages et leur tolérance, en particulier chez les patients à faible risque de maladie cardiovasculaire", indiquent-ils.
Les chercheurs parlent même de "gaspillage de ressources en soins de santé" !
Le peu d’effet ne justifie pas la prise du traitement
"Une femme de 45 ans à faible risque qui ne fume pas, mais qui a un taux de cholestérol et une pression artérielle légèrement élevés, verrait son risque passer de 1,4 % (ce qui est déjà très faible) à 0,8 % si elle prenait des statines", indiquent l’étude.
La baisse du risque induit par les statines est donc faible. Aussi, elle ne justifie pas la prise de ce traitement quotidien, estiment les chercheurs.
La prise de statine, pas sans risque
En outre, les chercheurs estiment que les statines peuvent aussi être associées à un risque accru de problèmes musculaires, diabète et accidents hémorragiques.
Ce n’est pas la première fois que les statines sont accusées d’être dangereuses. En 2015, le Dr Michel de Lorgeril, chercheur en cardiologie, avait déjà démontré que ce traitement serait "terriblement toxique". Selon lui, les statines ne préviennent ni les infarctus, ni les AVC. Ce dernier y avait d’ailleurs consacré un livre (L’horrible vérité sur les médicaments anticholestérol, éd. Thierry Souccar).
De son côté, le Pr Philippe Even, pneumologue et auteur de Corruption et crédulité en médecine (éd. Thierry Souccar) clamait que les statines sont "l’arnaque la plus réussie de l’industrie pharmaceutique".
Les statines présentent des effets secondaires qui ne sont pas négligeables. Elles se révèlent toxiques pour les muscles (risques élevés de myopathies), les reins et le foie. Des risques de diabète, de cataracte, de troubles de la libido et de troubles cognitifs sont également rapportés. Ce risque est même tellement élevé que certaines statines ont dû être retirées du marché.
Statins for primary prevention of cardiovascular disease, The BMJ, 16 octobre 2019