Maladie de Crohn : elle serait liée au virus de la gastro-entérite

La maladie de Crohn, médiatisée ces dernières années par certaines influenceuses qui ont décidé d’assumer pleinement leur stomie, touche près d'une personne sur 1 000 en France, avec chaque année 8 nouveaux cas pour 100 000 habitants, selon l’Assurance santé.

Maladie de Crohn : des causes incertaines

Qu’est-ce que c’est ? Cette maladie du tube digestif fait partie des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) avec la rectocolite hémorragique. "Elle évolue par poussées imprévisibles dont la fréquence et la sévérité sont variables selon les patients", indique l’encyclopédie médicale Vidal. Le symptôme le plus handicapant de Crohn est la nécessité d’aller régulièrement à la selle à cause de diarrhées, parfois sanglantes. Cette pathologie entraîne également des douleurs abdominales, des nausées et des vomissements.

Jusqu’à présent, les causes de la maladie de Crohn étaient peu connues, même si les spécialistes émettaient l’hypothèse que des facteurs génétiques, environnementaux, immunologiques ou psychologiques pouvaient entrer en jeu. Concernant le facteur génétique, on estime que 10 à 25% des personnes atteintes ont un proche parent (souvent de premier degré) également touché. L’anomalie en cause serait une mutation du gène NOD2, appelé aussi CARD15, situé sur le chromosome 16. Cette mutation rend les cellules de la paroi intestinale plus vulnérables.

Maladie de Crohn : des facteurs de risque à éviter

"En dehors du tabac, aucun facteur prédisposant ou aggravant n’a été scientifiquement approuvé", explique auprès de Medisite le docteur David Laharie, gastroentérologue et hépatologue. Toutefois, certains facteurs hypothétiques restent à valider :

• Avoir un parent proche atteint lui-même de cette maladie ;
• Une mauvaise hygiène de vie : un régime alimentaire déséquilibré et la sédentarité ;
• L’exposition fréquente et prolongée au stress ;
• Un excès d’hygiène ;
• La prise d’antibiotiques (qui détruisent la flore intestinale).

Une infection probablement responsable du développement de la maladie de Crohn

Une étude publiée le 5 octobre 2022 dans la revue Nature vient faire la lumière sur un tout autre facteur susceptible d’entraîner le développement de la maladie de Crohn : la contraction du Norovirus, principale cause de la gastro-entérite aiguë.

Les chercheurs, issus de l’école de médecine Grossman (New York), ont découvert que, chez les souris atteintes de la maladie de Crohn, l’infection à Norovirus empêche la sécrétion de protéines inhibitrices de l'apoptose 5 (IAP5), ce qui entraîne la mort de plusieurs cellules de la paroi intestinale. D’après eux, les IAP5 pourraient protéger de la maladie de Crohn les personnes présentant la mutation du gène NOD2, mais la contraction du Norovirus pourrait venir affaiblir cette protection.

Maladie de Crohn : de nouvelles perspectives de traitement

Pour arriver à ces conclusions, les auteurs de l'étude ont injecté des IAP à certaines souris atteintes de la maladie de Crohn. Celles-ci ont survécu, quand la moitié des souris du groupe de souris n’ayant pas reçu d’injection sont décédées. Cela confirme l’hypothèse selon laquelle la protéine protège les cellules intestinales, estiment les chercheurs de l’école de médecine Grossman.

En ce qui concerne les humains, les malades de Crohn ont une production d’IAP5 entre 5 et 10 fois moins importante que celle des personnes saines. "Nos résultats apportent de nouvelles perspectives sur le rôle clé de la protéine inhibitrice de l'apoptose 5 dans le développement de la maladie de Crohn. Cette molécule pourrait devenir une nouvelle cible pour traiter cette maladie auto-immune, qui s’avère difficile à gérer sur le long terme", a réagi le docteur en gastroentérologie Yu Matsuzawa-Ishimoto, auteur principal de l’étude.