Les 9 maladies de l'utérus les plus fréquentesAdobe Stock
Sommaire

Le myomètre, siège des fibromes utérins

Le myomètre est la partie musculaire de l’utérus. Si ce muscle s’épaissit régulièrement, on parlera alors d'utérus globalement myomateux. S’il s’épaissit localement, il s’agira d’un fibrome. Dans les deux cas des saignements importants peuvent survenir.

Les symptômes : Il existe trois types de fibrome, responsables de symptômes différents.

- Le fibrome sous-séreux, à la surface de l’utérus. "Ce fibrome ne pose généralement pas de problème et ne cause pas de saignement. Il peut être préoccupant s’il devient très gros et qu’il occasionne une gêne. Il pourra alors être opéré", détaille le docteur Odile Bagot, gynécologue.

- Le fibrome intramural : "Il se situe dans l’épaisseur de l’utérus. Ce fibrome est détectable par échographie. Généralement, il est à l’origine d’une augmentation du volume des règles et régresse après la ménopause, comme la quasi-totalité des fibromes, quel que soit leur type."

- Le fibrome sous-muqueux : "Il se situe sous l’endomètre (tissu qui tapisse l'intérieur de l'utérus) et ne mesure parfois qu'entre 1 et 1,5 centimètre de diamètre. Malgré sa petite taille, il occasionne des saignements entre les règles et des règles très abondantes, car la zone localisée sous l’endomètre est très hémorragique. Après évaluation de la perte de sang par une numération sanguine qui permet de doser l’hémoglobine, le fibrome sous-muqueux doit être pris en charge médicalement, voire chirurgicalement si cela ne suffit pas", nous explique la gynécologue.

Bon à savoir : "Le fibrome ne se transforme pas en cancer ! Il ne pose donc un réel problème que s'il saigne trop ou s'il est vraiment très volumineux", rassure la médecin.

Que faire en cas de saignements anormaux ? "Il faut d’abord orienter le diagnostic au moyen d’une échographie puis éventuellement d’une hystéroscopie. Dans un premier temps, on donnera un traitement médical pour arrêter les saignements. On a alors plusieurs possibilités : la progestérone orale en contine, le stérilet à la progestérone ou encore un médicament relativement nouveau (un anti-progestérone) donné soit à visée curative, soit pour préparer l’opération. Si la localisation et le type de fibrome le permettent, le médecin pratiquera une résection du fibrome par voie basse." développe le docteur Bagot.

Le myomètre, siège des fibromes utérins© Adobe Stock

Les polypes utérins : des tumeurs bénignes

L’utérus est composé de l’endomètre, un tissu glandulaire, et du myomètre, un muscle.

Les symptômes : L’endomètre peut être le siège de tumeurs bénignes appelées polypes. "Il s’agit d’excroissances qui peuvent entraîner des saignements anormaux" décrit le docteur Bagot.

Qui est concerné ? Les polypes surviennent souvent chez les femmes en périménopause car l’endomètre ne se renouvelle plus tous les mois de manière harmonieuse.

L’hyperplasie de l’endomètre : un risque de cancer

L’hyperplasie de la muqueuse utérine consiste en un épaississement de l’endomètre. Il y a de nombreuses hyperplasies qui ne sont que le témoin d’un déséquilibre hormonal passager, mais si cette hyperplasie comporte des atypies, elle peut faire le lit du cancer de l’endomètre.

Les symptômes : Les symptômes d’une hyperplasie de l’endomètre sont des saignements anormaux entre les règles ou des règles plus abondantes.

Qui est concerné par le cancer de l'endomètre ? Le surpoids et l’obésité constituent un facteur de risque d’hyperplasie et de son évolution en cancer de l'endomètre. En effet, la masse graisseuse fabrique des œstrogènes, qui vont se retrouver en excès par rapport à la progestérone. Ce déséquilibre hormonal va alors stimuler la production de muqueuse utérine. "C’est pourquoi il est conseillé aux femmes obèses ou en surpoids de réaliser régulièrement des échographies endovaginales de dépistage d’hyperplasie qui peut se transformer en cancer", avertit le docteur Bagot.

Attention : De manière générale, "tout saignement qui survient après la ménopause doit faire l’objet d’une consultation chez un gynécologue", préconise la spécialiste.

Hystérocèle : la descente d’organe qui affecte l’utérus

Les descentes d’organes ou prolapsus sont des déplacements anormaux des organes. Elles peuvent concerner la vessie, le rectum, mais aussi les organes génitaux dont l’utérus.

Les symptômes : "La femme qui souffre d’hystérocèle sentira quelque chose entre ses lèvres génitales, comme un tampon qui gêne. C’est en fait le col de l’utérus qui est descendu", décrit le docteur Bagot.

Qui est concerné ? Le prolapsus de l’utérus touche essentiellement les femmes âgées qui ont eu de nombreuses grossesses ou des gros bébés. En effet, "l’utérus est rattaché à des ligaments, mais si les ligaments sont étirés par exemple suite aux grossesses à répétition, l’utérus n’est plus bien tenu et peut descendre par gravité", explique la gynécologue.

Que faire ? Une ablation de l’utérus (hystérectomie) par voie vaginale sera pratiquée en réponse à l’hystérocèle.

A noter : les prolapsus les plus fréquents rencontrés par les femmes sont les cystocèles, c'est-à-dire les descentes de vessie.

Hystérocèle : la descente d’organe qui affecte l’utérus© Adobe Stock

Le cancer du col de l’utérus : 1500 décès par an

Le terme "cancer de l’utérus" ne devrait pas exister : "il s’agit soit d’un cancer du col de l’utérus, soit d’un cancer du corps de l'utérus, donc l’endomètre qui en tapisse la cavité", souligne le docteur Odile Bagot, gynécologue.

Le cancer du col de l’utérus est un cancer relativement rare (3500 nouveaux cas et 1500 décès par an en France, contre 55 000 cas annuels pour le cancer du sein). "Il s’agit d’un cancer évitable grâce à la réalisation de frottis de dépistage réguliers (un frottis tous les trois ans entre 25 et 65 ans) et grâce au vaccin contre le papillomavirus, qui agit comme un facteur de prévention", précise la gynécologue. "Mais attention, le vaccin seul ne suffit pas : même vaccinée, il faut s’astreindre aux frottis de dépistage" ajoute-t-elle.

A quoi sert le frottis ? Cet examen permettra de détecter les altérations cellulaires liées à des infections au papillomavirus humain (ou HPV), responsable du cancer du col. Ces altérations sont appelées des dysplasies. Elles ne causent aucun symptôme clinique. "Les dysplasies légères guérissent habituellement toutes seules. Les dysplasies moyennes et sévères, diagnostiquées par une biopsie sous coloscopie, régressent beaucoup plus rarement et peuvent parfois requérir une petite intervention chirurgicale, la conisation", développe le docteur Bagot.

Bon à savoir : "Les infections au HPV sont universellement répandues, mais dans neuf cas sur 10, elles n’engendrent pas d’anomalies au frottis et la femme s’en débarrasse seule grâce à ses défenses immunitaires", rassure la gynécologue. De même, "les dysplasies sont très fréquentes, mais entre une première infection et un cancer, 10 ans peuvent s’écouler. Il ne faut donc pas s’alarmer en cas de frottis anormal", révèle la spécialiste.

Adénomyose : l’endométriose qui touche l’utérus

L’endométriose est une maladie inflammatoire chronique caractérisée par le développement de muqueuse utérine en dehors de l’utérus. L’adénomyose correspond à l’endométriose dans le muscle utérin.

Les symptômes : "Elle provoque des dysménorrhées aggravées, c’est-à-dire des règles très douloureuses qui s’empirent de mois en mois", décrit le docteur Bagot.

Qui est concerné ? L’endométriose touche une femme en âge de procréer sur 10. Elle peut débuter dès la puberté.

Que faire ? "Une prescription de pilule, voire de pilule en continu met le tissu utérin au repos et permet donc d’apaiser les symptômes", conseille la spécialiste.

Attention : "Toutes les douleurs de règles ne sont pas de l’endométriose", tempère le docteur Bagot. N’hésitez pas à en parler avec votre gynécologue.

Adénomyose : l’endométriose qui touche l’utérus© Adobe Stock

L’endométrite, une infection de la muqueuse

L’endométrite est une infection de l’endomètre, la muqueuse de l’utérus.

Les symptômes : Elle se caractérise par des douleurs dans le bas ventre, des pertes malodorantes, des saignements en dehors des règles et éventuellement de la fièvre.

Qui est concerné ? "L’endométrite est peu fréquente. Les cas recensés sont essentiellement des cas post-partum, c’est-à-dire survenant après un accouchement. Il existe également des cas d’endométrite consécutifs à la pose d’un stérilet dans des conditions septiques", confie la gynécologue.

Attention : le col de l’utérus peut également être le lieu d’infections, appelées cervicites. "Elles causent des pertes anormales et des petits saignements", décrit le docteur Bagot.

Utérus rétroversé : une position utérine différente

L’utérus est dit rétroversé quand il est orienté vers l’arrière plutôt que vers l’avant. "Il ne constitue pas une malformation utérine. Il s’agit simplement d’une position moins fréquente que celle de l’utérus antéversé", rassure le docteur Odile Bagot.

Les symptômes : "Un utérus rétroversé ne cause généralement pas de symptômes, sauf chez certaines femmes dont l’utérus, en plus d’être rétroversé, est rétrofléchi, c’est-à-dire qu’il forme quasiment un angle droit après le col de l’utérus. Dans ce cas, comme la zone à l’arrière du col est très innervée et très vascularisée, certaines positions sexuelles pourront provoquer des douleurs chez la femme."

Utérus rétroversé : une position utérine différente© Adobe Stock

Malformation de l’utérus : les cloisons utérines

"L’utérus qui se forme au stade embryonnaire résulte de la fusion de deux cordons de tissus se réunissant en un seul organe. Si la fusion se fait mal, une cloison persistera au milieu de l’utérus", décrit le docteur Bagot.

Les symptômes : "Un utérus cloisonné pourra être responsable de fausses couches voire d’une infertilité. De plus, si on pose un stérilet sans voir la cloison, une grossesse peut survenir dans l’autre partie de l’organe", explique la gynécologue. Ce risque de complication va dépendre du degré de cloisonnement. Dans la forme mineure, la femme possède un utérus avec une courte cloison, et un col de l’utérus. Dans la forme majeure, elle présente deux utérus et deux cols. La forme intermédiaire est appelée utérus bicorne et comporte un col et deux demi-utérus.

Que faire ? "Les cloisons utérines restent des malformations rares. Selon le degré de cloisonnement, une résection de la cloison sera possible.", selon Odile Bagot.

Sources

- Merci au docteur Odile Bagot, gynécologue à Strasbourg

- Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF)

- EndoFrance : Association française de lutte contre l’endométriose

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