Circovirus : 5 symptômes du nouveau virus qui s’attaque au foie

Pour la première fois, des scientifiques et médecins de l’Institut Pasteur de l’hôpital Necker-Enfants malades AP-HP et de l’Inserm au sein de l’Institut Imagine ont identifié une espèce encore inconnue de circovirus causant une hépatite chez l’Homme. 

Provisoirement nommé Human Circovirus 1 (HCirV-1), celui-ci a été découvert chez une patiente âgée de 61 ans, sous traitement immunosuppresseur et initialement hospitalisée pour une hépatite qui n’avait pas de cause identifiable.

"Elle avait été doublement greffée au cœur et aux poumons 17 ans plus tôt et elle avait un suivi très régulier. Nous avons donc pu avoir accès à de nombreux échantillons sur plusieurs années, ce qui nous a permis d’identifier ce nouveau virus, qui était pour le moins inattendu", explique Marc Eloit, l'un des auteurs de l’étude publiée dans la revue Emerging Infectious Diseases, le 3 janvier 2023, responsable du laboratoire Découverte de pathogènes à l’Institut Pasteur et professeur de virologie à l’École nationale vétérinaire d’Alfort.

Un virus initialement identifié en 1974 sur des animaux

En effet, cette découverte pourrait bien être historique, car "cette famille de petits virus, à ADN très résistants, a initialement été identifiée en 1974dans différentes espèces animales. Ils peuvent être responsables de problèmes respiratoires, rénaux, dermatologiques et reproductifs", développe dans son communiqué l’Institut Pasteur. "HCirV-1 est un nouveau virus, différents des circovirus connus pour être présents chez certains animaux." 

L’origine du virus reste à identifier, de même que la source de l’infection elle-même (contact, alimentation…). Concernant les symptômes liés à cette hépatite, ils restent relativement légers et communs, notamment s’ils sont pris en considération avant le développement de la cirrhose. Medisite fait le point en images. 

Circovirus : est-ce grave pour l’Homme ?

"Identifier un circovirus chez l’Homme n’est pas un indice de gravité ou de nouvelle émergence", assure Marc Eloit, un des auteurs de l'étude, auprès de La Dépêche. En effet, il insiste sur le fait que ce nouveau virus existait en réalité depuis de nombreuses années, sous une forme différente, et que la patiente de 61 ans hospitalisée pour une hépatite n’est peut-être pas la première à être touchée. Il s'agit peut-être de la première patiente où ce circovirus est clairement identifié. "On ne fait peut-être que mettre en évidence un virus présent depuis longtemps et resté ignoré", conclut donc le co-auteur de la première étude sur ce nouveau virus. 

Circovirus : un test PCR et un traitement antiviral disponible 

Toutefois, les spécialistes se veulent rassurants, car cette découverte leur a permis de mettre en place un traitement antiviral. Par ailleurs, elle ajoute qu’un test PCR spécifique est désormais disponible pour le diagnostic d’hépatite d’origine inconnue. "L’identification de ce nouveau virus pathogène pour l’Homme et la mise au point d’un test, réalisable par tout laboratoire hospitalier, fournit un nouvel outil de diagnostic et de suivi des patients atteints d’hépatites." Un test sérologique est également en développement.

En effet, le Human Circovirus 1 pourrait permettre d'identifier de nouveaux cas d'hépatite à l'origine inconnue. "Il y a beaucoup de cas d’hépatites qui restent inexpliqués. On a d'ailleurs reçu des demandes pour avoir accès aux outils de diagnostic (PCR) de ce virus qui ont été développés pour l'occasion", explique Marc Eloit.

Circovirus : doit-on craindre une épidémie ?

Marc Eloit a également confié à BMTV qu'"il n'y avait pas particulièrement d'inquiétude" après la découverte de ce virus. L'épidémiologiste Antoine Flahault explique aussi que ce virus ne présente pas de danger particulier sachant que le profil de la sexagénaire infectée était particulier. "On ne doit pas s’inquiéter à la découverte d’un seul cas chez une patiente, par ailleurs à l’immunité très particulière", affirme-t-il à BFMTV. Il assure qu'aucune épidémie n'est pour l'instant à redouter et souhaite désormais "analyser la fréquence du virus chez l'Homme".