
La gale, un mot qui suscite la peur et évoque la contagion. Cette maladie parasitaire cutanée fait son grand retour dans plusieurs pays d’Europe, dont la France, depuis le post-confinement du Covid-19. Les collectivités sont les plus touchées et aucune n’y échappe : établissements de soins, écoles, crèches… Bien que bénins, les symptômes sont désagréables. Dans un article du média scientifique The Conversation, Sandrine Capizzi, maître de conférences en parasitologie à la faculté de pharmacie de Nancy, et le doctorant Maxime Beaucourt font le point sur ce parasite.
Le sarcope
L’acarien responsable de cette maladie porte le nom de sarcopte. Dès son arrivée sur la peau, il creuse des galeries sous l’épiderme pour y déposer ses œufs. Résultat : la peau crée une réponse inflammatoire qui provoque des démangeaisons, plus fréquentes la nuit.
Les symptômes
Les galeries apparaissent sous forme de tunnels sous la peau et de papules sur les doigts, les poignets, les avant-bras, les jambes et autour de la taille. "Si les plaies qui résultent du grattage ne sont pas soignées correctement, il existe un risque de surinfections bactériennes secondaires ainsi que de développement d’eczéma", précisent les deux scientifiques dans l’article de The Conversation.
Transmission, comment l'attrape t-on ?
Selon l’Organisation mondiale de la santé, 200 millions de personnes dans le monde souffrent de cette maladie, et tous les continents sont touchés. Cependant, en France, une recrudescence est observée ces dernières années. "Les taux d’infection semblent avoir augmenté considérablement depuis la période post-Covid, avec des épidémies notables dans les universités et les établissements de soins, où les contacts peau à peau prolongés et la promiscuité favorisent sa propagation. Soulignons que cette affection n’est pas liée à un manque d’hygiène", expliquent Sandrine Capizzi et Maxime Beaucourt.
Le diagnostic de la gale repose sur la reconnaissance clinique des lésions. Il existe également des techniques d’imagerie visuelle, mais elles sont rarement utilisées sur le terrain. "La raison en est que le test d’observation microscopique requiert l’intervention d’un dermatologue ou d’un expert, ce qui peut s’avérer difficile à organiser", expliquent les deux spécialistes.
Les traitements pour lutter contre la maladie
Les médecins préfèrent instaurer directement un traitement médicamenteux. Il existe trois options thérapeutiques : un médicament oral et deux applications cutanées sous forme de crème. "Les trois molécules utilisées ont toutes une action sur le système nerveux des parasites, les paralysant et conduisant à leur mort rapide", affirment les professeurs. Les démangeaisons s’aggravent souvent pendant une à deux semaines après le début du traitement.
Le traitement oral à base d’ivermectine se présente sous forme de comprimés, dont le dosage est ajusté en fonction du poids de la personne. Pour les deux traitements locaux, l'un est composé de benzoate de benzyle et doit s'appliquer en deux couches à 15 minutes d’intervalle. Pour les femmes enceintes, une seule couche suffit. Quant au second, à base de perméthrine, il doit respecter un temps de contact d’au moins huit heures. "Quel que soit le traitement, des démangeaisons peuvent persister plusieurs jours après la fin du traitement. Cela est dû à la présence des parasites morts encore présents au niveau de la peau", préviennent les scientifiques.
Prévention : comment traiter l’environnement
Mais le traitement ne s’arrête pas là. La maladie étant extrêmement contagieuse, une désinfection de l'environnement est nécessaire. "Le lendemain du traitement, il est important de décontaminer la literie, les draps, les jouets, les tapis, les serviettes. Pour cela, plusieurs options sont possibles : les placer dans un sac plastique bien fermé pendant trois jours (l’acarien ne peut pas survivre à température ambiante), les enfermer trois heures durant dans un sac bien fermé en ajoutant un acaricide, les laver en machine à 60 °C", expliquent-ils dans The Conversation.
Il est également recommandé de nettoyer et de passer l’aspirateur dans les pièces après le traitement d’une personne infestée, en particulier pour les personnes atteintes de la forme croûteuse de la gale.
La gale se transmet d’un être humain à l’autre par contact cutané direct avec un individu infesté. Le risque de transmission est proportionnel au degré d’infestation et à la fréquence des contacts. Les médecins prennent en compte trois cercles de contamination :
- Le premier comprend les personnes en contact direct, l'entourrage proche comme les enfants et le conjoint.
- Le second regroupe les personnes de l’environnement proche, mais sans contact direct.
- Le troisième concerne les individus ayant des contacts occasionnels.
"L’isolement du patient peut être envisagé afin de limiter la propagation. C’est en particulier le cas dans les collectivités (garderies, maisons de retraite, écoles…)."