Ce patient était loin de se douter ce qui se tramait derrière ses maux de tête ! Résident à Austin (Texas), cet homme, nommé Gerardo par les médias américains, souffrait de céphalées et vomissements depuis plusieurs mois. Lorsqu’il se rend au Dell Medical Center (Hôpital Universitaire du Texas) et réalise un scanner cérébral, les médecins lui annoncent un diagnostic horrifiant : un ténia, appelé communément ver solitaire, grandissait dans son cerveau depuis une décennie !
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Cancer du sein : les 20 départements les plus touchésAppelé ténia par les médecins, le ver solitaire colonise le corps via des aliments contaminés. Il peut mesurer jusqu’à 20 mètres de long, vivre 10 ans au sein de l’organisme et engager dans certains cas le pronostic vital du patient.
Ce parasite intestinal prend ses quartiers dans le corps d’un être humain et évolue en se nourrissant de ses ressources. "A l’aspect d’une petite larve blanche, il se développe grâce à certains aliments, contaminés par une bactérie", explique Raphaël Gruman, nutritionniste et auteur de La Méthode Gruman (éd. Quotidien Malin ), interviewé sur le sujet par Medisite le 17 juin 2019. Une fois le produit contaminé ingéré, le ver colonise le côlon et y grandit en se nourrissant des nutriments. Ce dernier se fixe dans l’intestin grâce aux ventouses qui se trouvent sur sa tête.
Si ce phénomène n’est pas si rare (65 000 cas annuels en France selon les chiffres de l’Anses), le cas de Gerardo est presque unique : la probabilité qu’un ver solitaire atteigne le cerveau est quasi nulle. Son histoire a d’ailleurs été partagée par le Dell Medical Center.
Une masse d’environ 4 cm située près du tronc cérébral
Les premiers symptômes se sont manifestés il y a plus d’un an pour ce patient du Texas. Gerardo s’était évanoui durant un match de football. Depuis, ce dernier endurait des maux de tête intenses et vomissements. Les symptômes ont persisté pendant plusieurs mois.
"C’était très intense, ça me faisait transpirer et je vomissais de douleur", décrit Gerardo à CBS21, une chaîne de télévision américaine.
Il se décide finalement à consulter le Dr Jordan Amadio, neurologue au Dell Medical Center. Un scanner cérébral révèle alors une masse, située près du tronc cérébral, d’environ 4 cm de long. Des tests complémentaires ont rapidement exclu la tumeur. Au lieu de cela, le médecin découvre avec stupeur qu’il s’agit en fait d’un ténia "assez gros", logé dans le cerveau. Lorsque le parasite infecte le système nerveux central, on parle alors de neurocysticercose.
Il aurait mangé du porc insuffisamment cuit…
D’après les déclarations du médecin, le parasite était un Taenia Solium, une espèce de ténia qui infecte les porcs, en y déposant des larves. Si le produit n’est pas suffisamment cuit, les larves ne seront pas éliminées et ingérées par les humains. Ces larves se déplacent ensuite au sein du corps, et dans de très rares cas, peuvent atteindre le cerveau.
"Cela peut passer inaperçu pendant des années, déclare le Dr Amadio. Vous pouvez donc manger par accident un œuf microscopique de la larve de ténia et l’ignorer pendant des années. Ils peuvent se développer à l'intérieur du corps sans provoquer de symptômes, jusqu'à ce qu'ils deviennent assez gros."
Gerardo évoque un voyage au Mexique, il y a plus de 10 ans, durant lequel il aurait mangé du porc insuffisamment cuit. Cet épisode aurait pu lui être fatal. Heureusement, les médecins lui ont retiré le parasite à temps.
Photo : Cycle de vie du Taenia solium
Crédit : http://www.dpd.cdc.gov/DPDx/HTML/ImageLibrary/ Cysticercosis.GIF centre de contrôle des maladies.gov - CC - Licence : domaine public
Ver solitaire : quels sont les aliments les plus souvent contaminés ?
Toute personne est susceptible de contracter le ver solitaire : les jeunes enfants, comme les adultes ainsi que les personnes âgées. "A priori, aucune conséquence mortelle n’a été observée dans le cas du ver solitaire, témoigne Raphaël Gruman. En revanche, certaines personnes ne sont pas à l’abri de complications, et particulièrement si le ténia n’est pas traité".
Le ver compromet considérablement l'immunité de sa victime et peut endommager les poumons, les sinus ou encore le cerveau. D'où l'intérêt de connaître les aliments à risque.
Les viandes bovines et porcines sont des aliments à risque
Certaines viandes comme la viande de bœuf ou de porc ont tendance à être contaminées par le ténia. D’où l’importance de bien cuire la viande : la bactérie est alors détruite par la chaleur.
L’embryon du ver va se loger dans les muscles des bœufs et des porcs formant un petit kyste que l’homme avale avec la viande, sans s’en apercevoir. Si celle-ci n’est pas assez cuite, l’embryon, resté vivant, se développe dans le tube digestif.
Pour éviter de croiser la route de ce parasite, il vaut mieux éviter la viande crue surotut celle qui vous semble douteuse. Si vous avez un doute sur la qualité de la viande, surtout si vous mangez à l’extérieur, mieux vaut vous abstenir. En outre, les viandes hachées sont particulièrement à risque.
Ver solitaire : les sushis, aussi à risque
On trouve aussi le parasite dans les sushis, même si ce n’est pas exactement le même ver. S’il convient de bien cuire la viande pour éviter le développement du ténia, il en sera autrement pour le poisson cru. "Il faut, dans ce cas, le détruire par la congélation. Les bons restaurants de sushis, s’ils sont fiables, vont toujours congeler le poisson", explique Raphaël Gruman. Il n’y aura alors aucun risque.
Le ténia du poisson évolue dans l’eau et donne naissance à des larves qui nagent librement, avant d’être ingérées par des microcrustacés. "Ces derniers sont ensuite ingérés par des poissons, dans lesquels les larves deviennent infestantes", détaille le laboratoire pharmaceutique MSD.
Tapeworm removed from man's brain after living inside for over a decade, CBS21, 25 janvier 2020
Dell Medical Center, (Facebook), 28 janvier 220
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