L’insuffisance cardiaque touche 1,5 million de personnes en France. Elle est la première cause d’hospitalisation pour les plus de 65 ans et est à l’origine de 70 000 décès par an en France. C’est pour assurer un bon suivi que l’Assurance maladie a lancé une campagne d'accompagnement de sensibilisation pour les personnes souffrantes de cette pathologie le 17 septembre dernier à travers le témoignage de quatre patients. Quatre axes sont identifiés : bouger chaque jour, se peser régulièrement, respecter son traitement et ses rendez-vous médicaux et limiter l’apport en sel.
"C'est une maladie très grave, qu'on saurait mieux détecter si les signes d'alerte étaient mieux repérés, mais avec laquelle on peut vivre plus longtemps en bonne santé si on adopte de bons comportements, c'est l'objectif de cette campagne", a expliqué la directrice déléguée de la Cnam, Marguerite Cazeneuve, lors d'une conférence de presse.
"Si cette maladie affecte surtout les seniors, son incidence augmente à partir de 55 ans en raison de facteurs de risque tels que le diabète, le tabagisme, et l’obésité"
Une précédente campagne de prévention avait été lancée en 2021 dans le but d’optimiser le diagnostic précoce et le parcours de soin des patients insuffisants cardiaques. "La première session se concentrait sur les quatre signes à reconnaître le plus précocement possible pour un diagnostic rapide et une prise en charge optimale qui sont un essoufflement inhabituel, une prise de poids rapide, des œdèmes des pieds et des chevilles, et une fatigue excessive", précise le Dr Emmanuelle Berthelot, Cardiologue et présidente du groupe Insuffisance Cardiaque et Cardiomyopathie de la Société Française de Cardiologie.
Des vidéos de témoignages sont accessibles sur le site Ameli.fr. Des dépliants et des affiches à destination des médecins et des cabinets paramédicaux sont également disponibles pour mieux sensibiliser les patients sur leur pathologie.
Pour améliorer la pédagogie, l’Assurance maladie a également conçu des outils pratiques disponibles sur Ameli.fr pour aider les patients à adopter les bons gestes comme un test pour faire le point sur leur activité physique, une grille de relevé de poids et des signes à surveiller, un test pour évaluer les réflexes permettant un suivi efficace du traitement et une affiche repère pour limiter le sel au quotidien.
Les quatre réflexes à adopter quand nous souffrons d’insuffisance cardiaque
Un cœur fragile ne veut pas dire l’arrêt d’une activité physique bien au contraire. Pour François, insuffisant cardiaque depuis six ans, c’est la marche. "J’ai 81 ans et tenir un long effort est difficile pour moi. J’ai décidé de rejoindre un groupe de marcheurs et cela me fait du bien. L’activité est essentielle. Je bouge dans la journée, et je m’occupe de mon jardin”, exprime-t-il.
Le deuxième réflexe consiste à se peser régulièrement. Cette pathologie se traduit par l’apparition d'œdèmes et ils peuvent survenir très rapidement. Pour Dora, 76 ans diagnostiquée en 2023, le passage sur la balance est devenu une routine. "Je me pèse tous les jours le matin après mon petit-déjeuner", raconte-t-elle.
Lorsque Julie a été diagnostiqué en 2022, son quotidien de jeune maman a été totalement chamboulé. Alors âgée de 37 ans, elle décide de ne pas se laisser abattre et mise tout sur l’organisation. "Au quotidien, je m'organise avec l’aide d’un pilulier et j’ai des alertes sur ma montre et mon téléphone. J’ai également un agenda ou je note tous mes rendez-vous", souligne-t-elle.
Parce qu'une alimentation saine fait partie intégrante du traitement, cela en fait forcément le quatrième réflexe à avoir. "Pour moi, cuisiner est devenu un plaisir et j’adore ça. Pour pallier au manque de goût sans sel, il y a pleins d’astuces comme les épices et les herbes aromatiques", sourit Pascal.
Une consultation d’annonce pluridisciplinaire
En parallèle, l’assurance maladie a mis en œuvre un accompagnement pluridisciplinaire dans le but de rénover le suivi médical des patients insuffisants cardiaques. À ce titre, elle a conçu un outil pour améliorer le parcours de soin des malades.
L’étape clé étant l’annonce de la maladie, le souhait de ce programme est de renforcer la consultation d’annonce en s’inspirant de celle pour le cancer. Elle se compose en quatre étapes : la consultation d’annonce de suspicion, de confirmation, un délai d’accompagnement par un soignant et une consultation récapitulative par le médecin traitant. "Après l’annonce, le patient a besoin de temps pour intégrer l’information, il va mettre en place des mécanismes de défenses que nous soignants devons prendre en compte", explique Julie Pompougnac, psychologue à l’hôpital Henri-Mondor à Créteil.
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