Les urologues français déconseillent les bandelettes urinaires TOTIstock
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L’Assurance maladie estime que l’incontinence urinaire touche plus de 2,6 millions de Français de plus de 65 ans. Si les hommes ne sont pas épargnés, les femmes sont les principales victimes de l’incontinence urinaire dite d’effort (fuites quand on porte un objet lourd, que l’on rit, que l’on saute, que l’on tousse…).

Un désagrément qui a des répercussions évidentes sur le quotidien et qui reste parfois sans solutions. La rééducation périnéale (systématiquement proposée après les acouchements mais qui peut tout à fait être suivies des années après), les mesures hygiéno-diététiques ou les injections de Botox (on vous en avait parlé ici) ne suffisent pas toujours.

“S’il y a une douleur aiguë en racine de cuisse en salle de réveil, (il faut le retirer) le TOT tout de suite.”

De nombreuses femmes cherchent alors des solutions plus définitives et se tournent vers la chirurgie. Les bandelettes urinaires (on parle plus précisément de bandelettes sous-urétrales) posées via la chirurgie et apparues sur le marché il y quelques années ont ainsi semblé être une solution novatrice et efficace aux fuites urinaires, qui gâchent la vie de millions de Françaises.

Des complications post-opératoires rares mais invalidantes

Le hic ? Les complications après cette opération sont nombreuses et souvent sans solutions, la technique pour les retirer étant peu pratiquée en France. Des centaines de femmes doivent aujourd’hui composer avec des douleurs intenses ou se rendre aux Etats-Unis pour se faire retirer le dispositif. Il y a quelqeus semaines, nous avions ainsi recueilli (ici) le témoignage d’Anne-Laure, obligée de de faire réopérer aux Etats-Unis.

Car si la pose de bandelettes sous-urétrales se révèle efficace pour stopper les fuites urinaires, les effets indésirables sévères sont rapportés. Des douleurs notamment, tellement intenses qu’elles peuvent conduire à un handicap.

Bandelettes pour fuites urinaires : une technique sûre ?

L'Association Française d’Urologie (AFU) qui a tenu la 118ème édition de son congrès annuel à Paris fin novembre 2024 est revenue sur cette problématique, les débats ont été relayés par le média Medscape.

Pour rappel, il existe plusieurs techniques de pose de bandelettes, notamment deux : les bandelettes urinaires transobturatrices (TOT) et les bandelettes rétropubiennes (TVT). Les bandelettes TOT, plus utilisées, seraient encore plus à risque de complications que les TVT, selon les urologues intervenus pendant le congrès. Ils sont dès lors nombreux à être de plus en plus frileux quant à leur utilisation mais déplorent dans le même temps les complications de la prise en charge de l’incontinence urinaire d’effort chez la femme.

L'association Française d’urologie recommande d’abandonner les TOT

Le Pr Jean-François Hermieu, urologue à l’hôpital Bichat à Paris a ainsi expliqué que la technique TOT entraine plus “de complications douloureuses en racine de cuisse, même si vous respectez bien la procédure. Ces syndromes myofasciaux sont imprévisibles et souvent très difficiles à prendre en charge, avec un retrait plus difficile que pour les TVT”. La Pre Marie Aimée Perrouin-Verbe (CHU de Nantes) remarque que le “point clé est de poser la bonne indication, d’être bien formé et surtout reconnaître rapidement les complications. S’il y a une douleur aiguë en racine de cuisse en salle de réveil, (il faut retirer) le TOT tout de suite.”

La Haute Autorité de Santé (HAS) a par ailleurs édité un manuel de bonnes pratiques concernant la pose de ce type de bandelettes et recommande d’améliorer l’information à destination des patientes.

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