Un groupe de chercheurs américains a identifié une association entre la perméabilité des intestins et le vieillissement prématuré des tissus intestinaux, mais aussi l’accélération du vieillissement biologique. Leur étude, intitulée “Distinct Intestinal Microbial Signatures Linked to Accelerated Systemic and Intestinal Biological Aging” (en français : “Les différentes signatures intestinales microbiennes associées au vieillissement accéléré systémique et intestinal”), a été publiée dans la revue scientifique Microbiome le 22 février 2024.
C’est quoi, le vieillissement biologique ?
Lorsque le corps d’une personne vieillit plus vite que la normale (par exemple, un organisme estimé à 72 ans alors qu’on n’en a que 56), on parle de vieillissement biologique accéléré. Les personnes concernées deviennent plus vulnérables aux problèmes de santé que l’on constate d’habitude chez les adultes âgés (dont l’âge chronologique est avancé). On parle ici, entre autres, de cancers, de maladies cardiovasculaires, de troubles cérébraux, d’infections graves et d'une baisse d’efficacité de la vaccination.
Une explication possible à l’accélération du vieillissement biologique est le changement du microbiome intestinal et de potentielles “fuites” des intestins dans la circulation sanguine. Les auteurs de l’étude parue dans Microbiome ont étudié la manière dont ces fuites affectent le système immunitaire et peuvent entraîner des inflammations chroniques, qui peuvent à leur tour accélérer le vieillissement.
Pour leurs travaux, les chercheurs à l’origine de cette étude, menés par le professeur associé en infectiologie Mohamed Abdel-Mohsen, ont analysé plusieurs types d’échantillons provenant de personnes infectées par le VIH. Il y a une raison à cela : vivre avec le VIH peut accélérer ou accentuer l’âge biologique.
Comprendre le vieillissement accéléré en cas de maladie chronique
Les patients infectés par le virus du VIH sont donc d’excellents modèles pour essayer de comprendre les mécanismes du vieillissement biologique accéléré chez les personnes atteintes de maladies chroniques.
Les chercheurs se sont particulièrement intéressés à des échantillons provenant du côlon, de l’iléon, des selles et du sang. Leur analyse a montré une association significative entre les perturbations du microbiome intestinal, l’accroissement de la perméabilité des intestins et l’accélération du vieillissement biologique.
Les scientifiques ont notamment observé une association entre l’accélération du vieillissement biologique et les microbiomes du côlon et de l’iléon (mais pas avec le microbiome fécal).
Comprendre le microbiome pour aider les malades à mieux vivre
Ces résultats suggèrent que la localisation du microbiome affecte de manière significative ses effets et met en évidence l’importance de l’analyse des échantillons intestinaux pour comprendre la connexion entre l’âge et le microbiome.
L’équipe du professeur Mohamed Abdel-Mohsen fait ainsi la lumière sur le rôle de certaines bactéries et de leurs dérivés en tant qu’accélérateurs du vieillissement. Ces résultats ouvrent la voie au développement de nouvelles stratégies pour atténuer les effets de ces bactéries, cela afin d’améliorer la durée de vie en bonne santé des personnes atteintes de maladies chroniques, comme celles lées aux infections chroniques.
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