Une personne sur cinq a vécu ou vivra une dépression. Trouble neuropsychiatrique le plus fréquent, elle représente aussi la première cause de suicide. En effet, 70 % des personnes qui décident de se donner la mort souffriraient d’une dépression, le plus souvent non diagnostiquée ou non traitée, selon les données de Santé Publique France.
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Insomnie : 5 fleurs de Bach qui aident à mieux dormirMais un mauvais traitement peut être tout aussi nocif que l’absence de prise en charge. La consommation d’antidépresseurs, notamment, n’est pas anodine, et ces derniers restent encore prescrits de manière trop systématique. Selon le Panorama de la Santé 2017 de l’OCDE, les Français en avalent 49,8 cachets pour 1 000 habitants, chaque jour.
“Est-ce que les antidépresseurs dépriment ?”
“Greta Thunberg a dit Écoutez la science. J’ai envie de dire la même chose aux généralistes et aux psychiatres qui prescrivent tant de médicaments, tant d’antidépresseurs, sans essayer de déterminer le type de dépression du patient et sa cause, ni envisager les différents moyens thérapeutiques à leur disposition”, déclare le Dr Patrick Lemoine, psychiatre et docteur en neurosciences, à l’occasion d’une conférence de presse organisée par le laboratoire Pileje.
Dans l’exercice de sa profession, le psychiatre essaye de limiter au maximum le recours à ces molécules chimiques. “Régulièrement, j’ai sevré des patients de tous leurs médicaments, et puis je voyais que certains guérissaient de leur dépression, juste parce que j’avais arrêté les antidépresseurs”, explique-t-il. “D’où ma réflexion : est-ce que les antidépresseurs dépriment ?”
Pour un certain nombre d’entre eux, en particulier les personnes souffrant de troubles du sommeil, le traitement ne ferait qu’aggraver leurs symptômes, puisqu’il renforce la cause même de leur dépression. “Le fait d’enlever des antidépresseurs sédatifs améliorait leurs apnées du sommeil, et comme leur dépression était secondaire à ces apnées, on les guérissait tout simplement”.
Les antidépresseurs, peu (ou pas) efficaces contre la dépression légère à modérée
Le Dr Lemoine rappelle que de nombreuses études ont montré l’inefficacité des antidépresseurs dans le traitement de la dépression légère à modérée. La dernière en date, publiée en septembre dans The Lancet Psychiatry, a montré que la sertraline (Zoloft®) ne réduisait pas plus les symptômes de la dépression que le placebo - elle serait, en revanche, plus efficace pour soigner l’anxiété.
“En réalité, chaque fois que vous regardez les études - que ce soit sur le Prozac®, l’Effexor® et d’autres comme Zoloft® - lorsqu’on est dans un registre de dépression légère à modérée, on ne trouve pas de différence avec le placebo, ou presque”, rappelle le médecin. “Deux tiers des études Prozac sont négatives, il ne faut pas l’oublier”.
Dans le cas d’une dépression sévère (mélancolie, culpabilité morbide…), en revanche, les antidépresseurs sont parfaitement indiqués, et ils ont fait leurs preuves. Une sismothérapie peut aussi s’avérer efficace. Il n’existe donc pas qu’un seul type de dépression, souligne le spécialiste. “Et chacune d’elle mérite un traitement particulier”.
La HAS confirme que le recours aux antidépresseurs doit être limité à certains cas
Une recommandation de bonne pratique, publiée par la Haute Autorité de Santé en 2017, confirme ce dernier point. “La clé de la prise en charge de la dépression est de reconnaître en amont son niveau d’intensité : légère, modérée ou sévère”, indique-t-elle dans un communiqué.
La HAS rappelle que, “quel que soit le niveau de la dépression, la prise en charge repose en premier lieu sur un soutien psychologique”. En outre, “les antidépresseurs ne doivent pas systématiquement y être associés : ils ne sont pas indiqués en cas de dépression légère, peuvent être envisagés pour les dépressions modérées et doivent en revanche être proposés d’emblée pour les dépressions sévères”.
Ce traitement doit néanmoins être suivi par un médecin, par le biais d’une consultation toutes les quatre à huit semaines, de manière à vérifier sa tolérance par le patient et son efficacité. Une fois les symptômes disparus, il doit “être poursuivi entre six et douze mois pour prévenir le risque de rechute”, avant un arrêt progressif et accompagné.
Antidépresseurs : quelles alternatives ?
Une dépression doit toujours faire l’objet d’une prise en charge psychologique, que ce soit par la consultation de son médecin traitant, d’un psychologue ou d’un psychiatre. Les thérapies cognitivo-comportementales, notamment, ont fait leur preuves. Parmi elles, l’EMDR est particulièrement indiquée lorsque la dépression fait suite à un état de stress post-traumatique.
Être à l’écoute de ses rythmes biologiques, s’exposer suffisamment à la lumière naturelle, manger sainement et pratiquer une activité physique régulière permet aussi d’agir positivement sur ses symptômes dépressifs. L'hypnose et la méditation en pleine conscience peuvent aussi aider, de même que la phytothérapie.
Millepertuis, safran et rhodiole : des plantes contre la dépression
Riche en flavonoïdes, le millepertuis serait efficace pour contrer les troubles dépressifs légers à modérés. En revanche, il est déconseillé de le combiner à des antidépresseurs, car l’interaction entre les deux peut s’avérer dangereuse.
Le safran et le rhodiole sont également indiqués. Une récente étude réalisée sur le complément alimentaire Melioran®, qui associe ces deux plantes, a montré qu’en prenant deux comprimés chaque matin, 70,7 % des patients n’avaient plus de symptômes au bout de 42 jours. Le score de la dépression a été réduit de 65 % et celui de l’anxiété, de 75 %.
Cette étude a néanmoins été réalisée sur un nombre réduit de personnes (46) et financée par le laboratoire qui commercialise le complément alimentaire. Des travaux complémentaires semblent donc nécessaires pour confirmer ces résultats.
© HAS
Merci au Dr Patrick Lemoine, invité par le laboratoire Pileje.
Problèmes de repérage, mauvais usage des antidépresseurs : la dépression doit être mieux identifiée et traitée de façon personnalisée, HAS, 8 novembre 2017.
Épisode dépressif caractérisé de l’adulte : prise en charge en premier recours, HAS, 8 novembre 2017.
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