Attaque de panique : comment la stopper rapidement ? Istock
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Une attaque de panique, parfois appelée “crise d’angoisse” ou “crise de spasmophilie” dans le langage courant, peut être définie comme une crise d’anxiété soudaine et très intense, qui s’accompagne de nombreux symptômes physiques et psychologiques. On peut notamment citer les palpitations, les tremblements, l’accélération du rythme cardiaque, la sensation d’étouffement, mais aussi la peur de perdre le contrôle de soi, de devenir fou, de mourir ou encore le sentiment que ce qui nous arrive n’est pas réel.

“Une attaque de panique se caractérise par sa soudaineté et l’intensité de ses symptômes”, explique Abdel Boudoukha, professeur des universités, psychologue clinicien et psychothérapeute à Nantes, membre de la Fédération Française des Psychologues et de Psychologie (FFPP). “Généralement, elle dure vingt à trente minutes”.

Autre spécificité de ce trouble : le patient n’en connaît pas la cause directe. Il y a donc une part d’irrationnel dans la peur ressentie. Il est néanmoins possible d’expliquer les attaques de panique de manière scientifique, ces dernières ayant été très étudiées. Leur compréhension passe par l’intrication de trois ensembles de facteurs : biologiques, psychologiques et sociaux.

Attaques de paniques : des facteurs biologiques, psychologiques et sociaux

“Les patients qui présentent ces attaques ont un seuil de tolérance plus faible aux changements corporels”, explique le spécialiste. Par exemple, si leur rythme cardiaque s’accélère, ils vont le remarquer beaucoup plus vite que les autres.

“Dès lors que des petits changements s’opèrent sur le plan physiologique, certaines croyances vont se mettre en place”. Le patient peut ainsi penser que si son cœur bat plus vite, ce doit être grave. Il finit par se focaliser sur ce signe physique et ses implications potentielles, ce qui augmente les risques que survienne une attaque de panique.

En outre, le milieu social du patient peut aussi favoriser ces crises d’angoisse, en particulier les exemples parentaux. “Si l’on a vécu dans un milieu anxieux, on est plus à même de l’être soi-même. On peut baigner dans du stress chronique sans s’en rendre compte”.

Attaques de panique chroniques : le “trouble panique”

Attaque de panique : comment la stopper rapidement ? © Istock

Ces angoisses récurrentes peuvent s’avérer très handicapantes pour les patients. “On observe une limitation progressive des mouvements et de l’épanouissement, par crainte que les crises ne se reproduisent”. Par peur d’avoir une attaque de panique en voiture ou en réunion, par exemple, la personne peut éviter de prendre le volant, ou de parler en public. Cette crainte constante va aussi, paradoxalement, participer à l'occurrence des crises.

Lorsque l’anxiété devient permanente, notamment en raison de cette anticipation constante, le problème peut se transformer en “trouble panique”. “Les attaques de panique se chronicisent, et peuvent survenir de manière quotidienne”, indique le psychologue.

Attaques de panique : la prise en charge thérapeutique

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Avant de commencer tout travail thérapeutique, le patient doit avoir compris ses symptômes et leur cause, avertit le Pr. Boudoukha. Dans le cas contraire, il doit d’abord travailler dessus, grâce à la psychoéducation. “On peut les orienter vers des ouvrages, qui permettent de comprendre ces problèmes et de les mettre à distance”.

Ensuite, la psychothérapie - en tant que telle - peut commencer. “Au fil des séances, on apprend au patient à gérer ses symptômes grâce à des exercices pratiques. Par exemple, on peut le faire respirer dans une paille pour lui apprendre à gérer sa sensation d’étouffement, et l’amener à comprendre qu’avoir du mal à respirer ne veut pas forcément dire qu’il va mourir”.

Car non, on ne peut pas mourir d'une attaque de panique. Le patient peut avoir la sensation qu'il va mourir, mais c'est une fausse alarme, une croyance de son psychisme.

La thérapie consiste donc également en un travail de déconstruction des croyances, très important. In fine, le patient va se libérer de l’idée selon laquelle s’il a déjà fait une attaque de panique, celle-ci va forcément se reproduire.

“Si le psychologue est formé à la prise en charge des attaques de panique, la thérapie dure généralement moins d’un an, voire moins de six mois si les séances sont à un rythme hebdomadaire”. Il s’agit généralement des psychologues spécialisés dans les thérapies cognitives et comportementales, et dans les troubles anxieux.

Médicaments anxiolytiques : un complément utile mais pas suffisant

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En cas d’attaques de panique fréquentes, des médicaments sont parfois prescrits. Mais s’ils permettent d’atténuer les symptômes, ils ne soignent pas le cœur du problème. “Les anxiolytiques permettent une diminution de la symptomatologie, mais s’ils s’en tiennent à ce seul traitement, les patients n’apprennent pas à gérer véritablement leurs attaques de panique”, indique le psychologue.

Pour une meilleure efficacité, les comprimés doivent être prescrits en complément d’une thérapie. “Souvent, le patient va prendre des médicaments au départ, puis les diminuer ou les stopper au fil des séances”. Les anxiolytiques ne devant généralement être pris qu’au moment des crises, il est plus facile de les arrêter que s’il s’agissait d’un traitement quotidien, précise l’expert.

Actuellement, une expérimentation est en place dans quatre départements, où la prise en charge de soins psychologiques est remboursée pour tous les troubles considérés comme légers à modérés - ce qui inclut les attaques de panique. La psychothérapie doit avoir été prescrite par un médecin généraliste, et approuvée par l’assurance maladie (Cnam). Les départements concernés sont la Haute-Garonne, les Bouches-du-Rhône, le Morbihan et les Landes.

Respiration et relaxation : des techniques à adopter au quotidien

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Pour calmer une crise d’angoisse, ou éviter qu’elle ne se déclare, les méthodes douces peuvent aider. Pendant les séances de psychothérapie, le patient va notamment apprendre plusieurs techniques de respiration dans ce but, telles que le contrôle respiratoire ou encore l’hyperventilation volontaire. “La relaxation et la sophrologie ont aussi montré leur efficacité, lorsqu’elles sont pratiquées en complément d’une thérapie”, ajoute le Pr. Boudoukha.

Le psychologue donne deux astuces pour affronter une attaque de panique. D’abord, on se rappelle qu’on est en sécurité. Ce n’est pas parce que certains changements physiologiques se font sentir que c’est nécessairement grave : il faut diminuer le catastrophisme. Ensuite, on pratique une respiration abdominale. On inspire doucement en gonflant le ventre, on bloque l’air dans ses poumons quelques secondes, puis on expire lentement.

“Il faut agir précocement, et ne pas attendre d’avoir développé beaucoup de symptômes”, précise le spécialiste. Dès qu’on commence à se sentir mal, on agit pour éviter que la crise atteigne son paroxysme. D’ailleurs, l’expert insiste sur l’importance de la prévention. L’apprentissage de la relaxation doit être utile au quotidien, pour limiter l’occurrence des attaques.

Prévenir les attaques de panique : détente et organisation

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La prévention est justement un des rôles du thérapeute, afin que le patient ne devienne pas dépendant de lui. Le psychologue doit “doter le patient de moyens pour qu’il soit en capacité de gérer les moments difficiles ou stressants de sa vie, qu’il puisse réguler ses émotions”, souligne le Pr. Boudoukha.

Pour éviter d’être confronté à de nouvelles crises d’angoisse dans le futur, il faut apprendre à s’organiser, de manière à éviter le stress. Autre point important : conserver des moments de détente et prendre soin de soi. “La rentrée, notamment, est une période favorable aux attaques de panique”, prévient l’expert. “Il faut penser à s’aménager des moments agréables au quotidien”.

Sources

Merci au Pr. Abdel Boudoukha, psychologue clinicien et psychothérapeute. 

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