- 1 - Abstinence sexuelle : un risque de cancer et de maladies chroniques ?
- 2 - Le manque de sexe accroît le stress et les pathologies cardiovasculaires
- 3 - L’abstinence provoque une baisse de libido et des problèmes d’impuissance
- 4 - La baisse de désir peut diminuer la confiance en soi et impacter le couple
- 5 - Conseils pratiques : comment relancer sa libido ?
L’abstinence sexuelle se définit comme l’absence de rapport sexuel, partielle ou totale - c’est-à-dire qu’elle peut se limiter au coït, ou inclure la masturbation. Pour le Dr Sylvain Mimoun, gynécologue et auteur des livres L’égoïsme partagé ! et Restons fermes ! (éd. Eyrolles), “l’abstinence n’a de sens qu’entre deux personnes”.
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Quand l'abstinence s'installe...En effet, il est possible de trouver que son conjoint est trop abstinent, tandis que cette même fréquence ne poserait pas de problème à un autre individu. “Si la personne abstinente sent qu’il y a du manque, cela devient de plus en plus gênant”. Mais au-delà des conséquences possibles sur le couple - point sur lequel nous reviendrons plus loin - l’absence de relations sexuelles peut aussi avoir un impact sur la santé.
Abstinence sexuelle : un risque de cancer et de maladies chroniques ?
Ainsi, une récente étude britannique, menée sur plus de 5 700 sujets, vient de montrer un lien entre une faible fréquence des coïts et les problèmes de santé. Les hommes de 50 ans et plus qui font peu l’amour auraient un risque de maladie grave plus élevé de deux tiers. Leurs chances de développer un cancer seraient accrues de 63 %, et celles d’avoir une pathologie chronique (diabète, arthrite…), de 41 %, Quant aux femmes, elles auraient 64 % plus de risques d’être en mauvaise santé, sans pour autant qu’il s’agisse d’une maladie grave.
Néanmoins, les chercheurs ne peuvent pas encore affirmer avec certitude que c’est l’absence de relations sexuelles qui engendre des maladies. La baisse progressive de libido pourrait être, en effet, le signe avant-coureur d’une pathologie déjà présente, qui n’est tout simplement pas encore diagnostiquée. Des travaux complémentaires doivent donc être effectués, afin de mieux étudier le possible lien de cause à effet.
Un lien entre la fréquence d’éjaculation et le cancer de la prostate
Par ailleurs, une étude publiée dans la revue JAMA en 2004, et qui a fait l’objet d’une mise à jour en 2016, révèle qu’une fréquence d’éjaculations élevée serait liée à une réduction du risque de cancer de la prostate. Les hommes qui éjaculent au moins vingt-et-une fois par mois verraient ainsi leurs risques diminuer de 22 %, par rapport à ceux qui ne le font que sept fois.
Une telle fréquence ne concernerait cependant que 8,8 % de la population - la moyenne étant située entre huit et douze éjaculations par mois. Selon les chercheurs, ces effets bénéfiques pourraient s’expliquer par le fait qu’évacuer régulièrement son sperme contribuerait à réduire le nombre de cellules vieillissantes - qui sont plus susceptibles de devenir cancéreuses.
Pour le gynécologue Sylvain Mimoun, “un homme qui n’éjacule plus risque d’enflammer sa prostate, ce qui explique le risque accru de cancer. L’érection prodigue une sorte de massage prostatique qui réduit l’inflammation”.
Le manque de sexe accroît le stress et les pathologies cardiovasculaires
Le sexe est un excellent anti-stress. En effet, cette pratique contribue à la production d’endorphines - aussi appelées “hormones du bien-être” - par le cerveau. Celle-ci va engendrer des effets euphorisants et relaxants. “Faire l’amour détend”, confirme le Dr Sylvain Mimoun. “Sans cette action, il y a donc plus de chances que votre niveau de stress reste élevé”.
L'abstinence peut favoriser la tension
En outre, le stress peut provoquer une élévation ponctuelle de la tension artérielle. Si cela n’est pas très grave chez une personne en bonne santé, cela est plus problématique pour celle qui souffre d’hypertension. On préconise d’ailleurs généralement aux hypertendus d’apprendre à gérer leur anxiété, afin d’éviter les pics de tension. Et si le sexe est une façon de la réduire, pourquoi s’en priver ?
D’autant plus lorsqu’on sait que l’hypertension est un facteur de risque de nombreuses maladies graves. Lorsqu’elle n’est pas contrôlée, elle constitue “l’une des principales causes de complications cardiovasculaires, cérébrovasculaires ou neurodégénératives (infarctus du myocarde, AVC, maladie d’Alzheimer…)”, peut-on lire sur le site de l’Inserm.
L’abstinence provoque une baisse de libido et des problèmes d’impuissance
“Le corps a tendance à s’adapter à ce qu’on lui donne”, explique le Dr Mimoun. “Si on commence à espacer les rapports, voire à être abstinent, on finit par ne plus avoir besoin de faire l’amour”. Le gynécologue compare cet effet à un régime : lorsqu’on réduit ses apports en nourriture, le corps finit par s’habituer et ne plus avoir faim.
L’abstinence peut donc être au coeur d’un cercle vicieux. Une petite baisse de désir entraîne l’espacement des relations sexuelles, qui lui-même diminue encore plus la libido. La conséquence est plutôt logique : “pour ne pas avoir de baisse de désir, il ne faut pas arrêter de faire l’amour”. A condition qu’il s’agisse de rapports intimes harmonieux, sans soucis de performance, précise le spécialiste. Ce dernier parle d’égoïsme partagé : un bon rapport doit prendre en compte le plaisir de son partenaire, mais aussi son propre plaisir.
L’abstinence peut entraîner une dysfonction érectile
Par ailleurs, une étude finlandaise publiée en juillet 2008 dans The American Journal of Medicine, montre qu’avoir des relations sexuelles régulières protège contre la dysfonction érectile. Les chercheurs ont analysé 989 hommes âgés de 55 à 75 ans, n’ayant pas de problème d’érection au début des travaux. Deux questionnaires leur ont été administrés, à cinq ans d’intervalle.
Au vu des résultats, il semble que plus la fréquence des rapports sexuels est élevée, plus le risque de connaître des troubles érectiles est faible. En effet, les hommes qui ont déclaré avoir moins d’une relation par semaine étaient deux fois plus nombreux à rencontrer ce problème que ceux qui avaient au moins un rapport hebdomadaire.
“L’érection n’est pas qu’un signe d’excitation sexuelle”, précise le Dr Mimoun. “Si un homme ‘fonctionne bien’, dès qu’il est excité, il a effectivement une érection. Mais s’il n’y a pas assez de rapports, ce signe de bonne santé sexuelle peut diminuer progressivement”. Peu à peu, le désir diminue également. “Un homme qui n’a plus d’érection dit souvent qu’il n’a plus envie”, ajoute le gynécologue.
Heureusement, il existe des solutions. “Si on aide le patient à retrouver une érection - même par le biais de médicaments comme le Viagra® - ce dernier va se sentir, à la longue, plus désirant : son organe sexuel réagit et lui rappelle son existence. Cela va donc l’inciter à reprendre une vie sexuelle et, dans certains cas, cela permet de relancer aussi la libido de sa femme, si elle s’était éteinte”.
La baisse de désir peut diminuer la confiance en soi et impacter le couple
Si le manque de confiance en soi et les complexes peuvent nuire à la libido, l’inverse est aussi vrai : à long terme, l’abstinence peut impacter négativement l’estime de soi. D’une part, faire l’amour nous aide à nous sentir désirable. Ne plus avoir de relations intimes peut donc fragiliser cette confiance. D’autre part, les endorphines produites pendant les rapports intimes jouent, là encore, un rôle. Lorsqu’elles viennent à manquer, le bien-être global diminue.
Dans certains cas, l’abstinence pourrait aussi affaiblir le système immunitaire. “Si quelqu’un est heureux de la façon dont il vit sa sexualité, il se sent généralement mieux dans sa peau et a donc de meilleures défenses immunitaires”, explique le gynécologue.
Mais l’absence de libido ne nuit pas qu’à notre seul bien-être. C’est parfois tout le couple qui s’en retrouve touché. “Un couple qui ne fait plus l’amour a plus de mal à survivre”, explique le Dr Mimoun. Selon lui, deux options s’offrent alors aux personnes concernées : trouver d’autres alternatives pour nourrir sa relation (restos, sorties…), ou tenter de retrouver une bonne complicité sexuelle.
Conseils pratiques : comment relancer sa libido ?
Tout d’abord, Sylvain Mimoun rappelle qu’on ne fonctionne pas pareil à 20 ans et à 70 ans. Selon lui, la cause la plus fréquente d’une baisse de désir est hormonale. “Une diminution de la testostérone chez l’homme entraîne une perte d’appétit sexuel. Tandis que chez la femme, on constate souvent une baisse de l’envie lors de la ménopause, due à la chute du taux d’oestrogènes”.
D’après l’expert, “si on s’adapte à chaque étape de sa vie, et qu’on continue à faire l’amour au rythme qui nous convient, il n’y aura pas de problème”. Pour ne pas avoir de baisse de désir, il ne faudrait donc pas arrêter les pratiques intimes. Bien sûr, si la baisse de libido est due à un traumatisme, une maladie ou un traitement, il faudra traiter le problème au cas par cas.
Viagra®, Libicare®… les médicaments peuvent donner un coup de pouce
Rassurez-vous, la baisse de désir n’est pas une fatalité. Pour le gynécologue, prendre des médicaments pour faciliter l’érection peut être un coup de pouce pour relancer le désir, lorsqu’il y a un dysfonctionnement érectile. “C’est comme une béquille pour réapprendre à marcher”. Progressivement, le patient n’aura plus besoin de cette pilule.
“Pour les femmes aussi, il existe des comprimés qui peuvent, petit à petit, stimuler la fonction sexuelle féminine”. Le Libicare® est un complément alimentaire à base d’ingrédients naturels, qui a notamment pour effet d’intensifier l’excitation. “L’utilisation de médicaments pour booster son désir est simplement moins répandue chez la femme que chez l’homme”, constate Sylvain Mimoun.
Briser la routine peut aider à relancer la libido
De nombreuses astuces aident aussi à relancer la complicité sexuelle dans le couple : massages érotiques, jeux de rôle, accessoires coquins, caresses intimes… briser la routine est véritablement efficace. Mais prendre du temps pour soi, apprendre à se reposer peut aussi aider, dans la mesure où la fatigue est peu propice à l’épanouissement sexuel.
Si malgré tout nos efforts, on ne parvient pas à relancer le désir, il ne faut pas hésiter à aller consulter un sexologue ou un thérapeute de couple. Le Dr Mimoun rappelle que dans le domaine sexuel, il peut y avoir beaucoup de difficultés mais que, heureusement, la majorité d’entre elles ont une solution. Dans tous les cas, il ne faut pas accuser l’autre, mais essayer de trouver ces solutions ensemble.
Ejaculation frequency and subsequent risk of prostate cancer, JAMA, 2004.
Ejaculation Frequency and Risk of Prostate Cancer: Updated Results with an Additional Decade of Follow-up, European Urology, 2016.
Regular Intercourse Protects Against Erectile Dysfunction: Tampere Aging Male Urologic Study, The American Journal of Medicine, juillet 2008.
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