La pandémie de Covid-19 a emporté 128 000 personnes au Royaume-Uni, le plus lourd tribut d’un pays d’Europe. Débordés par les vagues successives de l’épidémie, les médecins britanniques seraient 21 % à vouloir mettre fin à leur carrière, selon un sondage de la British Medical Association (BMA).

Des professionnels de santé au bord du burn out

Le stress et la fatigue, aussi bien physique qu’émotionnelle, pourraient pousser un quart des médecins britanniques à interrompre momentanément leur carrière, selon ce rapport.

Interrogé par le quotidien londonien Evening Standard, le Dr Chaand Nagpaul, président du conseil de la British Medical Association (BMA), a jugé que la situation était "profondément préoccupante". D’après lui, cela aurait pour conséquence d’entraîner le départ de "professionnels talentueux et expérimentés dont le NHS (National Health Service, service de santé public britannique NDLR) a plus que jamais besoin pour sortir le pays d'une crise sanitaire unique en son genre".

De nombreux médecins sondés ont indiqué que leur charge de travail, y compris l'impossibilité de prendre des pauses, faisait partie des raisons pour lesquelles ils souhaitaient partir.

Peu de repos et de gros risques pris pour les médecins

Le nombre de médecins britanniques qui envisagent de partir en retraite anticipée a plus que doublé en moins d'un an. 32 % des répondants (1 352) à l'enquête d'avril envisagent de quitter le NHS avant l’âge requis (contre 14 % en juin dernier). La principale raison invoquée :pas de salle de pause ou souffler ou se retrouver entre collègues, selon 40 % des sondés.
“Une pause durant mon service consiste à me réfugier dix minutes dans mon bureau, à boire une tasse de thé, tout en répondant aux centaines de mails que je reçois, avant d’être rappelé”, pointe un médecin anonyme de l’étude.
Épuisé de finir deux heures plus tard chaque jour et de répondre à sa boite mail durant ses congés, il songe à quitter son poste.

"C'est une décision difficile à envisager, j'aime l'hôpital public, mais je sais que je ne pourrai pas maintenir ce rythme indéfiniment". Le sondage a révélé que 57 % des médecins ont déclaré ne se sentir que "partiellement" protégés de la Covid-19 au travail, a ajouté le Dr Nagpaul.

Les médecins Français aussi concernés

La situation demeure toute aussi préoccupante en France. Un autre sondage, effectué auprès de 1 025 médecins exerçant dans l’Hexagone, révèle que 49 % d’entre eux présentaient des signes de burn out, durant l’année 2020. Les chiffres sont d’ailleurs assez similaires à ceux de l’étude britannique ; ainsi, 23 % des généralistes français songeaient à quitter leur profession l’année dernière.

"La Covid n’est pas reconnue comme maladie professionnelle, sauf si nous terminons en réanimation ou si l’on meurt, alors que nous sommes les premiers exposés, parfois sans tenue adaptée” raconte Anne-Frédérique Jourdain, infirmière à l'hôpital Cochin, à Paris, interrogée par France culture. “Comment prendre autant de risques pour notre santé à nouveau lors d’une seconde vague ? Sans aucune garantie ? Sans aucune protection ? Personne ne connaît les séquelles de cette maladie".

7 milliards de livres sterling pour soutenir les hôpitaux

Au Royaume-Uni, en réaction à cette étude, un porte-parole du ministère de la Santé a déclaré : "nous soutenons notre système de soins publics avec une enveloppe de 7 milliards de livres sterling pour les services de santé et de soins cette année, ce qui porte le total de notre investissement supplémentaire contre la Covid-19 à 92 milliards de livres sterling”. Un financement qui devrait aider les professionnels du secteur.

Sources

https://www.standard.co.uk/news/uk/nhs-covid-pandemic-doctors-hospital-government-b932952.html, https://francais.medscape.com/diaporama/33000229#7

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