Selon les dernières estimations de Santé publique France, le covid long toucherait environ 2 millions de français, soit 4 % de la population adulte. Les personnes touchées conservent des symptômes du Covid-19, des semaines, des mois, voire des années après l’infection.
Très impactant au quotidien, le covid long a fait l’objet de nombreuses études. Une récente, menée par des chercheurs de l'Inserm, du CHU de Lille, de l'Université de Lille, et de l'Imperial College London a découvert que l'infection par le SARS-CoV-2 pourrait avoir des conséquences sur certains neurones régulant la reproduction sexuelle. Les résultats ont été publiés dans la revue eBioMedicine.
Le virus pénètre les neurones à GnRH
Pour cette recherche, les chercheurs ont observé les dosages hormonaux réalisés dans un groupe d’hommes (47 personnes), trois mois et un an après l’infection au Covid-19. Ces dosages sont effectués grâce à une prise de sang et permettent de surveiller le fonctionnement de certains organes. Les données prises en compte par l'étude étaient les suivantes :
- La testostérone ;
- Et l’hormone lutéinisante (LH), hormone associée à la production de testostérone chez l’homme.
En observant cela, les scientifiques ont constaté que : "le contact avec le virus pouvait altérer les fonctions des neurones à GnRH, entraînant une chute du taux de testostérone chez certains patients quelques temps après l’épisode infectieux". En effet, les neurones à GnRH ( gonadotropin-releasing hormone), ont un rôle important dans la reproduction, que ce soit chez les hommes ou les femmes. "Ces neurones contrôlent depuis l’hypothalamus tous les processus associés aux fonctions reproductrices : la puberté, l’acquisition des caractères sexuels secondaires et la fertilité à l’âge adulte", détaille l’Inserm. Une diminution de ces hormones sur le long terme pourrait donc avoir de nombreuses conséquences.
Anomalies hormonales : elles sont liées au déficit cognitif
Une fois qu’ils ont observé une chute des taux de testostérone chez les volontaires après l’infection au virus, les scientifiques ont voulu vérifier si l’infection des neurones à GnRH et les anomalies hormonales pouvaient être liées à des déficits cognitifs. Pour cela, ils ont répertorié les différents symptômes cognitifs rapportés par les patients de la cohorte, trois mois et un an après l’infection.
"La proportion de patients signalant des troubles de la mémoire ou de l’attention, quelle que soit leur fréquence ou leur gravité, mais aussi des difficultés de concentration, avait tendance à être légèrement plus élevée chez les patients qui présentaient des dosages hormonaux anormaux, caractérisés par une baisse du taux de testostérone", détaille l’Inserm. Cela montre bien le lien entre les déficits cognitifs et les anomalies hormonales. Ainsi, en plus de diminuer la fertilité, la diminution des neurones à GnRH pourrait impacter les capacités cérébrales.
Neurones à GnRH : la mort d’une partie d’entre elles inquiète les chercheurs
Pour finir de compléter leurs analyses, les chercheurs ont étudié le cortex de patients décédés des suites de la Covid-19. Ils ont identifié la présence du virus au niveau de l’hypothalamus et ont constaté la mort d’une partie de la population de neurones à GnRH. Les scientifiques estiment que ces résultats sont inquiétants, compte tenu des rôles de ces neurones qui viennent d’être démontré sur :
- la reproduction (production de testostérone) ;
- certaines fonctions cognitives.
Selon eux, cela doit encourager à optimiser et généraliser le suivi médical des personnes atteintes de covid long. "Bien qu’il s’agisse de mesures effectuées sur un petit échantillon de patients et uniquement masculins, ces résultats sont très intéressants et mériteraient d’être approfondis dans le cadre d’autres études menées à plus grande échelle", conclut Waljit Dhillo, professeur à l’Imperial College London, et auteur de l’étude.
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