Si la vaccination contre le Covid-19 et les gestes barrières sont souvent évoqués dans la presse, c’est moins le cas des traitements. Pourtant, les options thérapeutiques antivirales se sont diversifiées depuis le début de la pandémie, comme le rappel le Conseil scientifique dans son avis du 19 janvier 2022.
Covid-19 : dans quels cas sont utilisés les traitements ?
En complément des gestes barrières et des vaccins, “ces traitements antiviraux constituent une arme de plus dans l’arsenal des interventions que nous avons à notre disposition pour lutter contre le Covid-19”, précise le texte. Ces derniers ont deux fonctions principales :
- prévenir la survenue de la maladie chez les patients qui ne répondent pas (ou peu) au schéma vaccinal complet ;
- éviter la progression de la maladie chez les personnes déjà infectées par le virus et à risque de forme grave.
À ce jour, il existe deux formes de traitements contre le coronavirus : les anticorps monoclonaux et les antiviraux directs. D’après le Conseil Scientifique, leur utilisation doit systématiquement être discutée dans les trois cas de figure suivants :
- En traitement pré-exposition, c’est-à-dire avant même d’être exposé au virus, pour tous les patients ayant une pathologie de l’immunité, néoplasique, ou des traitements immunosuppresseurs et qui ne répondent pas (ou trop faiblement) au schéma vaccinal complet.
- En traitement post-exposition, pour toute personne ayant au moins un facteur de risque de forme grave et un test virologique négatif, mais qui est cas contact d’une personne positive.
- En traitement curatif “pour tout patient ayant un test virologique positif et au moins un facteur de risque d’évoluer vers un Covid-19 sévère”.
Quels sont précisément ces médicaments autorisés sur le marché français, et sont-ils toujours efficaces contre le variant Omicron ? C’est ce que nous allons voir ci-après…
Les anticorps monoclonaux disponibles en France
À ce jour, nous disposons de trois types de traitements par anticorps monoclonaux sur le marché français. Très efficaces sur les précédentes souches du coronavirus, ils semblent l’être un peu moins face au variant Omicron, dont les mutations lui ont permis de développer une résistance partielle ou totale à l’activité neutralisante de ces molécules. C’est la raison pour laquelle, depuis l’émergence de cette souche, aucune de ces molécules n’est indiquée dans le traitement de prophylaxie (prévention, ndlr) post-exposition.
Evusheld
Le médicament Evusheld, développé par le laboratoire AstraZeneca, est une combinaison des substances actives tixagévimab et cilgavimab. Sur les recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS), il est autorisé en accès précoce depuis le 9 décembre 2021, uniquement en prophylaxie pré-exposition de la Covid-19 chez les patients adultes de 18 ans et plus.
Dans ce contexte, il peut être administré aux personnes à très haut risque de forme sévère, qui ne répondent pas suffisamment au schéma vaccinal complet ou qui ne sont pas éligibles à la vaccination. Les premières observations effectuées à ce sujet ont permis de constater que ce traitement conserve une activité neutralisante partielle contre le variant Omicron.
Xevudy®
Ce médicament est élaboré à base de sotrovimab, un anticorps monoclonal produit dans des cellules ovariennes de hamster chinois, par la technologie de l'ADN recombinant. Il a été mis au point par les entreprises pharmaceutiques Vir Biotechnology et GSK. “Son activité neutralisante de sotrovimab est conservée sur le variant Omicron, bien que diminuée”, précise le Conseil Scientifique.
En France, il est autorisé en accès précoce depuis le 6 janvier 2022, pour le “traitement des adultes et des adolescents âgés de 12 ans et plus et pesant au moins 40 kg”, atteints du Covid-19, “qui ne nécessitent pas de supplémentation en oxygène” et qui risquent d’évoluer vers une forme sévère, selon la HAS. Néanmoins, il n’est pas encore disponible sur notre marché.
Ronapreve
Le Ronapreve est une combinaison des principes actifs casirivimab et imdevimab. On le connaît aussi sous l’appellation REGEN-COV. Cette bithérapie est autorisée en accès précoce depuis le 6 août 2021, chez les patients immunodéprimés qui ne sont pas protégés malgré une vaccination complète.
Jusqu’à maintenant, elle pouvait être employée aussi bien en prophylaxie (c’est-à-dire en prévention) qu’en curatif. Néanmoins, son inefficacité a été démontrée contre le variant Omicron. Ce dernier étant, pour l’instant, majoritaire sur le territoire français, le Conseil Scientifique recommande de ne plus l’utiliser en prophylaxie pré-exposition.
“En traitement post-exposition et en curatif, il peut être utilisé uniquement après criblage pour écarter un variant Omicron, ce qui diminue de manière importante son intérêt et son utilisation actuellement”, précise l’avis du 19 janvier.
Covid-19 : ces traitements sont encore peu utilisés
Malgré l’autorisation en accès précoce de trois traitements par anticorps monoclonaux sur le marché français, “il existe encore des freins” quant à leur utilisation, décrypte le Conseil Scientifique. D’une part, pour des raisons logistiques (notamment leur disponibilité). D’autre part, car certains médecins prescripteurs émettent des doutes quant à l’intérêt des anticorps monoclonaux dans le traitement du coronavirus.
“Si des efforts ont été réalisés pour lever un certain nombre d’obstacles avec, notamment, la disponibilité de Evusheld en ambulatoire, en pratique le circuit de prescription de ces traitements doit être amélioré. Il est important que les professionnels des soins de santé primaire s’emparent de cet outil thérapeutique”, insiste l’organisation consultative dans son avis.
Les antiviraux à action directe, bientôt disponibles
Un traitement antiviral développé par les laboratoires Pfizer montre de premiers résultats très prometteurs. Baptisé Paxlovid, il réduit de 89 % les risques d’hospitalisation et de décès s’il est administré dans les trois jours suivant l’apparition des symptômes, chez les patients à risque de forme grave. Ces résultats doivent néanmoins être confirmés par des publications scientifiques.
Paxlovid : un espoir face au variant Omicron
Concrètement, le traitement Paxlovid est composé de deux substances actives, dans deux comprimés à prendre simultanément. La première bloque la réplication du virus, tandis que la seconde lui permet de rester active plus longtemps dans l’organisme. Il s’agit d’un traitement court, qui doit être pris deux fois par jour, pendant cinq jours.
Des expériences menées in vitro ont montré une efficacité maintenue face au variant Omicron. “ En l’absence d’anticorps monoclonaux efficaces dans cette indication, le Paxlovid pourrait être le seul traitement disponible pour prévenir l’évolution vers une forme grave chez les patients à risque infectés”, précise le Conseil Scientifique. Il devrait être disponible sur le marché français à partir de fin février 2022.
Seul bémol : s’il présente des contre-indications liées à des interactions médicamenteuses, cela peut rendre son emploi difficile chez les patients polymédicamentés ou poly-pathologiques.
Veklury® : efficace chez les patients non-oxygénorequérant
En parallèle, le Veklury®, dont le principe actif est le remdesivir, vient d’obtenir une extension d’indication chez les patients qui ne nécessitent pas de supplémentation en oxygène, à l’échelle européenne. Il peut être administré par voie intraveineuse, une fois par jour, pendant trois jours.
Cette décision fait suite “aux résultats d’un essai thérapeutique qui montre une efficacité de 87 % de ce traitement en ambulatoire dans la prévention du risque d’hospitalisation dans les 28 jours, s’il est administré précocement après l’apparition des symptômes, chez les patients à risque de forme grave”, souligne le Conseil Scientifique. Il serait, lui aussi, efficace contre le variant Omicron. En revanche, il n’a aucune utilité chez les patients qui ont besoin d'une ventilation artificielle.
https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/avis_conseil_scientifique_19_janvier_2022_modifie_20_janvier_2022.pdf
https://www.has-sante.fr/jcms/p_3308138/fr/xevudy-sotrovimab
https://www.has-sante.fr/jcms/p_3304034/fr/evusheld-tixagevimab/cilgavimab
https://www.has-sante.fr/jcms/p_3281999/fr/covid-19-autorisation-d-acces-precoce-accordee-a-un-traitement-prophylactique
https://www.ema.europa.eu/en/documents/product-information/xevudy-epar-product-information_fr.pdf
https://ansm.sante.fr/actualites/traitements-par-anticorps-monoclonaux-actuellement-disponibles-contre-la-covid-19-et-utilisation-selon-les-variants
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