Covid-19 : les traitements anti-androgènes auraient des effets protecteurs, révèle une étudeIstock

Il y a quelques jours, nous vous parlions de la "chimioprophylaxie" : la prise de traitements préventifs pour lutter contre le coronavirus. De nombreuses molécules sont actuellement à l’essai, comme l’hydroxychloroquine, le Kaletra ou encore la chlorpromazine, en attendant de trouver un vaccin sûr et efficace.

Plus insolite, des chercheurs ont récemment montré un possible effet préventif de la nicotine, qui pourrait expliquer pourquoi les fumeurs semblent moins touchés par le Covid-19. Une récente étude italienne, publiée dans la revue médicale Annals of Oncology, suggère désormais un effet préventif des traitements anti-androgènes, suivis par des patients atteints d’un cancer de la prostate.

5 fois moins de risque de développer une forme sévère de la maladie

Selon une équipe de chercheurs de l'Università della Svizzera Italiana (Bellinzona, Suisse), les hommes atteints d’un cancer de la prostate, et traités par une hormonothérapie qui abaisse leur niveau de testostérone, ont moins de risques d’être infectés par le virus SARS-CoV-2, et de développer une forme grave de la maladie.

Pour arriver à cette conclusion, les scientifiques ont analysé les données de 4 532 hommes de la région de Vénétie, en Italie, infectés par le coronavirus. Parmi eux, 9,5 % avaient un cancer et 2,6 % un cancer de la prostate. Or, on sait que le cancer constitue un facteur de risque de développer une forme grave de Covid-19.

De manière générale, les hommes atteints d’un cancer présentaient étaient 1,8 fois plus susceptibles d’être infectés que l’ensemble de la population masculine. Sans surprise, ils ont aussi développé une forme plus sévère de l’infection.

Une exception s’est toutefois dessinée. Parmi les 5 273 italiens atteints d’un cancer de la prostate dans cette région, et traités par anti-androgènes, seulement 4 ont contracté le Covid-19. Aucun d’entre eux n’est décédé.

Le professeur Andrea Alimonti, auteur principal de l’étude, précise que ces patients avaient 4 fois moins de risque de développer le Covid-19 que les hommes atteints du même cancer, mais n’ayant pas suivi de traitement anti-androgènes. Ils étaient aussi 5 fois moins susceptibles de développer une forme grave de la maladie, par rapport aux hommes atteints de tous types de cancers.

Les hommes plus à risque face au Covid-19 : le rôle des androgènes

Pour expliquer leurs observations, les chercheurs ont émis l’hypothèse que les traitements anti-androgènes pourraient protéger - au moins en partie - ces patients contre le coronavirus.

Cette étude donnerait aussi des explications sur un autre point : le fait que le virus affecte plus sévèrement les hommes que les femmes. En effet, de récents travaux ont montré que la protéine TMPRSS2 aide le virus à pénétrer et infecter les cellules humaines. Or, les androgènes présents dans la prostate, mais aussi les poumons, contrôlent les taux de cette protéine.

En abaissant le niveau d’androgènes, la thérapie hormonale pourrait donc influer sur les niveaux de protéine TMPRSS2, et donc réduire le risque d’infection sévère.

Sources

Androgen-deprivation therapies for prostate cancer and risk of infection by SARS-CoV-2: a population-based study (n=4532), Annals of Oncology, 6 avril 2020. 

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