Coronavirus : il dégagerait une odeur spécifique, détectable par les chiensIstock
Sommaire

© Istock

Depuis plusieurs années déjà, des chiens sont entraînés à détecter certaines maladies, comme le cancer, sur des humains. Désormais, leur flair pourrait s’avérer tout aussi utile dans la lutte contre le Covid-19. C’est l’objectif d’un essai dirigé par le Pr Dominique Grandjean, professeur à L'École nationale vétérinaire d’Alfort (Val-de-Marne) et chef du service vétérinaire de la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris (BSPP).

Cette étude, baptisée Nosais, est menée par l’école vétérinaire de Maison-Alfort et l’hôpital Bégin de Saint-Mandé. D’autres structures ont accepté d’y collaborer : l’Université franco-libanaise de Beyrouth, le Service d’Incendie et de Secours de la Corse-du-Sud et la brigade des pompiers de Seine-et-Marne.

“La sueur de ces patients a une odeur différente pour les chiens”

L’hypothèse de départ : certains virus ont une odeur bien spécifique, alors, pourquoi pas le SARS-CoV-2 ? Et il semble que ce soit bien le cas... "On a un marquage spécifique sur les prélèvements faits sur les patients Covid positifs. [...] C’est-à-dire qu’effectivement, la sueur de ces patients a une odeur différente pour les chiens, et donc une odeur spécifique par rapport à celle de ceux qui ne sont pas malades", explique le Pr Grandjean dans un reportage diffusé sur France 2.

Interrogé par nos confrères de 20 Minutes, le professeur précise qu’une personne contaminée par le coronavirus “va en éliminer des traces”, que l’on appelle des “catabolites”. On retrouve ces dernières dans les urines, les selles, les larmes, la salive et la sueur des patients.

Si l’instigateur de l’étude a décidé de focaliser sa recherche sur la sueur, c’est tout simplement pour des raisons sanitaires. “Dans celle-ci, il n’y a pas d’excrétion de virus, donc pas de risque de contamination”, explicite le vétérinaire. “D’autant que la sueur caractérise chaque personne, donc si l’essai fonctionne, cela peut apporter un mode de détection très fiable”.

Les chiens pompiers, dressés à reconnaître l’odeur du virus

Les vétérinaires et sapeurs-pompiers qui participent à ces travaux entraînent les chiens à reconnaître l’odeur du Covid-19. Pour cela, ils leur présentent des tampons d’ouate imprégnés de la sueur de malades, collectés en amont dans des hôpitaux.

Une fois que l’animal est familier à cette odeur, l’instructeur cynotechnique l’exerce ensuite à la différencier des autres, parmi plusieurs échantillons. Ces derniers sont placés dans des bocaux stériles puis dans une petite trappe. Si le chien s’assoit devant la bonne trappe, son maître lui envoie son jouet préféré. “Pour lui, flairer le virus devient un jeu”, indique le Pr Grandjean.

Les chiens pompiers qui participent à cet essai sont, pour la plupart, dressés à détecter des explosifs ou à retrouver des personnes disparues. Un nouveau challenge, donc, puisqu’ils doivent désormais s’exercer sur des cotons, et non “des gens dans leur entier”, comme le précise l'adjudant-chef Eric Gulli, de l’unité cynotechnique SDIS 77, interrogé par France 2.

Les chiens pourraient détecter des malades dans une foule

Les chiens pourraient détecter des malades dans une foule© Istock

Pour l’instant, cette étude n’en est qu’à ses débuts, même si elle montre de premiers résultats encourageants. Elle devra, ensuite, obtenir une validation scientifique, pour que le protocole mis au point par les vétérinaires et les pompiers puisse être adopté sur le terrain.

“Si on arrive à valider cette expérimentation, les chiens apporteront une solution complémentaire aux tests PCR et sérologiques, qui ont chacun des limites”, rapporte le Pr Grandjean, aux journalistes de 20 Minutes, faisant notamment référence au nombre encore trop important de faux négatifs.

Le flair animal, plus efficace que les tests en laboratoire ?

Les tests sérologiques, notamment, ont généralement une mauvaise sensibilité. “Certains d'entre eux ont 40 % de faux négatifs”, a même déclaré le ministre de la Santé Olivier Véran lors de sa conférence de presse du 19 avril 2020. Cela signifie qu’ils ne détectent pas la présence d’anticorps, pourtant bien présents.

Ces chiens entraînés à détecter le virus pourraient notamment “permettre un dépistage fiable et massif du coronavirus”, mais aussi identifier les malades dans des foules, notamment dans les gares ou les aéroports. Un seul animal pourrait ainsi “tester plusieurs centaines de personnes chaque jour”.

D’ici la fin du mois de mai, les experts espèrent avoir formé une centaine de chiens de gendarmes, policiers et pompiers.

D’autres maladies détectées par les chiens

D’autres maladies détectées par les chiens© Istock

De précédentes études ont déjà prouvé la fiabilité de l’odorat canin pour détecter des maladies. Parmi elles, le cancer.

En 2019, des chercheurs américains de la société BioScentDx des beagles à distinguer des échantillons sanguins prélevés sur des individus sains, d'échantillons issus d’un patient atteint d'un cancer du poumon malin. Les chiens ont été capables d’identifier le sang d’une personne malade dans 96,7 % des cas, et celui d’une personne saine dans 97,5 % des cas.

Une étude publiée en 2010 dans la revue European urology, et menée à l’hôpital Tenon (APHP), a montré la capacité des chiens à détecter le cancer de la prostate dans les urines de patients. Le Dr Olivier Cussenot, urologue-oncologue, a formé un berger malinois à identifier des échantillons provenant de malades, parmi des urines saines. Le chien est parvenu à détecter 30 malades sur 33, dans un total de 66 échantillons d’urine. Soit un taux de réussite de 91 %.

Diabète : les chiens alertent leur maître en cas d'hypoglycémie

En outre, les chiens peuvent aussi être entraînés à détecter un taux de sucre anormal chez des patients diabétiques de type 1. Une étude britannique, publiée dans la revue PLOS One, a montré que ces animaux peuvent repérer une hypoglycémie dans 83 % des cas, et une hyperglycémie dans 67 % des cas.

lls sont alors conditionnés à alerter leur maître par un comportement spécifique, comme un coup de museau dans la jambe, ou sur un bouton sonore, et même à se réveiller la nuit lorsqu’ils détectent une hypoglycémie.

Enfin, d’autres travaux ont montré une capacité des chiens à prédire une migraine, une crise de narcolepsie ou encore une attaque cérébrale, avant qu’elles ne se produisent.

Sources

Coronavirus : des chiens capables de détecter les personnes positives, France Info, 3 mai 2020. 

Coronavirus : « Le Covid-19 semble générer une odeur spécifique que peuvent détecter des chiens spécialement entraînés », 20 Minutes, 5 mai 2020. 

Study shows dogs can accurately sniff out cancer in blood, BioScentDX, 8 avril 2019. 

Olfactory Detection of Prostate Cancer by Dogs Sniffing Urine: A Step Forward in Early Diagnosis, European Urology, 6 octobre 2010. 

How effective are trained dogs at alerting their owners to changes in blood glycaemic levels?: Variations in performance of glycaemia alert dogs, PLOS One, 15 janvier 2019. 

mots-clés : Covid-19, chien, virus, SARS-CoV-2
Notre Newsletter

Recevez encore plus d'infos santé en vous abonnant à la quotidienne de Medisite.

Votre adresse mail est collectée par Medisite.fr pour vous permettre de recevoir nos actualités. En savoir plus.

Partager :