Gestion du Covid-19 : 6 contradictions etonnantes de l-Etat

Depuis le déconfinement, il vous arrive d'être dans "le flou" et de ne pas comprendre ce que vous devez faire pour vous protéger ? Bonne nouvelle, vous n'êtes pas le/la seul(e). Face à cette épidémie sortie de nulle part - et aux nombreuses recommandations opposées entre le gouvernement, les scientifiques et les médecins - il y a de quoi être perdu. Zoom sur les pires contradictions entendues jusqu'à présent.

Gestion de la crise Covid-19 : l'État navigue "à vue"

Immunité, vaccins, traitements, réaction immunitaire du corps, facteurs de risque... Bien que l'on parle du coronavirus depuis plusieurs mois, force est de constater que l'on en sait encore très peu à ce sujet.

Pourquoi certaines personnes développent-elles une forme sévère du virus et d'autres non ? Si l'on tombe malade, pendant combien de temps est-on immunisé ? Existe-t-il des traitements "préventifs" contre la maladie ? Pourquoi le corps réagit-il parfois de façon excessive face à l'infection ? De nombreuses questions qui restent en suspens et sont aussi des zones d'ombre... pour le gouvernement. 

Aussi, dans cette crise sanitaire, l'État navigue à vue, et ce depuis longtemps. Comment les salariés peuvent-ils aller travailler, sans se contaminer dans les transports en commun ? Pourquoi les enfants doivent-ils retourner à l'école le 22 juin alors que le virus circule encore ? Bref, le "en même temps" ajoute de la confusion à la situation actuelle. Mais force est de reconnaître que l'équilibre entre la santé de la population et l'économie du pays vacillante est, bien évidemment, difficile à trouver. 

Toutes les mesures prises par le gouvernement, sont, d'ailleurs, assez critiquées. Et même au sein du cercle proche du président, les avis divergent sur le port du masque généralisé ou encore la manière de déconfiner le pays.

Plan de déconfinement : l'avis opposé du Conseil scientifique face au gouvernement

Les quatorze membres du conseil scientifique Covid-19 chargés de conseiller le chef de l'État, ont publié en mai leurs recommandations pour un déconfinement "intelligent", intitulé "Sortie progressive de confinement, prérequis et mesures phares". Et force est de constater que leurs conseils étaient bien loin des mesures prises par le gouvernement. 

Pour eux, le déconfinement ne pouvait être fait que si des conditions minimales étaient réunies. Faute de quoi, avertit le conseil,"des risques importants seraient pris".

Parmi ces conditions, il y avait : des services de réanimation et d’hospitalisation soulagés, des équipes soignantes reposées, des stocks de matériel, de traitements et d’équipements de protection reconstitués ; une capacité diagnostique des nouveaux cas reposant sur des tests RT-PCR (qui détectent le matériel génétique du virus) fiables et accessibles sur l’ensemble du territoire, après une prescription médicale ; des lieux d’hébergement pour les personnes souffrant de formes bénignes de la maladie.

Nul besoin de préciser que la France ne remplissait pas ses conditions pour se déconfiner. Bon nombre de scientifiques, et même de maires, ont ainsi accusé l'État de placer l'économie de la France au-dessus de la santé de la population.

Notamment, vis-à-vis du retour obligatoire  des élèves à l'école le 22 juin prochain.

Allègement du protocole sanitaire dans les écoles... alors que le virus circule encore

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Gestion du Covid-19 : 6 contradictions étonnantes de l'État

"Dès demain en Hexagone comme en Outre-mer, les crèches, les écoles, les collèges se préparent à accueillir à partir du 22 juin tous les élèves de manière obligatoire et selon les règles de présence normales", a annoncé le chef de l'Etat dimanche soir.

Pourtant, Jérôme Salomon a indiqué tout au long de son audition devant la commission d'enquête parlementaire que "la première vague épidémique s’achève en Europe et en métropole mais l’épidémie est loin d’être terminée et le virus circule toujours de façon hétérogène"

En effet, de nouveaux clusters sont apparus ces derniers jours en France et inquiètent les autorités. On peut donc se demander s'il est vraiment raisonnable de renvoyer les enfants à l'école, alors qu'il est difficile de leur faire respecter les gestes barrières. Le brassage des élèves pourrait entraîner une nouvelle flambée du virus.

Retourner travailler mais maintenir la distanciation sociale

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Gestion du Covid-19 : 6 contradictions étonnantes de l'État

Le gouvernement dit à la fois que ceux qui le peuvent doivent aller travaillermais aussi que le virus est dangereux.

La reprise du travail soulèvent alors de nombreux questionnements : ne coure-t-on pas un risque en reprenant les transports en commun, souvent bondés et où il est impossible de maintenir la distanciation sociale ? Comment s'organiser au bureau pour ne pas contaminer son voisin ? Lorsque l'on rentre chez soi, comment faire pour protéger sa famille, alors que l'on est peut-être asymptomatique ? Des interrogations qui restent, pour l'heure, en suspens. 

Ce qui n'empêche pas le Conseil Scientifique d'avertir la population et le gouvernement sur les risques encourus. Si toutes les mesures de précaution ne peuvent être appliquées (gestes barrières, distanciation sociales, masques pour tous...), "une seconde vague épidémique de COVID-19 est attendue", d'après le Conseil.

La France travaille sur un vaccin vs "La maladie n'est pas immunisante"

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Le coronavirus, peut-il immuniser notre organisme ? Et si oui, pendant combien de temps ? Pour les chercheurs, ces sujets sont encore flous, même si l'on assiste à des cas de réinfection, notamment en Chine et en Corée du Sud, preuve que la maladie ne serait pas aussi immunisante qu'elle en a l'air...

Pourtant, malgré ce doute qui plane sur l'immunité - et alors que moins de 6% des Français sont immunisés selon l'Institut Pasteur - la France travaille d'arrache-pied sur le développement de vaccins. Une Task Force (force opérationnelle) a même été mise en place à l'Institut Pasteur pour le développement de vaccins. Ils travaillent sur plusieurs pistes : celle du vaccin de la rougeole et celle des anticorps.

Mais pour le Pr Raoult, le vaccin n'est pas forcément la "bonne" stratégie à adopter.

"Les vaccins ne sont pas toujours la bonne solution. Trouver un vaccin pour une maladie qui n’est pas immunisante… c’est même un défi idiot. Près de 30 milliards de dollars ont été dépensés pour celui contre le VIH, voyez le résultat ! Ce n’est pas une guerre de laboratoire, mais d’intelligence. Quand on ne sait pas gérer une maladie infectieuse, on nous sort le coup du vaccin ! Il est déjà difficile de vacciner correctement contre la grippe, alors contre un nouveau virus… Honnêtement la chance pour qu’un vaccin pour une maladie émergente devienne un outil de santé publique est proche de zéro. On peut avoir des surprises mais je suis sceptique (...)", a clamé le professeur à nos confrères de Paris Match, la semaine dernière. 

Jogger après 19h alors que les rassemblements sont interdits

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Durant le confinement, il était interdit de faire du sport en extérieur entre 10 heures et 19 heures à Paris.

Une mesure destinée à encadrer la pratique sportive, notamment celle du jogging. 

Sauf que... d'après les photos prises à Paris à cette période - où l'on voit le nombre de sportifs affluer à ces horaires sur les bords de Seine - ce n'était pas une si bonne idée.

Plusieurs médecins ont admis en effet que cette mesure "risquait de regrouper les coureurs et donc de favoriser la contamination via les gouttelettes respiratoires" (qui peuvent parcourir jusqu'à 8 mètres selon une récente étude, ndlr).

Or, cette mesure, qui favorisait les regroupements, allait à l'encontre d'une des règles phares du gouvernement : les rassemblements interdits, qu'ils soient à l'intérieur ou à l'extérieur. 

Fort heureusement, cet encadrement "sévère" de la pratique du sport en extérieur a depuis été levé.

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Port du masque généralisé : le grand débat

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Gestion du Covid-19 : 6 contradictions étonnantes de l'État

Le gouvernement aurait-il cherché à camoufler le manque évident de masques en nous déclarant qu'ils "étaient inutiles" ? C'est une question légitime. En effet, depuis plusieurs mois, le port du masque généralisé fait débat.

D'abord considéré par l'État comme inutile pour les individus non-porteurs de la maladie, le discours officiel a changé. Le gouvernement français conseille désormais l'usage de masques "alternatifs", c'est-à-dire en tissu et pouvant être réalisés soi-même (différents des masques chirurgicaux, exclusivement réservés aux professionnels de la santé).

"Nous encourageons le grand public, s'il le souhaite, à porter (...) ces masques alternatifs qui sont en cours de production", a affirmé le 2 avril le Pr Jérôme Salomon.

Toutefois, cette recommandation est toujours trop "light" pour le Conseil Scientifique. Celui-ci a estimé que porter un masque "grand public" ou "alternatif" devrait être rendu obligatoire pour les sorties pendant la période de confinement et lors de sa levée.

Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Le port du masque est toujours obligatoire uniquement dans les transports. 

Dépistage massif alors qu'il "était inutile de tester tous les gens"

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Alors que l'Allemagne dépiste à outrance sa population depuis de nombreuses semaines, la France, elle, est lente au démarrage. 

Au tout début, il avait été décidé de tester les personnes qui présentaient des symptômes d'atteintes respiratoires (toux, essoufflement, syndrome de détresse respiratoire aigue...) et s'il y avait un contact avec une personne revenant de Chine.

Mais face à l'augmentation des cas, tester toutes les personnes présentant de tels symptômes devenait impossible. La France manquait de tests, notamment parce que leur fabrication nécessite des produits importés de Chine et des États-Unis. 

Une "vérité dissimulée" qui pourrait être reprochée à l'État, selon Thierry Dal Farra, avocat associé du cabinet UGGC Avocats, interviewé par Le Point

"On nous a aussi expliqué qu'il était inutile de tester les gens, mais c'est surtout que les tests n'étaient pas non plus disponibles", déplore-t-il. 

Sources

Déconfinement, écoles, impôts, racisme… Ce qu’il faut retenir de l’allocution d’Emmanuel Macron, Le Parisien, le 14 juin 2020.

Déconfinement : entre l’avis du conseil scientifique et le plan du gouvernement, d’embarrassantes contradictions, Le Monde, 26 avril 2020.

Sortie progressive de confinement, Ministère des Solidarités et de la Santé, 20 avril 2020.

Coronavirus : les fautes qui pourraient être reprochées à l'État, 25 avril 2020, Le Point. 

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