Insémination artificielle : quand peut-on la faire ? Adobe Stock
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En France, un couple sur sept consulte en raison de difficultés à concevoir un enfant selon l’Inserm. Dans ce cas, une prise en charge médicale peut être envisagée et la procréation médicalement assistée (PMA) entre en jeu. Parmi elles, il y a la procédure appelée “insémination artificielle”. “La procédure consiste à injecter des spermatozoïdes, préalablement préparés dans un laboratoire, directement dans la cavité utérine de la femme le jour de l’ovulation”, explique le docteur Naouel Adhad, gynécologue obstétricienne spécialisée en médecine de la reproduction. En effet, c’est la technique d’assistance médicale à la procréation (AMP) la plus simple et la moins coûteuse.

Cependant, avant d’y avoir recours, il est nécessaire de réaliser un bilan complet de fertilité. "Après une consultation qui comprend un interrogatoire des deux membres du couple, suivi d'un examen gynécologique habituel de la patiente, on réalise les bilans complémentaires", explique le docteur Sophie Werlen Giraudet, gynécologue-obstétricienne spécialisée dans la PMA. Du côté féminin, on réalise une prise de sang pour s’assurer que tout va bien au niveau hormonal." Par ailleurs, la spécialiste précise qu'il est également nécessaire de faire une radio des trompes (hystérosalpingographie) pour vérifier la cavité utérine et la perméabilité tubaire. "Du côté masculin on demande un spermogramme."

Les recours à l’insémination : infertilité inexpliquées, causes masculines, facteur cervical...

Pour rappel, selon l'OMS, l'infertilité correspond à l'incapacité de concevoir après un an de rapports sexuels réguliers sans contraception. "Dans ces conditions, une insémination artificielle peut être une solution pour donner un petit coup de pouce", indique la gynécologue. "Dans la majorité des cas, on procède à des inséminations lorsqu’il n'existe pas d’explication à cette infertilité." On parle alors d’infertilité inexpliquée ou d'idiopathique. "Dans environ 30% des cas, il n’y a pas d’explications à l’infertilité", précise Sophie Werlen Giraudet. "Probablement parce qu’on ne connaît pas toutes les raisons de l'infertilité."

L’insémination artificielle peut, par exemple, être prescrite en cas d’anomalie de la glaire cervicale. Cette glaire est sécrétée par les glandes endocervicales du col de l'utérus. En effet, lors d'un rapport, les spermatozoïdes doivent passer "ce filet" qui joue un rôle essentiel pour le stockage, la sélection et la préparation des spermatozoïdes à la fécondation. Le facteur cervical est le plus souvent, qu'un obstacle relatif et n'est pas à lui seul la cause de l'infertilité.

Pour identifier le problème, il existe des examens, tel que le test post coïtal. Celui-ci analyse le comportement des spermatozoïdes dans la glaire cervicale en prélevant un peu de glaire lors d'un examen gynécologique après un rapport. L'intérêt de cet examen est discutable, car de nombreux éléments peuvent être responsable d'un mauvais résultat à tord. "Le fait de faire des inséminations peut aider puisqu’on va mettre directement les spermatozoïdes préparés dans la cavité utérine", assure la gynécologue.

De manière anecdotique, l’insémination artificielle peut aussi être une alternative pour les femmes atteintes de vaginisme et qui souhaitent avoir un enfant. "Il peut arriver que l’on procède à des inséminations pour les aider", témoigne le docteur. Pour rappel, le vaginisme est un trouble psychique du comportement sexuel qui se caractérise par des contractions involontaires et incontrôlables des muscles du vagin. Autrement dit, les muscles du plancher pelvien se resserrent instantanément lorsqu’il y a une pénétration, ce qui empêche les rapports sexuels.

Insémination ou FIV : le cas particulier de l’endométriose

Alors que les chances de grossesse par insémination sont de 10 à 15 % en France, il est préférable pour les femmes atteintes d’endométriose de se tourner vers la fécondation in vitro (FIV). "Le problème avec l’insémination, c’est qu'il est souvent nécessaire d'avoir recours à plusieurs tentatives, c’est-à-dire que pendant plusieurs mois, on va procéder au traitement alors que l’endométriose peut évoluer", explique Sophie Werlen Giraudet. Pour rappel, l’endométriose est une maladie inflammatoire qui se caractérise par la présence, hors de la cavité utérine, de tissu semblable à celui de la muqueuse de l’utérus, appelée endomètre. Cette maladie gynécologique qui touche près de 10 % des femmes est un problème de fertilité dans 30 à 40 % des cas. Le recours à la fécondation in vitro peut aussi être une manière de préserver la fertilité chez ses patientes qui présente un risque d'altération de leur réserve ovarienne au cours du temps.

Infertilité masculine : azoospermie, troubles de l’érection…

En ce qui concerne les hommes, tout dépendra des résultats du spermogramme réalisé préalablement. "Les causes ne doivent pas être trop sévères", indique la gynécologue. Effectivement, pour parvenir à une grossesse, il est nécessaire d’avoir un certain nombre de spermatozoïdes sur le prélèvement. "Parfois, il arrive d'être en dessous de la norme, ce qui explique la difficulté d’obtenir une grossesse spontanée", révèle-t-elle. "Car il faut qu’on ait au moins un million de spermatozoïdes au TMS (test de migration survie)." En effet, ce test vise à déterminer la quantité de spermatozoïdes théoriquement utilisables. On parle alors d'oligospermie. Cependant, s'ils sont insuffisants, il vaut mieux avoir recours à la fécondation in vitro. Cette anomalie peut être due à des infections, à des traumatismes (post chirurgicales), à des causes vasculaires (varicocèles), hormonales ou encore à des causes génétiques.

D'autres anomalies du sperme peuvent nécessiter une assistance médicale à la procréation. En effet, il arrive que les spermatozoïdes soient peu mobiles et rendent difficile leur progression jusqu'à l’ovocyte. Dans ce cas, il s'agit de l’asthénospermie. Ils peuvent aussi présenter des anomalies de formes, la tératospermie. "Parfois, les gens n’ont pas de spermatozoïdes dans le sperme", explique Sophie Werlen Giraudet. On parle alors d'azoospermie, c’est-à-dire qu'il y a une absence totale de spermatozoïdes. Dans ce cas, l ’insémination artificielle peut être une solution en ayant recours au don de sperme.

Insémination artificielle : les cas de recours à un donneur

Chez certains hommes, les troubles de l'érection et / ou de l’éjaculation peuvent être des causes d’infertilité. "C’est rare. Généralement, ces patients ont des antécédents traumatiques, vasculaires, neurologiques ou hormonaux", explique le docteur. "Le seul problème, c’est que l’homme doit quand même réussir à faire un prélèvement de sperme pour pouvoir faire l’insémination."

Dans les cas où le patient n’arriverait pas à le faire le jour de l’insémination, les médecins congèlent préalablement des spermatozoïdes recueillis antérieurement. Lorsque le prélèvement n’est pas possible par masturbation, il est dans certains cas possible de réaliser une biopsie testiculaire pour récupérer des spermatozoïdes. Chez ces couples on optera plutôt pour la FIV d'emblée de manière à préserver les paillettes. En cas de biopsie négative ou de non indication à celle-ci, ces couples peuvent avoir recours au don de sperme et bénéficier d'insemination avec sperme de donneur.

Sources

Merci au docteur Naouel Adhad, gynécologue obstétricienne spécialisée en médecine de la reproduction

Merci au docteur Sophie Werlen Giraudet, gynécologue-obstétricienne spécialisée dans la PMA

mots-clés : infertilité
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