Dorénavant, vous réfléchirez à deux fois avant d’utiliser un sèche-mains électrique : à travers une étude publiée en juillet 2018 dans le Journal of Hospital Infection, des chercheurs français, italiens et anglais ont démontré que ces appareils encouragent la propagation des bactéries et donc la contamination de l’environnement dans lequel ils sont installés.
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Si l’on savait que les gouttelettes d’eau qui tombent de nos mains après les avoir lavées pouvaient contaminer l’air et les surfaces, les chercheurs ont souhaité comparer différentes méthodes de séchage pour savoir dans quels cas cette contamination était la plus importante. Interviewé par Medisite, le Professeur Frédéric Barbut, responsable de l’Unité d'hygiène et de lutte contre les infections nosocomiales de l’hôpital Saint-Antoine à Paris et auteur de l’étude, nous explique que des prélèvements de bactéries ont été effectués dans les toilettes de trois hôpitaux (un en France, un en Italie, un en Angleterre), "à la fois dans l’air, sur les surfaces et dans la poussière : on faisait un prélèvement par jour pendant quatre semaines dans une toilette qui était équipée soit d’un sèche-mains électrique, soit d’essuie-mains papier et on intervertissait les dispositifs le mois d’après". Au total, sur 12 semaines, 120 prélèvements ont été effectués dans chaque hôpital.
Une présence bactérienne 10 fois supérieure dans les toilettes équipées de sèche-mains à air pulsé
Résultat : "L’environnement des toilettes qui disposaient d’un sèche-mains à air pulsé était plus contaminé que celui où il y avait des essuie-mains papier", déclare le Pr Barbut, avec une présence bactérienne dix fois plus importante. Et pas n’importe quel type de bactérie, puisqu’il s’agit notamment de bactéries résistantes aux antibiotiques, particulièrement nombreuses dans les hôpitaux où le recours à ces traitements est très fréquent. "Le staphylocoque doré est un germe potentiellement pathogène, responsable de diverses affections pyogènes (qui donnent du pus), explique-t-il. Parmi eux, certains sont résistants à la méticilline et sont dont plus difficiles à traiter à l’aide d’antibiotiques." De même avec les entérobactéries, la plus fréquente étant Escherichia coli : si elles sont naturellement présentes dans notre tube digestif, "elles peuvent être résistantes à de nombreuses classes d’antibiotiques" et entraîner bon nombre d'infections. Enfin, la présence d’entérocoques a également été signalée, bactéries pouvant provoquer infections urinaires, abcès abdominaux ou encore péritonites.
Hygiène des mains : quelle est la conduite à tenir ?
Si ces bactéries sont présentes en plus grand nombre dans les toilettes équipées de sèche-mains électriques, l’étude ne dit pas si ce phénomène s’accompagne d’une hausse des infections : "On n’a pas montré qu’il y avait un impact sur la transmission des infections, précise en effet le Pr Barbut. Cela devra être démontré dans une autre étude." Mais ces résultats sont assez préoccupants pour revoir les recommandations en matière d’hygiène des mains, véritable moyen de prévention des diverses infections. Si l’utilisation de sèche-mains à air pulsé serait à limiter dans les milieux communautaires, elle serait "à bannir complètement dans les endroits de soins à l’hôpital", selon lui, "non seulement à cause de la grande dissémination des bactéries dans l’environnement, mais également du fait de leur bruit, qui peut gêner les patients et le personnel."
Quelle est donc la conduite à tenir ? Se laver les mains à l’eau et au savon et ensuite les essuyer avec des feuilles de papier jetables. "Les résultats de notre étude tendent à montrer que c’est la meilleure méthode pour limiter la dissémination bactérienne", affirme le Pr Barbut.
Remerciements au Professeur Frédéric Barbut, responsable de l’Unité d'hygiène et de lutte contre les infections nosocomiales de l’hôpital Saint-Antoine à Paris.
"Environmental contamination by bacteria in hospital washrooms according to hand-drying method: a multi-centre study". Journal of Hospital Infection. Juillet 2018.