Cancer de l'estomac : cet antibiotique détruit la bactérie responsable de 80 % des cancers Image d'illustrationIstock
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On pourrait croire qu’aucune bactérie ne résiste au milieu hostile que représente l’estomac. Et pourtant un micro-organisme du nom d’Helicobacter pylori y a colonisé 15 à 30 % de la population française selon la Haute Autorité de Santé. Cette bactérie est responsable de 80 % des cancers de l’estomac. Des scientifiques chinois ont confirmé l’effet anticancéreux d’un antibiotique contre cette bactérie dans une étude publiée dans National Library of medicine le 30 juillet 2024.

Les premières recherches datent de 2011. Cette étude a dans un premier temps examiné la présence de la bactérie chez une population de 180 000 personnes, réparties dans 980 villages de la province du Shandong au sud de Pékin. L’équipe de chercheurs a par la suite administré à près de 100 000 personnes durant 10 jours, une combinaison d’antibiotiques tels que la tétracycline et le métronidazole , et de pansements gastriques tels que l'oméprazole et le bismuth subsalicylate, pour les débarrasser de l’Helicobacter pylori.

Une bactérie responsable d'ulcères, qui peuvent évoluer en cancer

Après plusieurs années de recherche, les scientifiques rapportent que ces traitements ont réduit de 20 % le risque de cancer gastrique chez le groupe traité et dont l’infection par la bactérie a été éradiquée avec succès.

Cette bactérie responsable d’ulcère de l’estomac a été découverte en 1984 par le Dr Robin Warren et le Dr Barry Marshall. À l’époque, il était difficile d’imaginer qu’une bactérie puisse survivre dans cet organe. Cette découverte majeure les a d'ailleurs récompensés d’un prix Nobel de Médecine en 2005.

Ce bacille colonise exclusivement la muqueuse gastrique. La Haute Autorité de Santé estime que 6 à 10 % des malades infectés développeront un ulcère et que 1 % développera un adénocarcinome gastrique après plusieurs décennies.

Un milieu hostile

Mais comment fait cette bactérie pour résister au milieu acide de l’estomac ? Sa forme atypique en spirale lui permet de se faufiler à travers le mucus qui recouvre la paroi de l’estomac. Elle sécrète également une enzyme qui transforme l’urée en ammoniaque et forme ainsi un bouclier moléculaire alcalin qui neutralise l’acidité.

Lorsqu’elle parvient à coloniser la muqueuse, il y a formation de lésions inflammatoires qui peuvent évoluer en ulcères ou en cancer de l’estomac.

Cet effet cancérigène de la bactérie est causé par la sécrétion d’une toxine appelée la cytotoxine vacuolisante (VacA) qui pénètre dans les cellules de la muqueuse gastrique et modifie leur structure et leur fonctionnement.

Des chercheurs de l’Institut Pasteur et du CNRS ont identifié en 2017 de nouvelles stratégies utilisées par la bactérie Helicobacter pylori pour infecter les cellules. En ciblant spécifiquement une molécule du nom de mitochondrie, cette bactérie peut intensifier l’infection subie par l’hôte.

Responsable du cancer de l’estomac

Dans 90% des cas, les cancers gastriques se développent à partir des cellules de la muqueuse de l’estomac. Il s’agit d’adénocarcinomes. Les symptômes peuvent se manifester par des douleurs gastriques et une perte de poids. Des examens biologiques et radiologiques sont indispensables pour établir le diagnostic.

Pour rappel, cette maladie a touché 4 657 personnes, dont 65 % d'hommes, et provoqué 4 212 décès en 2018 en France selon l'institut contre le cancer.

Les résultats suggèrent que le dépistage de masse et l'éradication de l’Hélicobacter pylori pourraient constituer une politique de santé publique pour la prévention du cancer gastrique.

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