Les applications dédiées au sommeil ne manquent pas. Pourtant, elles ne sont pas la bonne alternative pour dormir d’après les médecins. Un neurologue interviewé par The Guardian maintient que ces dernières rendent leurs utilisateurs encore plus obsédés par leur sommeil. Résultat : ils finissent par développer anxiété et insomnie.
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L'écran d'ordinateur abîme-t-il les yeux ?"Nous avons vu beaucoup de gens qui ont développé une insomnie importante à la suite de traqueurs de sommeil", a déclaré le Dr Guy Leschziner, neurologue et spécialiste des troubles du sommeil. Et pour cause, une forte proportion de patients qui consultent pour un problème d’insomnie s’avèrent aussi utilisateurs d’applications de ce genre. "Il est assez difficile de les dissuader de les utiliser", déplore le médecin. Or la plupart des applications dédiées au sommeil n’ont pas été validées cliniquement.
Un effet nocebo provoqué par l’application
"Mon point de vue sur la qualité du sommeil est assez cynique, détaille le neurologue. Si vous vous sentez fatigué au réveil, dîtes-vous que vous avez un problème. Au contraire, si vous vous réveillez chaque jour en vous sentant rafraîchi, si vous restez éveillé toute la journée et que vous parvenez à vous endormir à la même heure chaque soir, cela signifie que vous dormez probablement suffisamment. Vous n’avez donc pas besoin d’une application pour vous en informer".
Le spécialiste fait remarquer que le temps de sommeil normal optimal est d’environ 8 heures, même si le chiffre peut varier d’une personne à l’autre. En revanche, le fait d’être alerté constamment par une application, du fait qu’elles ne dorment pas assez, peut produire un effet nocebo chez certaines personnes. A l’inverse de l’effet placebo, l’effet nocebo provoque des symptômes désagréables. Ainsi, si l’on suit la logique du Dr Leschziner, entendre qu’on manque de sommeil suffira à ressentir une grande fatigue. Elle peut aller jusqu’à entraîner une aggravation de l’état de santé.
Les applications nous font entrer dans un état obsessionnel
Ces applications dédiées au sommeil s’inscrivent dans une tendance générale qu’ont les individus à vouloir contrôler leur vie grâce à la technologie. Alors que certains se plaisent à compter le nombre de pas qu’ils effectuent chaque jour, d’autres préfèrent scanner chaque aliment pour en connaître la contenance exacte, à l’aide de leur smartphone.
"Si vous comptez le nombre de pas et que vous réalisez que vous ne marchez pas assez, vous pouvez décider de faire plus d’exercice", estime le docteur. Or, les applications pour dormir n’ont pas le même effet selon lui : "elles nous font entrer dans cet état obsessionnel par rapport au sommeil, qui justement, rend le sommeil encore plus difficile".
Les lumières bleues des écrans, un réel frein à la qualité du sommeil
Il convient de rappeler également que les écrans et les lumières bleues qu’ils émettent sont réputés pour être nocifs pour la qualité de notre sommeil. La lumière bleue affecte en effet l’horloge biologique et donc, le sommeil aussi. Ainsi, inciter les individus à consulter constamment leur smartphone pour savoir s’ils dorment assez, peut sembler ironique. Puisque ce dernier, à lui tout seul, constitue déjà un frein à nos nuits paisibles.
Lors d’une conférence Santé en Questions, organisée fin 2018, des experts de l’Inserm alertaient déjà sur ces lumières bleues qui bloquent le sécrétion de mélatonine, l’hormone inductrice du sommeil. Ainsi, chaque personne devrait idéalement éviter les écrans deux heures avant le coucher pour trouver le sommeil sereinement.
Sleep apps backfire by causing anxiety and insomnia, says expert, he Guardian, 7 juin 2019.
https://www.theguardian.com/lifeandstyle/2019/jun/07/sleep-apps-backfire-by-causing-anxiety-and-insomnia-says-expert
Conférence Santé en Question, Inserm, septembre 2018.
https://www.inserm.fr/actualites-et-evenements/actualites/conference-ecrans-quels-bouleversement-cerveau
Vidéo : Pourquoi ces habitudes perturbent le sommeil
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