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Des règles irrégulières ou absentes

sad, upset, unhappy woman holding hands on stomach suffering from abdominal pain with close eyes, having menstrual period...© Istock

Le syndrome des ovaires polykystiques, ou SOPK, est un trouble fréquent, puisqu’il concernerait 8 à 15 % des femmes en âge de procréer. Il a pour origine un déséquilibre hormonal et “se caractérise par une association de plusieurs signes cliniques ou biologiques”, explique le Dr. Lorraine Maitrot-Mantelet, praticien hospitalier dans l’unité de gynécologie endocrinienne de l’Hôpital Port-Royal (Paris).

Les troubles du cycle menstruel sont un des principaux symptômes. Les hormones folliculo-stimulante (FSH) et lutéinisante (LH), qui orchestrent le cycle ovarien, seraient en cause. Un guide d’information des Hôpitaux Universitaires de Genève à destination des patientes, explique que leurs taux varient au cours du cycle, ce qui provoque l’ovulation et les règles.

Mais en cas de SOPK, cette variation est très faible, et le taux de base de LH est plus haut que celui de FSH, alors qu’il devrait être plus bas. Les ovaires ne reçoivent donc pas les bons messages, et le cycle menstruel est perturbé. Les règles sont irrégulières, voire absentes. Elles peuvent aussi être très abondantes.

Les troubles menstruels sont généralement accompagnés d’une hyperandrogénie, c’est-à-dire une sécrétion augmentée des hormones masculines. Le diagnostic du SOPK se base donc “sur ces critères cliniques et sur un bilan hormonal complet”, précise le Dr. Maitrot-Mantelet. “Cela permet d’éliminer une cause ovarienne ou surrénalienne à une sécrétion exagérée d’androgène, et d’écarter une éventuelle hyperprolactinémie ou un excès de cortisol”.

Un bilan sanguin est réalisé, pour doser les taux d’hormones, de sucre et de cholestérol. Plus précisément, le spécialiste va observer les dosages de SSH, LH, œstradiol, testostérone totale, delta 4, androstènedione et 17OHP prolactine. Parfois, une échographie abdominale est prescrite, afin d’examiner les ovaires, l’utérus et la vessie, “mais celle-ci ne suffit pas à poser un diagnostic”, souligne la gynécologue.

Des problèmes de pilosité et une acné importante

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Les conséquences principales de l’hyperandrogénie sont l’hirsutisme et l’acné. En effet, le SOPK provoque une élévation du taux de testostérone dans le sang. “Une femme est censée en sécréter dix fois moins que les hommes”, précise le Dr. Maitrot-Mantelet. Cette hausse entraîne une pilosité très importante sur certaines parties du corps, dont le visage.

“Cette pathologie peut aussi engendrer des problèmes d’acné chez les patientes, ou une séborrhée du cuir chevelu et de la peau”, c’est-à-dire une sécrétion importante de sébum, qui rend la peau grasse, énonce la spécialiste. Dans certains cas, les personnes atteintes de SOPK peuvent aussi souffrir d’alopécie - ou perte des cheveux.

“Pour traiter les problèmes menstruels et l’hyperandrogénie, on utilise un traitement hormonal”, explique la gynécologue. “En premier recours, on prescrit une contraception œstro-progestative, en l’absence de contre-indications”. Le plus souvent, il s’agit d’une pilule à prendre dix jours par mois, mais d’autres formes de contraception, comme l’anneau vaginal ou le patch, peuvent aussi convenir.

Ce traitement permet d’abaisser le taux de testostérone - et ainsi de réduire la pilosité et l’acné - et de régulariser le cycle menstruel. “Un point essentiel, car l’irrégularité des règles et l’absence d’ovulation entraînent un risque de cancer de l’endomètre plus élevé chez les patientes atteintes de SOPK”, précise le Dr. Maitrot-Mantelet.

Dans certains cas, des anti-androgènes, comme l’Androcur®, peuvent être prescrits pour lutter contre l’excès de testostérone. Mais ce traitement est au cœur d’une controverse, car il présenterait de graves risques pour la santé. Dans une lettre aux professionnels de santé, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) alerte sur les risques de méningiome, associés à la prise d’Androcur® et de ses génériques.

“En cas d’acné très importante, que la pilule ne suffirait pas à diminuer, on peut aussi consulter un dermatologue”, ajoute l’experte. Ce dernier peut orienter la patiente vers un traitement spécifique, comme une crème locale ou un antibiotique.

Des ovaires plus gros et multifolliculaires

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Les patientes atteintes du syndrome des ovaires polykystiques ont des ovaires légèrement plus gros que la moyenne. “Ces derniers présentent également un grand nombre de petits follicules, et non des kystes, comme le nom de la maladie pourrait le laisser entendre”, indique le Dr. Maitrot-Mantelet.

Le follicule est une sorte de petit sac, qui contient l’ovule et l’expulse, lorsque celui-ci est prêt à être fécondé. “Parfois, le nombre de follicules qui entrent en croissance est un peu excessif. Ils se gênent donc les uns, les autres, ce qui empêche l’ovulation”, explique la spécialiste. “On parle alors d’ovaire multifolliculaire. Celui-ci contient plein de futurs petits œufs, qui n’arrivent jamais à maturation”.

Ce phénomène est dû à une sécrétion insuffisante de l’hormone LH dans le cerveau. Si elles présentent un problème pour l’ovulation, ces follicules sont bénins et ne nécessitent pas d’intervention chirurgicale pour être retirés.

Une insulinorésistance, qui peut entraîner une prise de poids

une paire de pieds féminins sur une balance de bain, tonique

Le dérèglement hormonal lié au SOPK peut aussi engendrer une insulinorésistance. “L’insuline est une hormone naturellement sécrétée par le pancréas, qui permet au sucre d’entrer dans les cellules du corps”, explique le Dr. Maitrot-Mantelet. En cas de résistance à l’insuline, les cellules y deviennent moins sensibles. Il y a donc moins de glucose qui pénètre dans les cellules, et celui-ci reste dans le sang.

“L'insulinorésistance peut être à l’origine d’une prise de poids ou d’un diabète”, souligne la spécialiste. “Par ailleurs, elle a tendance à aggraver le SOPK et l’hyperandrogénie… qui à leur tour, vont accroître la résistance à l’insuline”. Une sorte de cercle vicieux. La gynécologue ajoute que ce problème est “la cause la plus fréquente d’infertilité, chez les femmes qui n’ovulent pas”. Il peut aussi provoquer l’apparition de taches brunes sur la peau - on parle d’acanthosis nigricans.

“Pour équilibrer son taux d’insuline, il convient d’adopter une bonne hygiène de vie. Cela passe par des règles diététiques et la pratique d’une activité sportive”, précise l’experte. En cas de surpoids, il est possible de consulter un nutritionniste, pour perdre du poids de façon saine.

“Un traitement médicamenteux peut aussi être proposé, en complément”. La Metformine® diminue le taux d’insuline sanguin, et peut être combinée sans problème avec une pilule contraceptive. On la préconise notamment en cas de diabète (ou risque de diabète).

Des troubles de la fertilité

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Le syndrome des ovaires polykystiques peut aussi provoquer des troubles de la fertilité. Mais le Dr. Maitrot-Mantelet se montre rassurante : “dans la majorité des cas, il est possible de concevoir sans recourir à l’aide médicale à la procréation”.

Notamment parce que les traitements des précédents symptômes suffisent déjà à réduire les potentiels problèmes de fertilité. Le traitement hormonal permet de rétablir un cycle d’ovulation et de réduire la sécrétion de testostérone ; l’adoption d’une alimentation saine - associée ou non à la prise de Metformine® - réduit l’insulinorésistance, principale responsable des difficultés à concevoir.

“Des comprimés de citrate de clomifène peuvent aussi être prescrits pour induire l’ovulation”, précise la gynécologue. Il s’agit d’une molécule qui déclenche la production de l’hormone FSH dans le cerveau. “Et si cela ne suffit pas, on peut réaliser des injections de gonadotrophine pour stimuler la maturation de l'ovocyte. Un monitoring de l’ovulation est ensuite nécessaire, afin de vérifier qu’on a une stimulation monofolliculaire - cela afin d’éviter les grossesses multiples”.

Toutes ces techniques sont des “coups de pouce” pour l’ovulation, mais permettent à la plupart des femmes atteintes de SOPK de concevoir naturellement, puisque celles-ci ont généralement un utérus et des ovaires sains. La PMA n’est indiquée qu’en cas d’échec des précédentes solutions.

Sources

Le syndrome des ovaires polykystiques - Informations pour les femmes concernées, Hôpitaux Universitaires de Genève, décembre 2016. 

Acétate de cyprotérone (Androcur et génériques) et risque de méningiome : recommandations de l’ANSM pour la prise en charge des patients- Lettre aux professionnels de santé, ANSM, 8 octobre 2018. 

Vidéo : Kystes : les signes qui doivent alerter

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