- 1 - Thyroïde : la glande du tonus de l'organisme
- 2 - Ablation de la thyroïde en cas de nodule bénin : les conséquences
- 3 - Ablation de la thyroïde en cas de nodule malin (carcinome) : les conséquences
- 4 - Une influence sur le poids ?
- 5 - Deux risques majeurs
- 6 - 95% des cancers opérés guérissent
- 7 - Ablation de la thyroïde : 3 techniques possibles
Thyroïde : la glande du tonus de l'organisme
La thyroïde est une glande située à la base du cou qui mesure 30 mm de haut. Elle se compose de deux lobes ovales disposés de chaque côté de la trachée, réunis par une partie centrale appelée "isthme".
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Problèmes de thyroïde : quels sont les signes ?Sa fonction principale et unique est de fabriquer les hormones thyroïdiennes T3 (tri-iodothyronine) et T4 (thyroxine). Ces hormones sont indispensables à la vie. "Elles sont responsables de tout le tonus de l’organisme : le rythme cardiaque, la mémoire, l’aspect de la peau…" ajoute le Dr Dominique Huet, chef du service Endocrinologie au Groupe hospitalier Paris Saint-Joseph. C’est ainsi qu’en cas d’hyperthyroïdie, le métabolisme général est très accéléré. Et qu'en cas d’hypothyroidie, il est au ralenti. Le cœur peut battre à 30 et la température du corps descendre à 36.
Ablation de la thyroïde en cas de nodule bénin : les conséquences
Dans quels cas opérer ? L’ablation de la thyroïde peut être envisagée après la découverte d’un ou de plusieurs nodules bénins (aussi appelés "adénomes").
Toute la thyroïde est-elle retirée ? Cela dépend de la localisation des nodules. "Quand il y a un nodule d’un côté, seule la moitié de la thyroïde est retirée (loboisthmectomie). Quand il y a des nodules des deux côtés, on peut être amené à retirer la totalité (thyroïdectomie totale)" indique le Dr Dominique Huet.
Pourquoi ne pas retirer que le nodule ? "Pour des raisons pratiques et pour éviter les complications. Il ne faut pas oublier que le nodule se compose de tissu thyroïdien" rappelle le spécialiste. La tendance actuelle va vers la réduction de l’ablation de la thyroïde pour des nodules bénins vérifiés par une analyse, après cytoponction à l’aiguille. "Si le nodule est bénin et n’évolue pas trop, on n’opère pas systématiquement" poursuit le spécialiste. Par contre "s’il évolue, qu’il grossit beaucoup et peut comprimer les organes de voisinage (trachée, nerf récurrent qui innerve les cordes vocales), on a tendance à le(s) retirer."
Quelles conséquences ? Si l’ablation de la thyroïde est totale, il n’y aura plus de fabrication d’hormones thyroïdiennes. Il faut un traitement pour la suppléer. C’est un traitement hormonal substitutif appelé Lévothyrox© L-Thyroxine (principe actif : lévothyroxine sodique, hormone T4, normalement transformée par l’organisme en T3). Si elle est partielle et que le lobe qui reste est fonctionnel, il peut suffire à fabriquer des hormones thyroïdiennes. La lévothyroxine sodique n’est alors pas obligatoire. Le médecin vérifiera juste 1 mois après l’opération le dosage des hormones.
Ablation de la thyroïde en cas de nodule malin (carcinome) : les conséquences
En France, on compte 10 100 nouveaux cas de cancer de la thyroïde par an, dont près des trois quarts chez la femme. La plupart de ces cancers se manifestent sous forme de nodules (mais plus de 95% des nodules thyroïdiens sont bénins).
Dans quels cas opérer ? "En cas de nodule suspect (aspects échographiques), on réalise une cytoponction. Si on trouve des cellules douteuses et/ou cancéreuses (carcinome) on va procéder à une ablation totale de la thyroïde" explique le Dr Dominique Huet.
Quelles conséquences ? Quand l’ablation de la thyroïde est totale, il n’y a plus de fabrication d’hormones thyroïdiennes. Il faut un traitement pour la suppléer. C’est un traitement hormonal substitutif appelé à base de lévothyroxine sodique (hormone T4, normalement transformée par l’organisme en T3). Il est mis en place dès le jour de la sortie et doit être suivi à vie. Il se prend le matin, à jeun, au moins 20 minutes avant le petit-déjeuner (l’absorption de la thyroxine (T4) par le tube digestif est diminuée d’un tiers par la présence d’aliments). Et à vie. Le médecin fait un dosage un mois après le début de la prise pour contrôler puis une fois par an. Il faut parfois 2 à 3 mois pour trouver la bonne dose quotidienne à prendre, elle dépend de l’organisme de la personne.
L’utilisation d’iode radioactif : En cas de cancer de la thyroïde, quand toute la thyroïde est retirée, le médecin peut administrer une dose d’iode radioactif (iode 131) après l’intervention chirurgicale. Cet iode permet, s’il persiste des résidus thyroïdiens, de les détruire. La surveillance par dosage d’une protéine, uniquement synthétisée par les cellules thyroïdiennes, en sera facilitée. Une échographie de surveillance sera également pratiquée.
A savoir : "Il n’y a quasiment jamais de chimiothérapie ou de radiothérapie après une ablation de la thyroïde pour un cancer de la thyroïde" précise notre interlocuteur.
Une influence sur le poids ?
"Non. On ne grossit pas à cause de la thyroïde" insiste le Dr Huet. "Si en cas d’hypothyroïdie, on prend du poids, c'est à cause de la rétention d’eau, pas de la graisse." Même idée reçue, selon lui, pour les personnes qui peuvent avoir l’impression de ne pas se sentir bien ou de déprimer à cause d’un dérèglement thyroïdien. "Avec la prise de lévothyroxine qui commence immédiatement après l’intervention chirurgicale, il n’y a aucune interférence" Mais les sons de cloches diffèrent.
Pour le Dr Valérie Foussier, endocrinologue, la prise de poids liée au dérèglement hormonal et aux traitements, "ce n'est qu'un mythe. Les personnes ne devraient prendre que 3 à 4kg, pas plus. Le corps va réguler également les oedèmes par certains mécanismes internes".
Deux risques majeurs
"La chirurgie de la thyroïde est superficielle, car elle se fait juste sous la peau. En théorie, les suites opératoires sont simples, sans trop de douleur. Mais c’est une chirurgie qui doit être rigoureuse et précise à cause de deux complications majeures" prévient le Dr Huet.
Lesquelles ? "En arrière de la thyroïde se trouvent quatre petites glandes appelées "parathyroïdes" qui sécrétent une hormone régulatrice du calcium dans le sang. Il faut en conserver au moins une ou deux sinon c’est l’hypocalcémie" prévient-il. Deuxième risque (1/1000) : blesser les nerfs des cordes vocales appelés "nerfs récurrents" (de la taille d’un cheveu) et entraîner des troubles voire une perte de la phonation. Le chirurgien doit les préserver.
À noter : Ces complications peuvent être réduites en se faisant opérer par des professionnels très spécialisés. Le Groupe hospitalier Paris Saint-Joseph dispose par exemple d’un centre de la thyroïde.
95% des cancers opérés guérissent
Se faire opérer est généralement source d’anxiété. Mais n’oubliez pas, comme le rappelle le Dr Huet, que l’ablation totale ou partielle de la thyroïde permet de supprimer définitivement un/des nodule(s) bénins, mais évolutifs en taille. De plus, c'est "le traitement prioritaire en cas de cancers qui permet de guérir 95% des cas".
Ablation de la thyroïde : 3 techniques possibles
Il y a trois techniques possibles lors de l’ablation de la thyroïde :
- la lobectomie ou lobo-isthmectomie : ablation d’un des deux lobes de la thyroïde, avec ablation éventuelle d’une partie de l’isthme.
- l’isthmectomie : ablation de l’isthme thyroïdien, tissu en avant de la trachée reliant les deux lobes.
- la thyroïdectomie totale.
L’incision se fait à la base du cou, horizontalement. L’intervention est réalisée sous anesthésie générale et dure 1 à 2 heures.
Remerciements au Groupe hospitalier Paris Saint-Joseph. La glande thyroide, traitement chirurgical, Centre Paul Strauss. Le cancer de la thyroïide, La ligue contre le cancer.
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