Sexualité tardive: faut-il renoncer?
Le vieillissement de la sexualité est un thème tabou qui n’offre le choix qu’entre des anecdotes impudiques ou, à l’extrême, un renoncement définitif qui clôt la discussion. Préjugés et idées reçues font bon ménage pour dénaturer, au sens propre du terme, les besoins d’émotions et d’orgasmes qui s’affichent désormais dans un cadre joyeusement stérile.
Cette sexualité, qui n’est plus fécondante, a-t-elle changé à ce point de nature pour paraître aussi obscène, aussi illégitime?
L’érotisme à la soixantaine, possible!
Rien n’autorise à affirmer - aucune découverte scientifique, aucun recensement - que la vie érotique qui a été le carrefour le plus embouteillé de l’existence de l’adolescent et de l’adulte, se vide de tout contenu après la soixantaine, évacue comme par miracle, toutes les joies, toutes les impatiences, qui furent son lot quotidien des années durant.
Besoins de tendresse et d’excitation…
"Bon gré mal gré, l’on vit ce qu’on nie", affirme Jean Rostand. Ce n’est pas en masquant la persistance des besoins de tendresse et d’excitation des vétérans que les professionnels se prémunissent du risque d’identification contre narcissique.
La réalité de la demande appartient malgré tout au domaine public, avec l’émergence depuis ces dernières décennies du concept de "senior", épithète à vocation ambiguë néanmoins, car il s’inscrit aussi bien dans un projet de valorisation du droit à une authentique qualité de vie des retraités, mais se réclame aussi ouvertement d’arrière-pensées lucratives pour les marchands de "loisirs".
Une sexualité sous tutelle…
La sénescence des comportements appartenant à la sphère intime fait donc l’objet d’un double discours. D’un côté, il s’agit d’engager l’opinion publique à ne plus censurer les aspirations affectives et sexuelles de ses aînés, mais, de l’autre, en inscrivant la réduction des pratiques gestuelles dans le cadre de la nomenclature médicale (voire psychiatrique), le corps social reprend d’une main ce qu’il tendait de l’autre.
Afin de maintenir une surveillance morale sur la sexualité des individus, la collectivité impose une tutelle à chaque tranche d’âge: interdit de la masturbation pour les plus jeunes, menaces des grossesses non désirées et des contaminations pour les adolescents et, en direction des plus âgés, réduction de l’éventail des rituels érogènes.
Des rapports différents
La manœuvre est insidieuse. Le silence est rompu plus souvent qu’autrefois, certes, mais n’est-ce pas pour aboutir au renforcement du statut quasi fétichiste du coït ? Pratique universelle, de toute évidence, le coït pose plus de problèmes qu’il n’offre de dédommagements.
Toute la rhétorique populaire et scientifique, qui ne prône coûte que coûte qu’un maintien des érections et une perméabilité vaginale comme idéal du couple âgé, exerce en fin de compte une pression normative qui pénalise les célibataires, les maladroits et les malades.
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