Vaisselle jetable : composés cancérogènes, immunotoxiques... Les dangers du Istock

Le "sans plastique" ne signifie pas pour autant sans danger. Depuis l'interdiction de la vaisselle jetable en plastique, liée à la loi Transition énergétique pour la croissance verte de 2015, les consommateurs et les restaurateurs se sont reportés sur des alternatives dites "végétales". Une solution écologique, mais malheureusement pas sans conséquence pour notre santé selon le dernier test de l'UFC-Que Choisir.

L'association de consommateurs a en effet décidé d'analyser plus de 57 produits alternatifs à la vaisselle plastique. Ses résultats, présentés ce mercredi 19 mai, sont très inquiétants. L'association a, en effet, découvert que 66% des échantillons testés contiennent des composés perfluorés au-delà des recommandations.

Composés cancérogènes, immunotoxiques et/ou perturbateurs endocriniens

Ces composés sont "utilisés pour que la vaisselle résiste à l'eau et aux graisses sans se déliter, mais certains sont cancérogènes, immunotoxiques et toxiques pour le développement et/ou perturbateurs endocriniens". L'UFC-Que Choisir pointe notamment du doigt le risque "d’effet cocktail" pour certains produits qui présentent un cumul de substances (notamment des composés perfluorés, chloropropanols, amines aromatiques). Il s'agit particulièrement des pailles en papier carton selon l'association. L'association cite l'exemple "des pailles rayées fuschia de la marque Santex" qui associent ces trois substances.

Face à ces résultats, l'UFC-Que Choisir demande une règlementation plus stricte sur les matériaux utilisés comme substituts aux composés plastiques dans les vaisselles jetables. "On ne peut dès lors que déplorer que la réglementation européenne soit aussi lacunaire : à part pour certains matériaux traditionnels (verre, certains plastiques), la réglementation ne définit pas de liste fermée de substances et additifs autorisés, mais se contente de poser un principe général d'innocuité des matériaux utilisés par les fabricants de vaisselle et autres objets en contact avec les produits alimentaires", dénonce l’association.

Pas de liste fermée de substances et additifs autorisés

Au-delà de la santé des usagers, l'UFC-Que Choisir assure que ces ustensiles jetables végétaux ne sont en réalité pas un atout environnemental. En effet, l'association assure que contenant des composés perfluorés, le compostage de cette vaisselle jetable "aboutira à relâcher dans les sols ces substances particulièrement persistantes".

Concernant le recyclage, si ce sont des arguments utilisés par les marques, il n'est en réalité possible que "pour les produits en papier ou en carton", mais pas pour ceux composés de "feuilles de palmier, de bambou ou de canne à sucre dès lors qu'ils sont traités avec un liant hydrophobe" qui a pour but d'éviter qu'ils ne se délitent au contact des aliments.

L’UFC-Que Choisir demande donc aux autorités européennes d'agir rapidement et "de définir, dans le cadre de la révision d’ici à la fin 2022 de la législation sur les matériaux destinés à entrer en contact avec des denrées alimentaires, une liste précise des matériaux et additifs pouvant être utilisés sans danger comme substituts aux plastiques pour la vaisselle jetable". Elle souhaite également que soit renforcé "le contrôle des allégations environnementales, notamment relatives au compostage".

Il s'agit d'un enjeu d'autant plus important que "le recours à la restauration à domicile (livrée ou à emporter) s’est encore renforcé avec la crise sanitaire".

Sources

Test sur la vaisselle jetable Le "sans plastique" n’est pas si vert, ni sans danger pour la santé, UFC-Que Choisir, 19 mai 2021.

https://www.quechoisir.org/action-ufc-que-choisir-test-sur-la-vaisselle-jetable-le-sans-plastique-n-est-pas-si-vert-ni-sans-danger-pour-la-sante-n91398/