Qui n'a jamais pensé à ses derniers instants ? Vous êtes nombreux à espérer finir vos jours sans souffrance et rendre votre dernier souffle du fond de votre lit. Mourir pendant le sommeil ressemble, si l'on puit dire, à la "mort idéale". Néanmoins, il vaut mieux faire en sorte que ce moment arrive le plus tard possible. Quelles sont les causes les plus fréquentes des décès qui surviennent durant la nuit ? On les passe en revue dans notre diaporama.
Pourquoi meurt-on plus souvent la nuit ?
Un condensé d'étude publiées en 2014 dans le British Medical Journal révèle des pics de décès liés à la crise cardiaque, la nuit et le weekend.
Aussi effrayant que cela puisse paraître, les résultats illustrent une prise en charge en urgence qui prend plus de temps si vous arrivez à l'hôpital au cours de la nuit ou le week-end, plutôt qu’aux heures "ouvrables".
En outre, il faut savoir que d'une manière générale, les symptômes ont tendance à dégénérer la nuit si vous souffrez de maladies hivernales. Et pour cause, les horloges circadiennes du corps aident à réguler le sommeil et gèrent le système immunitaire, ce qui peut générer une aggravation des symptômes. Cette activité de lutte des cellules contre les infections aide à éliminer les microorganismes responsables des maladies, mais peuvent aussi provoquer une inflammation des tissus infectés.
C’est cette inflammation qui va déclencher de la fièvre, le nez bouché, ou un mal de gorge. Plus le système immunitaire passe à la vitesse supérieure pendant le sommeil, plus les symptômes deviennent graves.
L'épilepsie
Les personnes épileptiques ont un risque plus élevé de mort subite durant leur sommeil. Une étude menée par des médecins de l'Université de Californie suggère que cela pourrait être dû aux variations de la fréquence cardiaque induites par les crises. *
"Lorsque nous avons examiné les fréquences cardiaques des patients épileptiques admis à l'hôpital, nous avons constaté que beaucoup d'entre eux développent une tachycardie à la suite d'une crise. Mais un sous-ensemble de patients enregistrent, à l'inverse, une fréquence cardiaque diminuée. Cette baisse était plus prononcée lorsque les patients étaient endormis", explique le Dr Andrew Schomer.
En effet, durant le sommeil, le rythme cardiaque est naturellement ralenti. Mais les crises d'épilepsie peuvent le ralentir encore plus... jusqu'à un point pouvant être mortel, estiment les chercheurs. Des travaux complémentaires sont encore nécessaires pour mieux comprendre ce mécanisme.
L'apnée du sommeil
"L’apnée du sommeil ou syndrome d’apnées–hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS) est un trouble de la ventilation nocturne dû à la survenue anormalement fréquente de pauses respiratoires. Ce syndrome est dû à des épisodes répétés d’obstruction des conduits respiratoires de l’arrière gorge", décrit l'Assurance Maladie. Ces pauses de respiration durent de 10 à 30 secondes, voire plus, se produisent au moins 5 fois par heure de sommeil et peuvent se répéter une centaine de fois par nuit.
"Fondamentalement, si le cas d'apnée est suffisamment grave, une hypoxémie peut survenir lorsque les taux d'oxygène dans l'organisme sont inférieurs à ceux requis pour une fonction normale de la vie. Cela conduit essentiellement à la privation d'oxygène", relaye le Dr Yves-Victor Kamami, Oto-Rhino-Laryngologiste à Paris sur le site de son cabinet.
Une recherche publiée dans l’American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine rapporte que les participants souffrant d’apnées et d’hypopnées courtes (respectivement respiration stoppée et respiration superficielle) sont à risque de décès accru à 10 ans.
L'intoxication au monoxyde de carbone
Chaque hiver, l’intoxication au monoxyde de carbone fait des milliers de victimes : 5000 par an, dont une centaine de décès. C’est la première cause de mortalité par intoxication en France. En effet, ce gaz indolore est aussi incolore et non irritant. Il est donc indétectable sans appareil de mesure.
Le monoxyde de carbone est un gaz incolore et inodore qu'on retrouve dans les vapeurs des voitures, des cuisinières, des grils, des cheminées, des cuisinières à gaz et des fours. Si elle est éveillée, une personne intoxiquée peut ressentir des étourdissements, une faiblesse, des maux de tête ou des maux d'estomac. Or, si la victime dort, elle ne ressentira aucun symptôme et peut mourir dans son sommeil sans s'en rendre compte.
L'infarctus du myocarde
L'infarctus du myocarde se manifeste le plus souvent la nuit ou au repos par une douleur d'apparition brutale. Ce phénomène est déclenché par l'obstruction de l'artère coronaire qui entraîne la destruction partielle du muscle cardiaque.
"Heureusement, il est fort probable que ce type d'événement cardiaque réveille la victime avant qu'elle ne la tue", complète le Dr Yves-Victor Kamami Oto-Rhino-Laryngologiste sur son site.
La mort subite de l'adulte
Chaque année, en France, 50.000 personnes se trouvent victimes d’un arrêt cardiaque soudain. On parle de mort subite de l’adulte : elle survient en moins d’une heure, sans symptôme particulier et surtout sans raison médicale évidente.
Le patient est victime d'une fibrillation ventriculaire, c’est-à-dire que son rythme cardiaque est trop rapide et plus assez performant pour faire fonctionner correctement le cœur et alimenter le cerveau. Ce phénomène entraîne dans la majorité des cas, le décès.
Le syndrome de Brugada
Interviewé par nos confrères de Libération, le cardiologue Antoine Leenhardt évoque le syndrome de Brugada. "Cette maladie rare héréditaire touche surtout les hommes qui peuvent mourir dans leur sommeil, autour de 40 ans, sans se réveiller. Cette maladie a donné naissance à un mythe en Asie du Sud-Est. On pensait qu’un esprit venait emporter les hommes de certaines familles pendant leur sommeil. Cela conduisait ces derniers à se coucher déguisés en femmes pour lui échapper".
Semblable à la mort subite, le syndrome de Brugada est caractérisé par la survenue de syncopes liées à des tachyarythmies ventriculaires chez des patients ayant un cœur structurellement normal.
La noyade sèche
Appelée aussi "noyade à retardement", elle survient lorsqu’une personne inhale de l’eau en petite quantité qui pénètre dans les poumons. À terme, le manque d’oxygène provoque un arrêt cardiaque, qui peut survenir plusieurs heures, voire plusieurs jours après la baignade.
Ce drame peut notamment survenir la nuit. La noyade sèche avait fait la Une au Texas après la mort d'un petit garçon durant son sommeil, une semaine après avoir bu la tasse.
L'asthme
"L’asthme est une affection chronique qui se caractérise par des crises récurrentes où l’on observe des difficultés respiratoires et une respiration sifflante et touche toutes les tranches d’âge", définit l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Les symptômes ont tendance à s'aggraver pendant la nuit, selon l'OMS. Dans les cas les plus sévères, la crise d'asthme peut entraîner une détresse respiratoire et à terme le décès.
5 bonnes raisons pour lesquelles les gens meurent dans leur sommeil, Cabinet du Dr Yves-Victor Kamami Oto-Rhino-Laryngologiste - ORL Paris
Apnée centrale du sommeil : la mort subite, cause probable des décès sous ventilation auto-asservie, SFC
Intoxication au monoxyde de carbone : les gestes préventifs !, Attitude Prévention, 14 octobre 2019
10 faits sur l’asthme, OMS, 2017
https://medicalxpress.com/news/2021-05-epilepsy-reveals-sudden-death.html