Globalement, les femmes sont plus sensibles aux questions de santé et à la prévention que les hommes. Les mères de famille par exemple, prennent souvent en charge l'organisation des rendez-vous médicaux de leurs enfants et parfois, celle de leur conjoint ! Mais lorsqu'il s'agit de leur propre santé, elles ont tendance à se négliger. Outre les comportements à risque, la crise sanitaire a aggravé leur situation. Ainsi, certaines maladies ont monté en flèche chez les femmes.
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En France, les maladies cardio-neurovasculaire s - ces troubles qui touchent le cœur et les vaisseaux sanguins - sont la première cause de décès chez les femmes tous âges confondus.
En effet, 54 % des 147 000 accidents cardiaques mortels - survenant chaque année en France - les concernent. Les maladies cardio-neurovasculaires peuvent engendrer de nombreuses complications telles que l'infarctus du myocarde (ou crise cardiaque). Ou encore, l'accident vasculaire cérébral (AVC) qui survient lorsque la circulation sanguine vers (ou dans) le cerveau est interrompue par un vaisseau sanguin bouché ou rompu.
D'autres maladies cardio-neurovasculaires sont fréquentes : l'insuffisance cardiaque (incapacité du muscle cardiaque à assurer son rôle de propulsion du sang dans l'organisme) ; l'insuffisance rénale chronique (diminution du fonctionnement des reins) ou encore, la maladie d’Alzheimer.
Entre 2002 et 2015, le nombre de nouveaux cas d’infarctus du myocarde a augmenté de 50 % chez les femmes de moins de 65 ans. "Contrairement aux idées reçues, les maladies cardio-neurovasculaires ne concernent pas que les hommes ! Elles touchent toutes les classes d’âge après 35 ans. Leur augmentation, depuis une vingtaine d'années, chez les femmes est liée à leur mode de vie : elles fument et boivent davantage que les générations précédentes. Certaines combinent tabac et pilule. Le surpoids a également augmenté. Globalement, elles sont aussi plus sédentaires et stressées. Car elles doivent souvent assumer à la fois leur vie professionnelle et privée, s'occuper de leurs enfants...", souligne le Dr Olfa Jouni, médecin du travail, CMIE-SEST à Paris. Ces facteurs expliquent aussi, en partie, la hausse de certains cancers chez les femmes.
L'expansion des cancers du sein, du poumon et du côlon
D'après les données de l’Institut national du cancer, chez la femme, trois cancers sont responsables du plus grand nombre de décès : sein (12 000), poumon (10 000) et côlon (8 000). Entre 1990 et 2018, le nombre annuel de nouveaux cas de cancer du sein chez la femme a presque doublé, passant de 29 970 à 58 400 cas annuels. Quant au cancer colorectal, il est le deuxième cancer plus fréquent après celui du sein (43 336 nouveaux cas en 2018 ).
"Plusieurs facteurs expliquent la hausse de ces cancers chez la femme : l'exposition croissante aux perturbateurs endocriniens (tels que les pesticides) par le biais de l'alimentation, mais aussi des produits cosmétiques ; la pollution de l'air et l'augmentation de la sédentarité et du stress. Concernant le cancer du sein, la hausse s'explique aussi par ce cancer est davantage dépisté qu'il y a quelques années", indique le Dr Olfa Jouini.
Le cancer du poumon a augmenté de 72 % des chez les femmes
Par ailleurs, le nombre de nouveaux cas de cancer du poumon a augmenté de 72 % chez les femmes entre 2002 et 2012, alors qu’elle est restée stable chez les hommes. "Actuellement, 20% des femmes de notre pays sont fumeuses. La France est l'un des plus mauvais élèves d'Europe en la matière. Le tabac entraîne aussi d'autres pathologies graves et notamment, la broncho pneumopathie chronique obstructive (BPCO) qui est une maladie chronique inflammatoire des bronches", confie le Dr Amina Yamgnane, gynécologue à la maternité de l'hôpital Américain de Paris. Entre 2002 et 2015, les hospitalisations liées à une BPCO ont doublé chez les femmes.plus récemment, les maladies mentales ont, elles aussi, augmenté de façon insidieuse.
L'anxiété et la dépression : un fléau sous-estimé
Certaines périodes de vie peuvent également fragiliser les femmes. C'est le cas notamment de la grossesse et des premières années de vie de l'enfant. "En 2017, 62 femmes se sont suicidées pendant la grossesse ou après l'accouchement. Les dépressions post-natales ont nettement augmenté ces dernières années. Or les troubles mentaux restent trop souvent négligés et sous-diagnostiqués. Il est primordial les prendre en charge pour la mère et son enfant. En effet, parmi les jeunes qui effectuent une tentative de suicide, beaucoup ont été élevés par des mères dépressives", assure le Dr Amina Yamgnane.
La crise sanitaire a aggravé la santé mentale des femmes
D'après une étude menée par la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques, en mai 2020, 13,5 % des personnes âgées de 15 ans ou plus, vivant en France, déclarent des symptômes évoquant un état dépressif, une proportion en hausse de 2,5 points par rapport à 2019. Cette augmentation est plus importante chez les femmes et les moins de 44 ans.
"La crise sanitaire a aggravé la santé mentale des femmes. Si elles sont davantage aidées par leurs conjoint qu'il y a une trentaine d'années pour les tâches domestiques et l'éducation des enfants, elles restent globalement plus nombreuses à assumer ces missions. Et elles souhaitent aussi faire carrière. Les confinements successifs n'ont pas arrangé leur situation. Les cas de burn out et de stress chronique chez la femme ont nettement augmenté", note le Dr Olfa Jouini.
Les infections sexuellement transmissibles
Avec l'avènement de la Covid-19, d'autres maladies ont pris de l'ampleur : les infections sexuellement transmissibles.
La hausse des infections à chlamydia touche principalement les jeunes femmes
Transmises lors des relations sexuelles, les infections sexuellement transmissibles (IST) sont provoquées par des virus, des bactéries ou des parasites. En France, les IST sont en augmentation : la hausse des infections à chlamydia touche principalement les jeunes femmes.
De fait, entre 2015 et 2017, le nombre d’infections à chlamydia a augmenté de 16% : 60 % des cas rapportés concernent des femmes, en majorité âgées de 15 à 24 ans. L'utilisation non systématique du préservatif explique, en grande partie, cette hausse.
"Les confinements et l'engorgement des hôpitaux lié à la pandémie ont également freiné le dépistage de maladies telles que le chlamydia, gonorrhée ou la syphilis. Or le dépistage est indispensable pour limiter la propagation de ces IST car certaines ne provoquent pas de symptômes", conclut Amina Yamgnane.
Merci au Dr Olfa Jouni, médecin du travail à Paris et au Dr Amina Yamgnane, gynécologue à la maternité de l'hôpital Américain de Paris
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