2%. C’est la proportion d’adultes européens affectés par la dépression saisonnière hivernale. Cette maladie touche quatre fois plus de femmes que d’hommes, et les personnes jeunes et celles ayant des antécédents familiaux de dépression sont plus susceptibles d’être concernées.
“La dépression estivale n’a jamais beaucoup intéressé la recherche”
Au fil des années, la science a réussi à comprendre, dans une certaine mesure, les mécanismes de ce type de dépression qui survient à l’approche de l’hiver, voire de l’automne. Celle-ci est notamment "due au déficit de soleil et de lumière naturelle", d’après le dictionnaire médical Vidal. Les jours raccourcissent, il fait froid, gris, on n’a plus envie de rien, on s’irrite pour pas grand-chose
Ce que la médecine prend moins en considération, néanmoins, c’est la dépression estivale. “En comparaison avec la dépression hivernale, elle n’a jamais beaucoup intéressé ni la recherche, ni l’opinion”, déplore le neuroscientifique Richard Sima dans les colonnes du Washington Post. Déjà, en 1984, le psychiatre américain Norman Rosenthal regrettait le manque d’informations disponibles à propos de la dépression estivale : “Cela mérite, de façon certaine, plus d'études scientifiques, et de façon tout aussi certaine, qu’on se penche davantage sur le sujet”, alertait le médecin.
Les symptômes de la dépression estivale diffèrent de ceux de la dépression hivernale. Si ces deux types de trouble psychologique se manifestent par une humeur maussade et une réduction de la sensation de plaisir, les personnes souffrant de dépression hivernale ont tendance à trop dormir et à trop manger, alors que c’est plutôt l’inverse pour les personnes concernées par la dépression estivale. “Elles ont moins d’appétit et souffrent d’insomnies”, précise le docteur Rosenthal.
L’été, les dépressifs seraient plus à risque de suicide
Comme l’explique Richard Sima, la dépression estivale “agite” davantage le patient, qui est plus angoissé et moins léthargique. Les malades seraient également plus à risque de suicide : le nombre de comportements suicidaires atteint un pic à la fin de l’été, alors qu’il baisse drastiquement durant l’hiver.
Comment expliquer ces différences ? Selon Norman Rosenthal, il se pourrait que les patients ayant des idées suicidaires au cours de l’hiver n’aient pas l’énergie de mener leur “projet” à bien. À l’inverse, les personnes souffrant de dépression estivale auraient davantage d’énergie, ce qui leur donnerait plus de “motivation” pour se faire du mal, jusqu’au suicide.
Dépression estivale : rare mais grave
Le neuroscientifique Richard Sima note par ailleurs que la dépression estivale est plus hétérogène, d’où une plus grande difficulté pour l’étudier. On sait que la dépression hivernale touche environ 5% des Américains, mais on ne dispose, à l’heure actuelle, que de peu de chiffres sur la dépression estivale. “Il n’y a pas eu beaucoup de recherches sur le sujet durant les décennies qui ont suivi la description de ce trouble par Rosenthal et ses collègues”, regrette Richard Sima.
Une étude danoise datant de 1999 menée sur 2819 personnes montre toutefois qu’environ 0,1% des volontaires présentaient les symptômes de ce type de dépression. La conclusion des auteurs de cet article est sans appel : la dépression estivale, bien qu’elle soit plus rare que la dépression hivernale, doit être reconnue et traitée par des professionnels de santé. Si vous sentez que vous pourriez être sujet·te à ce trouble psychologique, consultez votre médecin traitant, qui saura vous aiguiller vers un·e psychologue ou un·e psychiatre.
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