
Vouloir venir en aide à ses proches n’a rien d’anormal, bien au contraire. Mais secourir constamment les autres aux dépens de son propre bien-être peut devenir hasardeux. Ce besoin s’avère toxique et risque de fragiliser la santé mentale. C’est ce que l’on appelle le syndrome de l’infirmière.
Bien que cela puisse passer pour de l’altruisme, la réalité est bien différente. Il se dégage un vrai sentiment de satisfaction à observer qu’un proche se sent mieux et à réussir là où tout le monde a échoué. "Je veux le sortir de là, j'ai besoin de l'aider, si je le soutiens, il pourra y arriver. Mais votre mission n'est pas de sauver qui que ce soit, et encore moins quand ce sauvetage implique votre propre naufrage", explique le comité Psychologue.net sur son site.
Un besoin excessif d’aider les autres, qui touche principalement les femmes
"Elles se sentent investies d'une mission : elles doivent accompagner, soutenir et réparer leurs proches en souffrance, coûte que coûte, sans rien attendre en retour", précise Aline Nativel Id Hammou, psychologue, au journal Santé Magazine.
"L'infirmière cherche chez l'autre la confirmation qu'elle est quelqu'un de bien, et cela instaure un déséquilibre."
Pour la docteure en psychologie Béatrice Millêtre, interrogée par Le Journal des Femmes, l'infirmière ira donc exclusivement, ou presque, vers des partenaires présentant des phobies sociales, des addictions, une timidité extrême, une forme de dépression ou une santé mentale instable.
Un manque de confiance en soi
Ce syndrome n'apparaît pas par hasard. Il prend racine dans le manque d’estime de soi. "Ces personnes peuvent avoir subi des formes de maltraitance. Elles n'ont pas eu le sentiment d'avoir été suffisamment entourées, considérées, aimées ou aidées par leurs parents et souffrent de troubles de l'attachement", souligne Aline Nativel Id Hammou.
La confiance en soi est la base d'une relation saine. "Si celle-ci n'a pas de fondations stables, ça ne pourra pas fonctionner. L'infirmière cherche chez l'autre la confirmation qu'elle est quelqu'un de bien, et cela instaure un déséquilibre", indique le Dr Millêtre.
Des conséquences loin d’être anodines
Les répercussions sur la santé dépassent l’aspect psychologique : troubles du sommeil, perte d’appétit, anxiété… "La personne s'oublie et vit uniquement pour sauver l'autre. L'infirmière peut aller jusqu'à inventer des pathologies à son conjoint pour se donner l'impression de le soigner ou le rabaisser pour ensuite le réconforter", souligne le Dr Millêtre.
"C'est une emprise malsaine. Or, la relation aux autres fait partie des besoins fondamentaux. Si celle-ci est toxique, alors la personne se trouve dans un déséquilibre total", alerte l'experte.
Les personnes victimes de ce mal-être se mettent réellement en danger. Elles donnent tout, quitte à négliger leur santé mentale et physique. "Elles se confortent dans leur mission, mais comme tout le monde, elles ont des limites et peuvent finir par s'essouffler lorsqu'elles sont utilisées par leur entourage", relève Aline Nativel Id Hammou.
La porte de sortie pour une meilleure santé mentale
Comme pour n’importe quel trouble, la première étape pour s’en sortir est d’en prendre conscience. "Il faut se poser la question suivante : est-ce que ma volonté d'aider ou de m'occuper des autres, notamment de mon ou ma partenaire, comble un besoin ou un manque ?", analyse le Dr Millêtre.
Surmonter ce syndrome commence par apprendre à se consacrer du temps. "La guérison passe par se libérer de son histoire et apprendre à prendre soin de soi-même", explique le site Psychologue.net.
Cela ne signifie pas qu’il faille cesser d’aider les autres, mais plutôt le faire de manière plus constructive, en s’engageant par exemple dans une association. "Vous ne dépenserez plus votre énergie pour des personnes qui ne souhaitent pas s'aider elles-mêmes."
psychologue.net
Santé Journal des Femmes
Santé Magazine