Mère toxique : comment savoir s'il faut couper les ponts ?Adobe Stock
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Nos mères nous ont donné la vie. Elles nous ont gardés dans leur ventre pendant 9 mois. Durant toute cette période, une relation viscérale, plus ou moins forte, s'est créée. Certaines mères décrivent ainsi que leur enfant est le prolongement d'elles-mêmes. Elles désignent leur progéniture comme "la chair de leur chair". Cette relation intime, si particulière, est unique. Nous ne pouvons l'expérimenter avec aucun autre être humain.

Par ailleurs, nos mères nous ont (le plus souvent) élevés. Elles nous connaissent par cœur. Elles sont bien au courant de nos failles et de nos forces. Certaines jouent même le rôle de confidentes. Lorsqu'une relation de confiance s'instaure, il n'est pas rare que nous leur confions nos joies, nos peines et nos secrets. Cette proximité peut être rassurante, sécurisante, lorsqu'il existe une véritable bienveillance dans la relation. Mais elle peut également devenir toxique.

Les raisons pour lesquelles une mère peut devenir toxique

Comme tous les êtres humains, nos mères ne sont pas parfaites. Certaines sont très exigeantes. D'autres, d'humeur inégale. Une certainejalousie peut également émerger, le plus souvent entre les mères et leurs filles. Notamment lorsque ces dernières deviennent adolescentes. Les mères peuvent alors se sentir "en concurrence" avec ces femmes en devenir. Il n'est pas rare non plus que les mères souhaitent réparer leurs erreurs et pallier leurs échecs (amoureux, amicaux, professionnels...) à travers leur enfant.

Dans ces conditions, elles peuvent mettre une forte pression sur leur progéniture pour atteindre leurs objectifs. Un rapport de soumission de l'enfant vis-à-vis de la mère peut s'instaurer de façon insidieuse. Ce cas de figure n'est, malheureusement, pas rare. Dans ces conditions, il n'est pas simple de se libérer de l'emprise maternelle. Surtout quand il reste de l'amour. Mais lorsque la relation devient insupportable, source de souffrances sur le long terme, il faut savoir couper les ponts.

Comment se protéger de la jalousie d'une maman ?

Les mères envieuses sont souvent celles qui ont l'impression de ne pas avoir réussi leur vie. Histoire familiale complexe, ruptures amicales ou conjugales, difficultés dans la vie professionnelle... Elles éprouvent de la frustration lorsqu'elles pensent à leurs échecs. Un sentiment qu'elles ont du mal à gérer.

"Souvent, les mères jalouses n'ont pas été valorisées par leur propre mère ou par leur(s) sœur(s). Leur estime d'elles-mêmes est faible. Elles ne supportent pas de voir que leur fille a réussi sa vie sociale, professionnelle ou familiale et elles veulent lui mettre des bâtons dans les roues", souligne Camille Rochet, psychologue au Chesnay-Rocquencourt (www.anoustous.com). La jalousie mère/fils est plus rare, mais elle existe aussi ! Dans tous les cas, ce sentiment les mène à vouloir saboter la vie de leur(s-enfant(s), de façon plus ou moins consciente.

"Le rôle du père est également important : ce dernier peut soutenir sa fille, face à la jalousie maternelle, mais il peut aussi être indifférent. Or, souvent, les filles ayant eu une mère jalouse et un père taciturne ont tendance à être en colère vis-à-vis de leur conjoint. Elles attendent, à tort, que ce dernier vienne réparer l'histoire difficile qu'elles ont vécu avec leur mère", note Camille Rochet.

À quel moment faut-il couper les ponts ?

Il faut savoir couper la relation lorsque la jalousie maternelle devient trop lourde, trop toxique. "Si l'on se sent envahi par les sentiments négatifs que notre mère nous porte et que l'on n'arrive plus à vivre notre vie de façon sereine, on doit prendre les devants. La rupture n'est pas forcément définitive : elle peut être transitoire. On peut tout simplement exprimer le besoin de prendre du recul, de souffler et de se reconstruire pendant une période donnée", indique Camille Rochet.

Cette rupture transitoire peut amener à une prise de conscience chez la mère. "Mais, souvent, on ne peut pas changer une mère toxique, trop jalouse, c'est à nous de changer la relation que nous avons avec elle. Et lorsque la méchanceté maternelle se répercute sur nos enfants ou sur notre conjoint, il faut généralement rompre la relation pour de bon", confie Camille Rochet.

Comment s'épanouir lorsque l'on a une mère défaillante ?

Certaines mères n'ont jamais eu le sens des responsabilités. D'autres ont été absentes durant notre enfance. Davantage occupées à remplir leur propre vie qu'à nous élever. "Avoir une mère défaillante, c'est l'une des pires situations que l'on peut vivre durant l'enfance. On se sent abandonné, mal aimé. On pense que l'on n'est pas digne d'intérêt. Certaines mères mettent par exemple leur(s) enfant(s) à l'écart pour s'occuper de leur vis intime, amoureuse", affirme Camille Rochet.

"Une certaine empathie est nécessaire mais on ne peut pas tout accepter"

Une mère absente est une mère toxique qui a souvent ses propres souffrances. Mais qui les répercute sur ses enfants. "C'est souvent lorsque l'on devient adulte que l'on comprend pourquoi une mère a été défaillante. Connaître ces raisons est un vrai soulagement. Car l'enfant (devenu adulte) se rend compte qu'il n'a rien à se reprocher et que le problème émane de sa mère", note Camille Rochet. Ces raisons peuvent être diverses et variées, liées à des souffrances que la mère a vécues durant sa propre enfance, à des problèmes psychiques ou à des traits de caractère particuliers (égoïsme, égocentrisme). Avant de rompre tout lien avec une mère défaillante, il faut tenter de la comprendre.

"Une certaine empathie est nécessaire, mais on ne peut pas tout accepter. Dès lors qu'il y a méchanceté et maltraitance, il vaut mieux mettre fin à la relation", résume Camille Rochet.

La bonne réaction pour faire face aux mères étouffantes

Il est des mères qui envahissent notre quotidien. Certaines nous appellent tous les jours et débarquent chez nous de façon imprévue. Tout se passe comme si nous étions leur "chose". Parfois, la question culturelle peut être au cœur du problème. "Dans certains pays d'orient ou d'Asie par exemple, les mères sont particulièrement imposantes", précise Caille Rocher.

Les mères étouffantes sont souvent animées par de bonnes intentions. "Elles sont aidantes et généreuses. Elles arrivent, par exemple, chez leurs enfants avec un bon plat fait-maison, les couvrent de cadeaux, les aident à faire leurs tâches ménagères... ", affirme Camille Rochet.

Il faut pouvoir mettre de la distance

Face à cet excès de gentillesse, il est difficile de reprocher quoi que ce soit. Pourtant, une mère envahissante est une mère étouffante qui ne respecte pas notre espace vital et notre besoin d'intimité. "Face à cette situation, il faut pouvoir exprimer ses besoins et ses attentes. Il faut pouvoir dire que l'on préfère rester seul à un moment donné. Il faut également pouvoir mettre de la distance. Par exemple, en ne répondant pas immédiatement à un texto. L'objectif est de montrer que l'on a toujours envie de voir notre mère, de lui dire qu'on l'aime, même si on la voit moins souvent", souligne Camille Rochet.

Comment mettre fin à la relation de soumission ?

Les mères autoritaires ont tendance à le rester et à exercer leur pouvoir sur leurs enfants alors même qu'ils sont devenus adultes ! Ce type d'attitude est non seulement infantilisant, mais il peut aussi être humiliant.

Recevoir des ordres de la part d'une mère et ne pas pouvoir s'affranchir de l'autorité maternelle est difficile à supporter. Dans ce type de relation, la rupture n'est pas toujours nécessaire. Il faut pouvoir échanger et faire valoir notre propre vision des choses.

À quel moment envisager la rupture ?

"On peut tout à fait dire à notre mère qu'elle a le droit de nous donner des conseils, mais pas des ordres. Et que l'on n'est pas tenu de lui obéir ! Il faut communiquer de façon apaisée, tout en se faisant respecter. Inutile de se mettre en colère contre sa mère : ce type d'attitude est contre-productif", indique Camille Rochet. Lorsque aucune communication n'est possible et que la relation de soumission devient trop lourde à gérer, la rupture peut être envisagée.

Sources

Merci à Camille Rochet, psychologue au Chesnay-Rocquencourt

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