"Tout le monde peut donner son corps"
"Tout le monde peut donner son corps. Une seule exception est faite pour le porteur d’une maladie contagieuse. C’est pourquoi le certificat médical de décès spécifiant que le défunt n’est pas porteur d’une maladie transmissible est demandé avant l’acceptation du corps", annonce d’emblée Vincent Delmas, Membre de l’Académie nationale de médecine, Professeur émérite d’Anatomie Université Paris Descartes et ancien président de la Société Anatomique de Paris.
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La crémation étape par étapeLe don est anonyme et gratuit. Il faut juste "écrire au centre du don du corps de la faculté de médecine la plus proche pour lui faire part de son intention". La faculté délivre alors une carte de donateur à mettre en évidence pour que le moment venu, la famille connaisse la volonté du défunt et prévienne le centre du don du corps.
"Tout ou partie du corps peut être utilisé"
Donner son corps à la science est "un choix librement consenti pour aider la science, plus exactement la science médicale", qui regroupe l’enseignement et la recherche. Lorsque le corps est utilisé "pour la recherche en anatomie validée par un conseil scientifique", il va permettre aux chercheurs de répondre aux questions anatomiques de la chirurgie et de l’imagerie médicale, mais aussi d’anticiper par la recherche pure des domaines qui seront ensuite utiles à la médecine.
"Selon les gestes effectués, tout ou partie du corps peut-être utilisé. Aucune n’est privilégiée, car la médecine soigne toutes les parties du corps."
Un corps incinéré anonymement
Pour aider les proches à faire leur deuil, une cérémonie peut être faite avant que le corps du donateur arrive à la faculté. Car ensuite, le don étant anonyme, la famille n’a plus accès au corps qui est incinéré. Elle ne peut ainsi pas assister à la crémation, ni récupérer les cendres.
"A Paris, les cendres sont répandues sur le carré des donateurs au Cimetière parisien de Thiais où une stèle rend hommage aux donateurs. Elle est fleurie chaque année au 1er novembre." Chaque année, une cérémonie du souvenir est également faite au funérarium du Père Lachaise en hommage aux donateurs de l’année. Elle rassemble toute les familles qui le souhaitent. Si l’incinération anonyme est obligatoire dans toute la France, "chaque laboratoire d’anatomie a ses propres protocoles de cérémonie du souvenir et de reconnaissance pour les donateurs", conclut Vincent Delmas.
Le corps peut aider les futurs médecins
Les personnes qui font cette démarche expliquent souvent leur choix en disant vouloir aider les futurs médecins, et pour certains aussi "remercier ceux qui se sont occupés d’eux pendant leur maladie". Le corps peut ainsi être utilisé "dans un programme pédagogique, en particulier la formation des chirurgiens ou des anesthésistes", précise Vincent Delmas. Les étudiants peuvent ainsi "voir concrètement ce qu’on leur a appris en théorie".
Quant aux chirurgiens, ils peuvent s’entraîner à réaliser des techniques apprises dans les livres dans des conditions identiques à une salle d’opération. Par ailleurs, comme lors de dons d’organes, les corps sont respectés et les incisions suturées.