Pour la plupart des femmes, ménopause est souvent synonyme de bouffées de chaleur. Or, celles-ci peuvent considérablement perturber le quotidien de celles qui les subissent. Pour y remédier, l’hôpital St Joseph’s Healthcare Hamilton, au Canada, propose un programme en 12 semaines, basé sur les thérapies cognitives et comportementales (TCC). Depuis sa création, les résultats obtenus sont très encourageants.
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Outre l’arrêt des règles, la ménopause entraîne des symptômes désagréables pour au moins 80 % des femmes, indique l’Inserm. Les plus courants sont les bouffées de chaleur et les sueurs nocturnes, mais on peut aussi citer l’anxiété, les fuites urinaires, la sécheresse vaginale, les troubles du sommeil ou encore l’irritabilité. Ils peuvent durer jusqu’à une dizaine d’années.
Dans le programme du St Joseph’s Healthcare Hamilton, les femmes apprennent à remettre en question les pensées négatives, qui ont tendance à empirer leurs bouffées de chaleur, et à les remplacer par des idées plus positives. Par exemple, au lieu de se dire que tout le monde a les yeux rivé sur ces petites gouttes de transpiration sur votre front, il est plus raisonnable de se dire que personne ne va remarquer votre coup de chaud et que ce dernier ne sera plus que de l’histoire ancienne dans quelques minutes.
“Nous savons que les pensées et la cognition ont un impact sur la physiologie”, explique le Dr Sheryl Green, l’une des spécialistes ayant développé ce programme et professeure agrégée dans le département de psychiatrie et de neurosciences comportementales de la McMaster University.
Des techniques de respiration profonde pour atténuer les bouffées de chaleur
Les participantes apprennent à adopter une respiration lente et profonde dès qu’elles sentent venir une nouvelle bouffée de chaleur. Parmi elles, Maryam Jalalipour, comptable, dit y avoir souvent recours pendant la journée. “Ça m’aide à me vider l’esprit”, précise-t-elle. En effet, cette technique permet à la fois de détourner l’attention du symptôme et de calmer le système nerveux.
Les thérapies cognitives et comportementales aident surtout les femmes à changer leurs perceptions des bouffées de chaleur et à mieux vivre avec. Mais elles peuvent aussi influer sur l’intensité même de ces symptômes, en diminuant l’anxiété et les bouleversements émotionnels qu’ils provoquent, indique le Dr Green.
“L’anxiété active le système nerveux autonome. Vous commencez à avoir chaud, votre cœur s’emballe... et c’est un peu ce qui se passe avec une bouffée de chaleur. Ces deux expériences interagissent et [la bouffée de chaleur] est amplifiée", explique la spécialiste. Autrement dit, plus on est anxieux, plus on risque de souffrir de ce symptôme - d’où l’intérêt d’apprendre à se calmer.
Une efficacité avérée des TCC contre la dépression
Près d’un quart des femmes ménopausées estiment que leurs symptômes affectent leur qualité de vie. Chez certaines d’entre elles, le risque de dépression est accru. Au sein du programme St Joseph, la psychologue Eleanor Donegan utilise l’activation comportementale pour lutter contre les symptômes dépressifs.
Cette stratégie consiste à planifier régulièrement des activités qui nous procurent du plaisir. Cours d’aquagym, randonnée, resto en amoureux… Chaque participante doit trouver des idées d’activités, qui peuvent aller de petites choses faciles à mettre en place à des projets nécessitant un peu plus d’efforts. La psychologue explique que cette approche permet d’améliorer l’humeur des patientes.
Une étude menée au mois de mai auprès de 71 femmes, et publiée dans la revue Menopause, a montré une réduction significative des bouffées de chaleurs chez les femmes qui suivaient le programme, par rapport au groupe témoin. Les symptômes dépressifs se trouvaient également réduits : 61,8 % des patientes sur liste d’attente présentaient un trouble dépressif majeur, contre 32,4 % des femmes ayant suivi la thérapie.
Les traitements hormonaux de la ménopause ne sont pas exempts d’effets indésirables
Les thérapies cognitives et comportementales semblent donc être une bonne alternative au traitement hormonal de la ménopause (THM). Ce dernier est parfois utilisé pour pallier la chute des taux d'œstrogènes et de progestérone, mais n’est pas exempt d’effets indésirables.
D’ailleurs, si le THM était prescrit de façon quasi systématique dans le passé, ce n’est plus le cas depuis la sortie d’une étude de la Women’s Health Initiative en 2002. Les chercheurs avaient observé un risque accru de cancer du sein, de crise cardiaque et d’AVC chez les femmes sous hormonothérapie.
Des risques accrus de cancer et de maladies cardiovasculaires
Ces résultats peuvent toutefois être nuancés. D’une part, car les produits incriminés dans cette étude américaine ne sont pas les mêmes que ceux utilisés en France. D’autre part, parce que des analyses ultérieures ont montré que les risques varient en fonction de l’âge auquel les femmes commencent à prendre ces médicaments. Les participantes avaient pris ce traitement relativement tard (63 ans en moyenne).
L’Agence française du médicament a donc mis en place un groupe de travail pour vérifier ces risques, en mars 2004. Leurs conclusions semblent confirmer la possible survenue de complications. Les scientifiques estiment qu’entre 2000 et 2002, les THM seraient responsables de 650 à 1 200 cancers du sein par an, de 60 à 200 infarctus, et de 300 à 650 cas d’AVC, chez les femmes âgées de 40 à 65 ans. La possibilité de combattre les désagréments de la ménopause par des moyens plus doux est donc une bonne nouvelle.
A New Way to Treat Hot Flashes—With Talk Therapy, The Wall Street Journal, 14 octobre 2019.
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