Migraine, mal de dos, douleurs articulaires? 20 à 30% de la population souffrent de douleurs chroniques, et plus on avance en âge plus on est touché. Le réflexe souvent? Dégainer un antalgique (médicament contre la douleur) et croiser les doigts pour que cela passe.
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Médicaments antalgiques : les précautions à prendreMalheureusement bien souvent la douleur revient, s’intensifie, s’installe et les médicaments font de moins en moins d’effets. Alors on augmente les doses, on prend des médicaments de plus en plus forts… sans succès. Car notre organisme ne s’habitue jamais à la douleur. Que faire alors ? La réponse à nos questions de notre médecin de la douleur.
Quels antalgiques pouvons-nous prendre quand nous avons mal ?
Dre Marguerite d’Ussel : Les médicaments contre la douleur sont classés par paliers, selon qu’ils sont plus ou moins forts. Le premier est la grande famille des antalgiques non opioïdes (qui ne contiennent pas de morphine) comme le paracétamol, l’aspirine, les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS). Le second comprend les antalgiques opioïdes dits faibles (Tramadol, Dafalgan codéiné, Lamaline…) et le troisième les opioïdes forts comme la morphine ou l’oxycodone.
Certains sont sur prescription du médecin (classe 2 et 3, NDLR), d’autres vendus sans ordonnance, mais on sait que beaucoup de Français les utilisent hors cadre, car ils ont souvent des restes de boîtes, y compris pour les médicaments morphiniques.
Dans tous les cas, leur usage doit être adapté à l’intensité de la douleur, évidemment. Mais s’ils sont efficaces contre une douleur aiguë (on se cogne, on a une rage de dents, un lumbago…), ils le sont beaucoup moins - voire plus du tout - quand la douleur est installée, chronique. À cela s’ajoute un autre problème pour certains de ces médicaments : le surdosage. On est, en effet, tenté d’en prendre de plus en plus, car les effets bénéfiques diminuent avec le temps.
Pourquoi ces médicaments ne fonctionnent plus quand la douleur persiste ?
Dre M. d’U. : Parce qu’alors le circuit de la douleur est lésé et donc le système nerveux atteint, il ne répond plus de la même façon à une stimulation d’intensité similaire. On développe réellement une hypersensibilité à la douleur (y compris à d’autres douleurs en dehors des crises). Le circuit de la douleur peut aussi être altéré par une maladie (sclérose en plaque, zona, AVC, maladies inflammatoires comme les rhumatismes…), par des facteurs génétiques, par un traumatisme.
Si la douleur est installée depuis plus de trois mois, que les crises se rapprochent, que l’on se sent globalement plus douloureux.. ce sont des signes à prendre en compte.
La douleur chronique est une maladie à part entière, reconnue par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) depuis 2019. Elle doit être traitée comme telle.
Quels médicaments prendre alors quand les antalgiques ne suffisent pas ?
Dre M. d’U. : Parallèlement à la prise en charge de la cause de la douleur et en tenant compte du profil du patient, il faut mettre en place un traitement pour soigner la maladie “douleur”, et donc restaurer le circuit lésé. On n’abandonne pas forcément pour autant les antalgiques, car ils sont utiles pour mieux gérer les crises… à condition de les prendre au bon moment. Si vous avez déjà mal, c’est trop tard ! Mieux vaut anticiper et prendre 2 à 3 grammes de paracétamol répartis sur la journée en prévision (matin, midi et soir), si vous avez de l’arthrose par exemple et que vous hésitez à pratiquer une activité physique par peur des douleurs.
Le bénéfice est d’autant plus important que l’activité physique est recommandée en cas d’arthrose. Parallèlement aux antalgiques, dont l’usage sera bien maîtrisé, votre médecin (traitant ou spécialiste) peut vous proposer deux catégories de médicaments pour restaurer le circuit de la douleur et donc sortir de la chronicité et de ce cercle vicieux douloureux, les antiépileptiques ou les antidépresseurs. Les deux sont efficaces, votre médecin vous orientera vers celui qui correspond le plus à vos besoins.
Interview Dre Marguerite D’Ussel, médecin de la douleur à l’hôpital Paris-Saint Joseph et secrétaire générale adjointe de la Société Française d’Etude et de Traitement de la Douleur (SFETD).
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