L'aspirine soulage certes des maux de tête, mais aurait aussi des vertus médicales plus intéressantes. D'après une récente étude, publiée au sein de la revue The Lancet, une dose régulière d'aspirine pourrait réduire le risque de cancer héréditaire du côlon.
Cancer de l'intestin : l'aspirine aurait un effet "protecteur"
Depuis une vingtaine d'années, plusieurs travaux évoquent les potentiels effets préventifs de l'aspirine face au cancer, notamment celui du côlon.
Or, un nouvel essai international - connu sous le nom de CAPP2 - vient de confirmer les hypothèses passées et renforce encore la recommandation du National Institute for Health and Care Excellence (NICE) sur la prise quotidienne d'aspirine pour les personnes à haut risque de cancer de l'intestin.
Plus précisément, deux aspirines par jour, prises pendant deux ans et demi, réduiraient de moitié le taux de cancer du côlon selon les scientifiques de l'étude.
Ils défendent en ce sens une utilisation "plus large" de l'aspirine, qui ne devrait plus être considérée comme un simple anti-douleur.
Pour mener à bien cet essai, les experts des universités de Newcastle et de Leeds, au Royaume-Uni, ont regroupé des données de participants adultes, atteints du syndrome de Lynch.
En effet, "les personnes ayant une prédisposition génétique au cancer du côlon pourraient nous aider à comprendre comment l'aspirine peut vraiment réduire le risque de cancer", a déclaré l'un des auteurs de l'étude.
Pour information, les personnes atteintes du syndrome de Lynch sont considérées "à risque" face au cancer en raison du défaut génétique que présente leur ADN .
Avant d'analyser dans notre diaporama les résultats de l'étude, rappelons pourquoi la consommation de l'aspirine n'est jamais anodine et quels risques vous courez en cas de surdosage.
Aspirine : un médicament aux nombreux effets secondaires
La prise quotidienne d'aspirine à faible dose par des patients en bonne santé et sans pathologie avérée comporterait plus de risques que de bénéfices, selon de nombreux chercheurs.
D'après une analyse publiée fin janvier 2019 sur la revue de l'Association médiale américaine (Jama), les personnes en bonne santé ont une balance bénéfices/risques peu avantageuse : les bienfaits cardiovasculaires de l'aspirine sont à peu près contrebalancés par le risque accru d'hémorragie, notamment dans le cerveau et les intestins.
"Il n'y a aucune raison pour les gens en bonne santé de prendre de l'aspirine de façon routinière", dit à l'AFP l'auteur principal de l'analyse, le cardiologue Sean Zheng, au King's College de Londres.
"Nos données montrent qu'il existe un risque réel. Les gens ne doivent pas en prendre en pensant que c'est complètement bénin", ajoute le médecin.
Dans une autre étude, cette fois-ci menée auprès de 100 000 participants et dont les résultats ont été publiés dans les Archives of Internal Medicine, la consommation régulière d'aspirine s'est certes accompagnée d'une baisse de 10 % du risque cardiovasculaire, mais celle-ci ne s'est cependant pas traduite par une diminution des décès dus à un accident cardiovasculaire ou à un cancer.
Elle a en revanche entraîné une augmentation de 30 % du risque de saignements internes pouvant mettre en danger la vie du patient.
Après avoir pris note des effets secondaires de ce médicament, voyons ensemble les résultats de l'étude sur les potentiels effets protecteurs de l'aspirine face au cancer colorectal.
2 aspirines par jour pendant plusieurs années pourraient vous protéger du cancer
Après avoir suivi durant 10 ans 861 patients atteints du syndrome de Lynch et qui prenaient de l'aspirine au quotidien (la moitié des participants prenait deux aspirines par jour et l'autre moitié consommait des placebo) les chercheurs en on conclut que "deux aspirines par jour pendant plusieurs années offrent une protection solide (contre le cancer colorectal, ndlr) pendant 10 ans après l'arrêt du traitement".
Toutefois, les "bienfaits" potentiels de la consommation quotidienne d'aspirine n'a porté ses fruits qu'au bout de plusieurs années. Au bout de 5 ans, il n'y avait pas de différence entre ceux qui avaient pris de l'aspirine et ceux qui n'en avaient pas pris.
Le professeur Sir John, qui a dirigé la recherche a ainsi précisé que "l'aspirine a un effet préventif majeur sur le cancer", mais cela ne se voit qu'au bout de 4 ans (minimum) de traitement.
Cancer du côlon : l'aspirine réduit le risque... quand elle est consommée à hautes doses
"Pour les personnes à haut risque de cancer, les avantages sont clairs - l'aspirine fonctionne. Notre nouvel essai international, CaPP3, permettra de voir si de plus petites doses fonctionnent aussi bien", ont déclaré les chercheurs.
Pour observer les effets "protecteurs" de l'aspirine face au cancer colorectal, les participants ont dû en effet ingérer deux aspirines par jour (600 mg) pendant plusieurs années. Ce qui n'est pas une dose anodine.
42 % de cancers du côlon en moins
Au bout de dix ans de suivi, les chercheurs ont observé que les participants qui ont reçu deux aspirines par jour (600 mg), avaient 18 cancers du côlon en moins, soit une baisse de 42,6 %.
Parmi ceux qui ont pris de l'aspirine "seulement" pendant deux ans, il y avait 50 % de cancers du côlon en moins.
Tout type de cancers : un risque réduit de 24 %
Lorsque les 163 cancers des participants sont inclus dans l'étude - tels que le cancer de l'endomètre ou encore celui de l'utérus (et pas que celui colorectal) - les chercheurs ont observé un risque global de cancer réduit de 24 % chez ceux qui prenaient de l'aspirine, ou de 37 % chez ceux qui ont pris de l'aspirine pendant deux années.
An aspirin a day keeps the bowel doctor away, Science Codex.
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