L'acronyme PFAS fait référence aux substances chimiques perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées, largement utilisées dans les produits domestiques car elles permettent de rendre ininflammable et d'imperméabiliser les objets. Premier problème : ces produits chimiques synthétiques ne se décomposent pas facilement et s’accumulent dans l’environnement. Cette omniprésence s’étant aussi aux êtres vivants : humains et animaux peuvent présenter des niveaux détectables de composés perfluorés dans leur organisme. D’où le second problème. Une nouvelle étude publiée dans Environmental Health Perspectives ce 27 avril 2022 avance un lien de causalité entre cette surexposition et la stéatose hépatique non alcoolique.
Stéatose hépatique non alcoolique, une maladie chronique en augmentation
La stéatose hépatique non alcoolique (NAFLD - non alcoholic fatty liver disease) est une accumulation de triglycérides dans les cellules du foie, associée à une inflammation de l’organe. A ce stade, des mesures hygiéno-diététiques permettent au foie de guérir et de retrouver un aspect normal. Mais si la surcharge continue, on parle de stéatohépatite non alcoolique (NASH, pour non-alcoholic steatohepatitis). C’est “une maladie chronique qui concerneraient plus de 200 000 personnes en France”, avance l’Inserm. La pathologie est non liée à une consommation excessive d’alcool. Elle est plus fréquente chez les personnes souffrant de diabète de type 2 et/ou d’obésité. Si les traitements permettent de ralentir la progression de la maladie, l’inflammation ne peut cesser de s’aggraver au fil du temps.
La NASH serait responsable de 80 % des cirrhoses non alcooliques.
Selon des données recueillies entre 1990 et 2017, presque tous les pays ou territoires du monde ont connu une augmentation significative de la prévalence de la stéatose hépatique non alcoolique, qui est la principale cause de maladies hépatiques en phase terminale dans le monde. Plus précisément, dans le monde, les cas de NAFLD sont passés de 391,2 millions en 1990 à 882,1 millions en 2017, le taux de prévalence passant de 8,2 % à 10,9 % au cours de la même période.
L’exposition aux PFAS augmente les risques de lésions hépatiques
Selon une nouvelle étude, l’exposition chronique aux PFAS aurait joué un rôle dans cette augmentation des cas dans le monde. Les chercheurs de l’Université de Californie du Sud, ont examiné les données de plus de 100 études impliquant des rongeurs et/ou des humains. Dans l'ensemble, ils ont trouvé un lien entre des niveaux plus élevés de PFAS dans le corps et des concentrations plus fortes d'alanine aminotransférase (ALT), une enzyme produite par le foie. Ce lien préoccupe les scientifiques car des taux élevés d’ALT dans le sang sont un signe courant de lésions hépatiques.
Les chercheurs ont isolé trois PFAS spécifiques comme étant associés à des signes de lésions du foie : l'acide perfluorooctanoïque (PFOA), le sulfonate de perfluorooctane (PFOS) et l'acide perfluorononanoïque (PFNA). “Les preuves de cette étude sur les lésions hépatiques, ainsi que les travaux de nombreux autres chercheurs examinant l’exposition aux PFAS et d'autres résultats de maladies, suggèrent que nous devrions faire plus, non seulement pour éliminer progressivement l’utilisation du PFAS, mais aussi pour l’éliminer activement de notre environnement”, a déclaré au magazine Gizmodo Sarah Rock, auteure principale de l’étude et doctorante au département des sciences de la population et de la santé publique à la Keck School de l’USC of Medicine.
Ces produits chimiques sont également connus pour perturber le fonctionnement des hormones du corps, ce qui peut accroître les risques d’infertilité et de cancer. A cause de leur accumulation dans l’environnement, nous en consommons quotidiennement, à travers l’eau que nous buvons, les poissons, les crustacés, les mollusques ou encore les fruits et légumes que nous mangeons. Mais dans quels produits du quotidien se cachent les PFAS ? Réponse en images.
Les emballages alimentaires
Une étude publiée dans la revue Environmental Health Perspectives en 2019 a comparé les concentrations en PFAS chez les consommateurs de fast-food à celles des individus cuisinant leurs propres repas. Résultats : après 24 heures, les personnes qui avaient consommé des fast-food affichaient une augmentation de la teneur sanguine en PFAS. Or, ces contaminants peuvent persister dans l’organisme plusieurs années, ce qui signifie d’après les scientifiques qu’une consommation régulière de fast-food entraînerait une accumulation des PFAS dans notre organisme.
Une autre étude menée en 2017 sur 400 emballages et papiers à usage alimentaire a révélé que plus de la moitié des papiers d'emballage à pain et à dessert contenaient ces substances chimiques. Elles étaient également présentes dans 40 % des papiers à burger et sandwich ainsi que dans 20 % des cartons utilisés pour contenir les frites.
Les boîtes à pizza, cartons à pop corn et autres papiers cirés utilisés dans l'alimentation peuvent aussi contenir ces composés perfluorés. A ce sujet, l’Union européenne souhaite interdire leur utilisation assez vite.
Les vêtements
Nos vêtements peuvent aussi contenir des PFAS, en particulier les vêtements d’extérieur.
Les cosmétiques
Les produits de beauté sont également susceptibles de contenir des PFAS.
Les ustensiles de cuisine
Les PFAS sont notamment retrouvés dans les poêles anti-adhésives.
Les produits de bricolage
Les PFAS sont également présents dans les cires à parquet, les vernis, les peintures ou encore les isolants de fils électriques, les mousses anti-incendies et les imperméabilisants.
Les pesticides
Certains pesticides contiennent des PFAS.
Les médicaments
Certains médicaments peuvent aussi contenir ces substances chimiques persistantes.
https://www.inserm.fr/actualite/steatohepatite-non-alcoolique-importance-macrophages-foie/#:~:text=La%20st%C3%A9atoh%C3%A9patite%20non%20alcoolique%20(NASH,l'organe%20(h%C3%A9patite).
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7402189/#:~:text=Results,10.9%25%20during%20the%20same%20period.
https://ehp.niehs.nih.gov/doi/10.1289/EHP10092
https://gizmodo.com/pfas-exposure-liver-damage-research-1848844387
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6104644/
https://ehp.niehs.nih.gov/doi/10.1289/EHP4092
https://www.liberation.fr/terre/2020/06/17/les-perfluores-des-polluants-eternels-et-omnipresents_1791597/
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