Crise d’asthme, irritations oculaires, développement de cancer… Les effets néfastes de la pollution atmosphérique sur la santé sont bien connus. Une nouvelle étude chinoise montre que l’exposition à quatre polluants dans l’air pouvait provoquer une crise cardiaque dans l’heure suivante, et ce, quel que soit le niveau de concentration de ces particules polluantes. La rédaction fait le point.
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Yeux : la pollution augmenterait le risque d’avoir une DMLA“Les effets cardiovasculaires de la pollution de l’air devraient être une préoccupation sérieuse pour tous, y compris les décideurs politiques, les cliniciens et les particuliers”, a déclaré Haidong Kan, professeur à l’École de santé publique de l’Université Fudan de Shanghai. Il a dirigé l'étude publiée vendredi dans la revue Circulation de l'American Heart Association. “Pour les décideurs politiques, nos conclusions soulignent la nécessité de renforcer davantage les normes de qualité de l’air, un contrôle plus strict de la pollution de l’air et une réponse rapide de la santé publique.”
Syndrome coronarien aigu : même faible, la pollution de l’air augmente les risques
Le syndrome coronarien aigu est l’obstruction soudaine d’une ou plusieurs artères coronaires. Il peut provoquer :
- un angor instable : c’est “souvent un prélude à l'infarctus du myocarde ou à des troubles du rythme ou, moins fréquemment, à une mort subite”, détaille le manuel médical Vidal. Il se traduit par une gêne thoracique avec ou sans dyspnée, des nausées et une transpiration excessive.
- un infarctus du myocarde : communément appelé crise cardiaque, cela correspond à la mort du tissu cardiaque due à un manque d’apport sanguin.
Dans cette nouvelle étude, les chercheurs ont analysé les données médicales de près de 1,3 million de personnes traitées pour des crises cardiaques et un angor instable dans 2 239 hôpitaux de 318 villes chinoises entre 2015 et 2020. Ils ont analysé les heures d’apparition de ces événements cardiaques en fonction des concentrations de particules fines, de dioxyde d'azote, de dioxyde de soufre, de monoxyde de carbone et d’ozone.
“Les effets cardiovasculaires néfastes de la pollution de l’air ont été bien documentés. Mais nous avons quand même été surpris par les effets très rapides”, a déclaré le scientifique à l’origine de ces recherches. En effet, le risque était le plus grand pendant la première heure suivant l'exposition.
Autre élément à noter : les risques de développer un problème cardiaque augmentent quel que soit le niveau de pollution pour tous les polluants étudiés, excepté l’ozone. “Une autre surprise a été les effets sans seuil de la pollution de l’air. En d'autres termes, toute concentration de polluants atmosphériques (tels que les particules fines, le dioxyde d'azote, le dioxyde de soufre et le monoxyde de carbone) enregistrée dans la présente étude peut avoir le potentiel de déclencher une crise cardiaque.” Néanmoins, à mesure que les concentrations de pollution augmentaient, le risque d’infarctus du myocarde s’élevait également.
Infarctus du myocarde et pollution : un risque plus élevé pour les 65 ans et plus
L’exposition au dioxyde d’azote était la plus fortement associée au risque cardiaque, suivie des particules fines. Par ailleurs, les scientifiques ont découvert que ce lien de cause à effet était plus fort chez les adultes de 65 ans et plus sans antécédents de tabagisme ou d’autres maladies respiratoires. Ce serait également le cas chez les personnes exposées pendant les mois les plus froids de l’année.
Ces résultats suggèrent que “prendre des mesures de protection lorsque les niveaux de pollution de l’air sont élevés pourrait aider à prévenir les crises cardiaques”, a affirmé le Dr Sanjay Rajagopalan, directeur de l’Institut de recherche cardiovasculaire à l’Université de Cleveland. Ce spécialiste a co-écrit en 2020 une déclaration avec l’American Heart Association sur la façon de réduire l’exposition de la population à la pollution atmosphérique. Les stratégies comprennent la fermeture des fenêtres et l’utilisation de purificateurs d’air portables et de filtres de climatisation intégrés, ainsi que de respirateurs purificateurs d’air personnels qui couvrent le nez et la bouche pour les personnes à haut risque. Selon lui, les masques protégeant du Covid-19 peuvent également être utiles pour se protéger.
https://www.ahajournals.org/doi/10.1161/CIRCULATIONAHA.121.057179
https://medicalxpress.com/news/2022-04-air-pollution-exposure-heart-hour.html
https://www.msdmanuals.com/fr/accueil/troubles-cardiaques-et-vasculaires/maladie-des-art%C3%A8res-coronaires/syndromes-coronariens-aiguscrise-cardiaque-infarctus-du-myocarde-angor-instable
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