Les infections urinaires touchent 150 millions de femmes par an et plus de 50% des femmes au cours de sa vie, parfois de manière récurrentes. En pratique, les infections interviennent quand la zone urogénitale est contaminée par des bactéries provenant du microbiote intestinal. En effet selon l'Inserm, les bactéries Escherichia coli sont ainsi impliquées dans 80% de ces infections. Lors d'une étude menée en collaboration avec le CHU de Toulouse, l'INRAE, l'Université Toulouse III et l'École nationale vétérinaire de Toulouse, l'Inserm a découvert que les bactéries présentes dans les urines libéraient une toxine qui modifie l'ADN de la vessie, entraînant par la suite des infections urinaires à répétition.
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Infection urinaire : les signes qui doivent alerterCette découverte, révélée par l'Inserm ce mercredi 24 février, est majeure car elle ouvre des perspectives de traitement futurs pour les personnes souffrant d'infections urinaires chroniques. En pratique, 223 adultes touchés par une cystite due à la bactérie E. coli ont vu leur urine analysée et un biomarqueur a été trouvé dans 25% des cas. C'est la colibactine qui a été identifiée, or cette toxine se révèle capable de pénétrer et de modifier l'ADN de la muqueuse de la vessie. "Si on ne peut pour le moment que spéculer sur l'impact de ces mutations, il est probable qu'elles soient associées à un risque accru de cancer de la vessie", a précisé le directeur de l'étude Eric Oswald.
Des approches thérapeutiques pour moduler le microbiote intestinal
En effet, comme le précise Top Santé, qui relaie l'étude, la toxine a déjà été dientifiée comme un facteur de risque de cancer colorectal. Pour l'Inserm, mieux comprendre les liens entre microbiote intestinal et infections urinaires à répétition est considéré comme une priorité et pour cela, l'organisme de recherche plaide pour un suivi des personnes à risque. "On pourrait imaginer mettre en place une prise en charge plus spécifique des patientes souffrant régulièrement d’infections urinaires, avec une recherche systématique des marqueurs de la colibactine dans leurs urines", assure Eric Oswald.
Le chercheur envisage même des traitements. "De manière plus proactive, on pourrait roposer des approches thérapeutiques visant à moduler la composition de leur microbiote intestinal, qui représente le réservoir principal des bactéries E. coli mises en cause dans ces infections urinaires", suggère l'auteur de l'étude. L'Inserm précise que l’équipe de chercheurs travaille notamment sur plusieurs projets de recherche autour des probiotiques et du réservoir intestinal pour limiter les populations nocives d’E. coli dans le microbiote et favoriser ainsi l’émergence de "bonnes bactéries".
Une toxine à l’origine de dommages à l’ADN retrouvée chez des patients souffrant d’infections urinaires, Inserm, 25 février 2021.
Infections urinaires à répétition : une toxine endommagerait l'ADN de la vessie, 26 février 2021, Top Santé.
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