Vitiligo : premier traitement pour la repigmentation de la peau

Le vitiligo est une maladie qui se caractérise par une destruction d es pigments de la peau par le système immunitaire. Cette pathologie touche entre 0,5 et 1% de la population mondiale, soit 70 millions de personnes. Si cette maladie n’a aucun impact grave sur le plan médical, elle a des conséquences psychologiques importantes car elle est très stigmatisante.

Ainsi, les chercheurs travaillent-ils activement à la mise en place de traitements visant à repigmenter la peau. Plusieurs sont actuellement à l'étude, comme du maquillage médicinal, des autobronzants, des greffes, l’utilisation de la photothérapie ou des crèmes. Ce dernier moyen a d’ailleurs été autorisé sur le marché en novembre 2022, devenant ainsi le premier traitement approuvé par la FDA (l'agence américaine du médicament). Les chercheurs français espèrent le voir arriver en France dans le courant de l'année.

Vitiligo : une repigmentation totale du visage chez un tiers des patients

L’opzelura, cette nouvelle crème mise au point par les chercheurs, a été développée par la biotech américaine Incyte avec la contribution du CHU de Nice. Avant sa validation, le traitement a ététesté sur 600 adultes et enfants âgés de plus de 12 ans atteints de vitiligo.

"Les essais cliniques, conduits notamment au CHU de Nice, ont mis en évidence une repigmentation totale au niveau du visage chez environ un tiers des patients après un an de traitement", explique pour le média Nice matin le professeur Thierry Passeron, chef du service de dermatologie au CHU de Nice.

Cet effet a été confirmé par 2 grandes études internationales. "Avec une application 2 fois par jour pendant 6 à 24 mois, la repigmentation est complète. On a observé une stabilité des résultats positifs mais, si jamais le vitiligo persiste,il est possible de refaire le traitement", ajoute le professeur.

En revanche, au-delà du visage,certaines zones peuvent être difficiles à repigmenter. C’est le cas des pieds ou des mains. Certains essais sont en cours et devraient débuter au CHU de Nice dès cette année : "On va poursuivre nos études sur la greffe de mélanocytes sur ces zones en combinant avec le traitement ruxolitinib. On sait également qu’il faut associer le traitement à des rayons UV pour permettre de refaire de la couleur sur la peau", détaille le professeur Passeron.

Vitiligo : des études nécessaires pour les personnes résistantes

Si certaines zones sont moins faciles à dépigmenter, certaines personnes sont aussi résistantes au traitement.

"Ce médicament ne constitue pas une révolution : toutes les personnes atteintes de vitiligo n’en tirent malheureusement pas de bénéfice", confie l’expert. C’est pour cette raison que d’autres recherches restent nécessaires. Le professeur reste tout de même confiant : "Les connaissances sur le vitiligo ont énormément progressé : nous ne sommes qu’au début des innovations thérapeutiques. Des études sont en cours,destinées à évaluer l’efficacité de traitements similaires dans leur mode d’action au ruxolitinib (utilisé dans l’opzelura), mais par voie orale, pour les vitiligos très sévères (plus de 5 à 10% de la surface corporelle affectés), et/ou très actifs."

En attendant, le chercheur espère que cette crème, un traitement novateur, sera "autorisée en France en 2023 et remboursée par l’Assurance maladie dans les mois qui suivront".