“Un matin sous la douche je sens une boule au niveau de la poitrine. J’avais eu rendez-vous chez mon gynécologue trois mois avant et je n’avais absolument rien, j’ai donc l’espoir qu’il ne s’agisse que d’un kyste. Mon gynécologue me prescrit plusieurs examens : mammographie et ponction. L’attente est terrible, l’annonce des résultats tombe le jour de la fête d’anniversaire de ma maman : j’ai une tumeur à seulement 40 ans. Je me souviens que lors de ce rendez-vous, mon mari a baissé la tête, il ne regarde même pas ; je n’ai pas été entourée et soutenue. Par la suite, j’ai dû faire face et enfiler mon armure de guerrière.”
Cancer du sein : “Je suis porteuse du gène BRCA 1”
“Rapidement prise en charge par un oncologue, il m’informe de la suite des événements. Chimiothérapie, mastectomie (une première pilule à avaler), et des recherches génétiques qui dévoilent que je suis porteuse du gène BRCA 1. D’ailleurs, j’ai dû également subir l’ablation de mes ovaires. J’avais l’impression de vivre dans un enchaînement de mauvaises nouvelles.
Si ces informations me terrifient, j’évite de me poser trop de questions car j’ai un bébé dont je dois m’occuper et cela m’oblige à continuer ma vie malgré tout et puis, je suis d’un naturel optimiste, ce qui m’a permis de mobiliser des ressources dont je ne me pensais pas forcément capable au départ.”
"J'apprends que mon mari me trompe entre deux chirurgies”
“Dans mon couple aussi il y a du changement et pas dans un sens positif… Je remarque que mon mari ne me soutient qu’en public. Par exemple, il propose de se raser la tête quand je perds mes cheveux pour faire un coup d’éclat auprès de mes proches mais en privé, il ne m’entoure pas. Dès l’annonce de la maladie, nous avons arrêté toute relation sexuelle. Il avait toujours des excuses : ‘je suis fatigué’, ‘j’ai peur de te faire mal’, etc.
En septembre 2018, je suis entre deux chirurgies reconstructrices et j’apprends qu’il me trompe avec sa secrétaire.
Il finit par me reprocher mes transformations physiques dues à la maladie et aux traitements… Quelques mois plus tard, il m’annonce que ‘finalement, il n’est pas fait pour le mariage’.
En avril 2019 on se sépare mais nous cohabitons pendant 8 mois, le temps de vendre notre maison. Notre séparation est effective en janvier 2020.”
“Le cancer est un vrai révélateur”
“Dès l’annonce de mon cancer, j’ai fait quelques recherches pour trouver des livres, des informations ou des groupes de soutien mais je ne me retrouvais dans aucune histoire. J’ai commencé à prendre des notes tous les jours sur ce que je vivais, cela m’a permis de faire le deuil de beaucoup de choses, ça a été cathartique.
Aujourd'hui, je me rends compte que le cancer est un vrai révélateur de la nature profonde des gens. La maladie m’a permis de me rendre compte de quel genre d’homme était mon ex mari et je n’ai pas de regret à avoir, c’était un homme défaillant ! Je me suis aussi rendu compte que je donnais beaucoup aux autres en m’oubliant.
J’aspire aujourd’hui à trouver un compagnon sur qui je peux m'appuyer tout en acceptant que nous vivions séparément. Je crois toujours en l’amour mais je vais avoir beaucoup de mal à refaire confiance en quelqu’un…”
“Le ruban rose est parfois un étendard dénué de sens”
“Le titre de mon livre fait référence à certains comportements qui m’ont sauté aux yeux pendant que j’étais malade. Des proches se vantaient d’avoir réalisé telle marche ou telle course pour octobre rose ou bien portaient le ruban rose en étendard sans pour autant prendre 5 minutes pour prendre de mes nouvelles… Cette épreuve m’a ouvert les yeux sur mon empathie très (trop) développée, je me consacre plus à moi maintenant.
Je pense qu’il faut se recentrer sur soi et ne pas hésiter à prendre un jour de congé pour se faire cocooner. J’aimerais également dire aux femmes de se palper les seins régulièrement, cela peut sauver des vies !
J’ai pris le parti de tourner cette épreuve en dérision notamment en achetant des tee-shirts à message de la marque My Boobs Buddy. J’en ai un qui porte une inscription “I touch myself”, c’est un moyen drôle de faire de la prévention”.
© Service de presse
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