- 1 - L’éjaculation sèche : c’est quoi ?
- 2 - Ejaculation sèche : des risques accrus à la cinquantaine
- 3 - L’adénome de la prostate souvent en cause
- 4 - Les médicaments à l’origine de l’éjaculation sèche
- 5 - Entraîne-t-elle moins de plaisir pour l’homme ?
- 6 - L’éjaculation sèche est-elle définitive ?
- 7 - Ejaculation sèche et troubles de l’érection
- 8 - Peut-on prévenir l’éjaculation sèche ?
- 9 - Etes-vous concerné par l’éjaculation sèche ?
- 10 - Ne pas confondre éjaculation sèche et anéjaculation !
- 11 - Troubles éjaculatoires : il faut en parler !
L’éjaculation sèche : c’est quoi ?
L’éjaculation sèche est une sorte d’éjaculation invisible puisqu’elle se fait vers l’intérieur du corps. Les médecins lui donnent plusieurs noms : éjaculation "sèche", "à sec", ou encore "rétrograde".
Explications : Lors du rapport sexuel, le sperme s’accumule dans l’urètre prostatique (petit tuyau situé dans la prostate) d’où il est propulsé lors de l’éjaculation. Seulement voilà, il existe deux voies de sortie possibles. Celle habituelle, vers le bas, par l’urètre. Et celle par la vessie. Cette voie est normalement barrée car des muscles la ferment très fortement lors de l’érection. Mais dans le cas de l’éjaculation sèche, l’entrée de la vessie reste ouverte. Résultat, le sperme remonte pour être ensuite évacué par les urines.
Ejaculation sèche : des risques accrus à la cinquantaine
"L’éjaculation rétrograde concerne essentiellement des hommes matures", explique le Pr Stéphane Droupy, urologue. Pourquoi ? Parce qu’à partir de la cinquantaine, le risque d’avoir une maladie de la prostate entraînant l’éjaculation sèche augmente considérablement. "Après 55 ans, un homme sur deux a une hypertrophie de la prostate, un sur trois a un adénome [tumeur bénigne], et un sur dix a un cancer", souligne le Dr Gérard Leleu, médecin sexologue, dans son ouvrage "L’homme nouveau expliqué aux femmes".
L’adénome de la prostate souvent en cause
70 à 80 000 hommes sont opérés chaque année d’un adénome de la prostate. "Cette opération est la cause la plus fréquente de l’éjaculation sèche", explique le Pr Emmanuel Chartier-Kastler, urologue. Pourquoi ? Parce que, durant l’intervention, "on rabote l’urètre prostatique et la fonction de fermeture du col vésical qui permet à l’éjaculat d’être expulsé à l’extérieur", précise le spécialiste.
A savoir : L’éjaculation rétrograde peut aussi avoir d’autres causes, telles que l’opération d’un anévrisme de l’aorte ou d’une tumeur des testicules. En passant près des nerfs qui commandent l’éjaculation, ces actes chirurgicaux peuvent les abîmer, voire les couper.
Les médicaments à l’origine de l’éjaculation sèche
"6 à 10 % d’hommes sont concernés par l’éjaculation rétrograde suite à la prise de médicaments alpha-bloquants", explique le Pr Stéphane Droupy, urologue. Leur action : ils empêchent des récepteurs (appelés "alpha-1-adrénergiques") d’assurer la contraction des cellules musculaires du col vésical.
Résultat : il perd de sa tonicité et laisse le liquide séminal refluer vers la vessie au lieu de l’expulser par le pénis. "L’éjaculation rétrograde peut être partielle, c’est-à-dire qu’une partie de l’éjaculat part dans le bon sens et l’autre pas", ajoute le Pr Emmanuel Chartier-Kastler, urologue.
A noter : Les médicaments alpha bloquants peuvent être prescrits en cas d’hypertrophie bénigne de la prostate (gonflement naturel de la prostate, qui peut être gênant pour uriner) et d’hypertension.
Entraîne-t-elle moins de plaisir pour l’homme ?
Ce n’est pas parce qu’un homme n’éjacule pas vers l’extérieur qu’il a moins de plaisir ! Le Dr Gérard Leleu, médecin sexologue, confirme d’ailleurs que "l’orgasme reste possible sans éjaculation" (L’homme nouveau expliqué aux femmes). Et pour cause : le plaisir que ressent l’homme lors de l’acte sexuel n’est pas lié à l’éjaculation mais "aux frottements de la muqueuse vaginale […], à la mise en tension des voies spermatiques et à l’accumulation du liquide séminal dans l’urètre prostatique", explique le sexologue. Il n’est pas nécessaire que le liquide séminal soit expulsé par les voies habituelles.
A noter : Contrairement à ce que pensent certains hommes, l’éjaculation ne procure aucun plaisir à la femme.
L’éjaculation sèche est-elle définitive ?
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, une éjaculation sèche n’est pas toujours définitive. "Quand elle intervient après la prise de médicaments alpha-bloquants, il suffit de changer de traitement pour retrouver une éjaculation intégrale", explique ainsi le Pr Stéphane Droupy, urologue. Quant aux hommes chez qui l’éjaculation rétrograde est survenue suite à une intervention de la prostate, rien n’est irrémédiable ! "L’endroit où était logé la tumeur se rétracte, ce qui referme un peu le col vésical [zone empêchant l’éjaculat d’aller dans la vessie]. Du coup, certains patients peuvent retrouver une petite éjaculation dans les années qui suivent l’opération", confirme le Pr Emmanuel Chartier-Kastler, urologue.
Ejaculation sèche et troubles de l’érection
Si "l’éjaculation sèche ne génère pas de troubles de l’érection" comme l’explique le Pr Stéphane Droupy, urologue, un homme peut néanmoins souffrir de ces deux troubles… Ce peut être le cas, s’il prend des médicaments alpha-bloquants (ils favorisent le relâchement du col vésical, de l’urètre et de la prostate, ce qui perturbe les fonctions érectiles et éjaculatoires) ou s’il a été opéré d’une tumeur maligne de la prostate. Cette intervention supprime le col vésical, qui laisse passer le liquide séminal dans la vessie, et peut abîmer, voire couper, le nerf qui commande l’érection. Enfin, sur le plan psychologique, "un homme qui n’éjacule plus peutêtre pert
urbé et perdre ses érections" précise le Pr Droupy.
Peut-on prévenir l’éjaculation sèche ?
L’éjaculation sèche ne peut être prévenue que dans un seul cas : quand elle fait suite à la prise de médicaments alpha-bloquants. "Il suffit d’administrer des médicaments similaires mais qui n’ont pas pour effet secondaire l’éjaculation rétrograde", explique le Pr Stéphane Droupy, urologue. Quand il s’agit en revanche d’interventions chirurgicales (prostate, aorte, testicule), "on ne peut pas éviter l’éjaculation sèche", ajoute le spécialiste. Néanmoins, n’oublions pas qu’avoir une alimentation équilibrée (en évitant surtout l’excès de graisses) et uneactivité physique régulière peut prévenir la formation de tumeurs.
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Etes-vous concerné par l’éjaculation sèche ?
"Le diagnostic de l’éjaculation rétrograde est très facile à faire", assure le Pr Stéphane Droupy, urologue. Comment être certain de la reconnaître ? - Un, l’homme qui en souffre a bien un orgasme, mais n’éjacule pas. - Deux, un examen biologique, après une masturbation ou un rapport sexuel, met en évidence la présence de spermatozoïdes dans l’urine (en cas d’éjaculation sèche, le sperme dévie vers la vessie). - Trois, un second examen, le spermogramme, peut être effectué pour démontrer que l’homme fabrique bien des spermatozoïdes.
A noter : "En cas d’éjaculation sèche, certains hommes peuvent remarquer que leurs urines sont troubles", ajoute notre urologue.
Ne pas confondre éjaculation sèche et anéjaculation !
Qui dit "absence d’éjaculation vers l’extérieur" ne dit pas forcément "éjaculation sèche" ! En fait, il peut s’agir aussi d’un autre trouble éjaculatoire appelé l’anéjaculation. La différence ? "Il n’y a pas de fabrication d’éjaculat" dans l’anéjaculation, explique le Pr Emmanuel Chartier-Kastler, urologue. Avant d’ajouter : "Ce trouble concerne surtout les patients opérés d’un cancer de la prostate, à qui on retire entièrement la prostate et la zone anatomique servant à produire l’éjaculat."
Troubles éjaculatoires : il faut en parler !
"Il est très important que les hommes ayant remarqué qu’ils n’éjaculent pas en parlent au plus vite à leur médecin", insiste le Pr Stéphane Droupy, urologue. Plus le trouble est pris en charge rapidement, plus il est facile d’y remédier. Dans tous les cas, il est important de bien comprendre son mécanisme et ses conséquences pour éviter qu’il nuise à la sexualité (trouble de l’érection, baisse de désir…). Qui consulter ? D’abord, son médecin traitant. Il peut demander des analyses pour confirmer le diagnostic, et s’il le juge nécessaire, vous orienter vers un urologue (médecin soignant les maladies de l’appareil urinaire chez l’homme et chez la femme, et de l’appareil génital masculin).
Association française d’urologie (AFU) - "Journée de la prostate 2008. Questions-Réponses", MHC Communication - "L’homme nouveau expliqué aux femmes", Dr Gérard Leleu, ed.Leduc.S, 2006
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