Khosta-2 : que sait-on sur ce nouveau virus découvert en Russie ?Adobe Stock
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La 8e vague de l’épidémie de la covid-19 se confirme en France avec l’accélération de la circulation du SARS-COV-2 sur le territoire en ce mois de septembre. Le taux d’incidence a en effet progressé de 57% sur la semaine du 12 au 18 septembre.Néanmoins, c’est un tout autre agent pathogène qui inquiète les chercheurs de l'université d'État de Washington (USA).

Ils mettent en garde contre un nouveau virus, proche du coronavirus, découvert en Russie en 2020. Nommé Khosta-2, il pourrait, selon eux, représenter une menace pour l’homme

Khosta-2 : d’où vient ce nouveau virus ?

Le Khosta-2 est un sarbecovirus. Il s’agit d’un sous-genre des coronavirus liés au syndrome respiratoire aigu sévère. Il s’agit ainsi d’un cousin des SARS-CoV-1 et SARS-CoV-2. Ce dernier a été repéré dans des chauves-souris russes installées dans la région du parc national de Sotchi.

"On pensait à l'origine que les Sarbecovirus - au début des années 2000 - ne circulaient que dans un type spécifique de chauve-souris locale dans le sud de la Chine, mais durant les 20 dernières années, les scientifiques en ont découvert beaucoup plus dans diverses espèces et différentes zones géographiques", a expliqué à Newsweeks le Pr Michael Letko de l'université d'État de Washington, auteur principal de l’étude publiée dans la revue PLoS Pathogens.

À ce jour, les sarbecovirus ont été identifiés dans la faune (chauves-souris, pangolins, chiens viverrins ou les civettes des palmiers) en Chine, au Laos, au Japon, en Russie, au Royaume-Uni, en Afrique et en Bulgarie.

Lors de l’identification de Khosta-2, les scientifiques avaient estimé que le nouveau virus n’était pas dangereux pour l’Homme. Toutefois, des analyses effectuées par l’équipe du Pr Letko l'a amené à revoir cette conclusion. Elle a découvert que le Khosta-2 pouvait infecter des cellules humaines en laboratoire. Un signe avant-coureur qu'il pourrait devenir une éventuelle menace pour la santé publique.

Les travaux in-vitro ont révélé que le virus a la capacité de rentrer dans les cellules en se fixant à la protéine ACE2. C’est exactement le même mécanisme que le SRAS-CoV-2.

"Génétiquement, ces étranges virus russes ressemblaient à certains autres qui avaient été découverts ailleurs dans le monde, mais parce qu'ils ne ressemblaient pas au SARS-CoV-2, personne ne pensait qu'il y avait vraiment de quoi s'inquiéter”, reconnaît Michael Letko. “Mais lorsque nous les avons examinés de plus près, nous avons été vraiment surpris de constater qu'ils pouvaient infecter des cellules humaines. Cela change un peu notre compréhension de ces virus, d'où ils viennent et quelles régions sont concernées" a-t-il expliqué dans ses travaux.

Khosta-2 : un virus résistant au vaccin anti-covid

Compte tenu de sa proximité avec le SARS-CoV-2, les chercheurs de l’université d'État de Washington (USA) ont voulu voir si le Khosta-2 était sensible aux anticorps de la covid-19. Ils ont ainsi mis le virus en contact avec un sérum contenant ceux de personnes vaccinées contre le coronavirus ou encore de patients ayant été infectés par Omicron. Dans les deux cas, l'agent pathogène découvert en Russie a résisté aux anticorps présents.

"Nous ne voulons effrayer personne et dire qu'il s'agit d'un virus totalement résistant aux vaccins", a expliqué le professeur Letko dans les pages Times. "Mais il est préoccupant qu'il existe des virus circulant dans la nature qui ont ces propriétés - ils peuvent se lier aux récepteurs humains et ne sont pas neutralisés par les réponses vaccinales actuelles.".

Autre conclusion des travaux : si le nouveau virus parvenait effectivement à infecter l’homme, il ne semble pas disposer des gènes nécessaires pour provoquer une maladie grave.

C’est un élément rassurant. Toutefois, les chercheurs précisent que cela pourrait changer si le virus se mettait à fortement circuler dans la nature et à se mélanger avec des gènes du SARS-CoV-2.

Coronavirus et sarbecovirus : il faut développer un vaccin universel

Pour les chercheurs américains, leurs travaux rappellent que de nombreux agents pathogènes existent et attendent de passer d'un certain nombre d'espèces animales aux humains. Comme avec le SARS-CoV-2, ces microbes seront nouveaux et pourraient rencontrer donc peu de résistance immunitaire.

Pour lutter contre ce risque, les scientifiques de l’université d'État de Washington appellent à développer des vaccins universels permettant de lutter contre cette famille de virus.

"Dans l'ensemble, les résultats que nous avons obtenus avec les virus Khosta soulignent le besoin urgent de mettre au point des vaccins universels contre les sarbecovirus offrant une protection plus large", argumentent les auteurs de l'étude.

Sources

https://time.com/6215810/coronavirus-bats-russia-vaccine-resistant/

https://www.newsweek.com/russian-bat-virus-discovery-could-bad-news-humans-1745041

https://journals.plos.org/plospathogens/article?id=10.1371/journal.ppat.1010828

https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-et-infections-respiratoires/infection-a-coronavirus/documents/bulletin-national/covid-19-point-epidemiologique-du-22-septembre-2022

mots-clés : SARS-CoV-2, épidémie
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