Réouverture des terrasses, des commerces, des musées ou encore des cinémas, couvre-feu à 21 heures, activités sportives… Plusieurs restrictions sanitaires vont être levées ce lundi 19 mai. Si les Français attendent avec impatience de pouvoir retrouver une partie de leurs activités d’avant covid-19, le conseil scientifique lance une mise en garde. Cette instance réunissant une quinzaine d’experts a publié un avis sur le nouveau déconfinement le 6 mai dernier. Sans avoir été saisie par le gouvernement, elle présente les conditions requises pour éviter une 4ᵉ vague.
Une réouverture souhaitable et même nécessaire
Le conseil scientifique ne remet pas en cause le processus de déconfinement entamé. Il reconnaît que la réouverture des différents établissements fermés depuis de longs mois “apparaît souhaitable et même nécessaire”. Il ajoute "elle répond à de fortes attentes et donne une perspective à l’ensemble de la société, perspective dont les bénéfices psychologiques, sociaux et économiques sont sans doute majeurs".
Néanmoins, il prévient : "le retour à une phase moins critique de l’épidémie n’implique pas que l’épidémie soit terminée à l’approche de l’été. Les prochaines semaines restent incertaines et à risque de reprise épidémique". "En cas de quatrième vague, l'épuisement des personnels de santé n'offrira plus les mêmes capacités de prise en charge, en soins critiques en particulier", précise l’avis publié.
Un point du calendrier de déconfinement présenté par le Premier Ministre Jean Castex gène particulièrement les scientifiques. "Le fait que ces réouvertures ne soient pas liées à des critères sanitaires stricts nous rend inquiets", a reconnu Lila Bouadma, membre du Conseil scientifique et réanimatrice à l'hôpital Bichat, sur FranceInfo le 11 mai dernier.
L'experte a ensuite expliqué "dans d'autres pays, je pourrais parler de l'Angleterre, ils ont écrasé la courbe épidémique très fortement, ils ont beaucoup, beaucoup vacciné" et ensuite repris leurs activités "en fonction de critères sanitaires". Elle déplore que le gouvernement français ait fait un autre choix. Les "réouvertures sont [programmées] à des dates extrêmement précises, c'est rythmé et c'est ça qui nous rend inquiets. On aurait préféré que ces réouvertures soient guidées par des critères sanitaires. On peut être inquiet et il peut se passer quelque chose".
S’appuyer sur les indicateurs sanitaires n’est pas le seul moyen d’éviter une 4ᵉ vague pour le Conseil Scientifique. Son avis détaille les conditions à réunir pour ne pas enregistrer une nouvelle hausse de cas de covid-19 pendant l’été.
Booster la campagne de vaccination et les mesures de dépistages
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Alors que la vaccination s’ouvre aux personnes majeures sans limite d'âge le 12 mai, le conseil scientifique appelle à accélérer la campagne. "L’enjeu d’ici l’été 2021 est donc d’accélérer le programme de vaccination pour vacciner 500 000 personnes par jour au moins, en même temps que se met en place la réouverture, pour aboutir à 35 millions de primovaccinés d’ici fin juin", ont indiqué les scientifiques. Ils estiment qu’un tel rythme "permettrait d’atteindre un niveau significatif d’immunité vaccinale". Toutefois, ils reconnaissent que cela serait encore "insuffisant pour une immunité populationnelle estimée à 80% au moins" et rappelle qu’un "niveau élevé de circulation virale" pendant l’été pourrait "compromettre l’efficacité du programme vaccinal en favorisant la diffusion de variants, en particulier ceux comprenant une mutation d’échappement immunitaire".
L’autre outil pour freiner efficacement la circulation du virus en France est le renforcement du dépistage. L’organisation consultative recommande la diffusion à plus large échelle des autotests. Outre leur usage dans les écoles, "Leur utilisation pourrait notamment être proposée dans le domaine non-professionnel (regroupements familiaux festifs, autres types de regroupements) ou professionnel (entreprises)", préconise-t-elle. Le renforcement des tests salivaires aux aéroports et le développement des expérimentations du dépistage précoce par les chiens sont d’autres moyens évoqués.
Un plateau bas et surveillance eaux usées
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Lorsqu’il avait présenté les conditions du déconfinement, le président de la République Emmanuel Macron avait indiqué que les départements ayant un taux d’incidence de 400 infections pour 100 000 habitants pourraient voir la levée des restrictions remise en cause. Pour les scientifiques, il serait préférable de miser sur un “plateau bas”, soit une incidence de 50 cas pour 100 000 habitants par semaine ou équivalent de 5 000 infections par jour pour un pays comme la France. L’organisation consultative explique : "l’option d’un plateau bas est nettement préférable à celle d’un plateau haut. (...) [Elle] permettrait d’atteindre un niveau de couverture vaccinale suffisant pour envisager sereinement le relâchement des restrictions et aborder la période estivale dans les meilleures conditions."
Pour mieux évaluer l’évolution de la situation sanitaire en France, le Conseil scientifique préconise aussi de renforcer la surveillance des données des stations d’épuration. "L'analyse des eaux usées dans les stations d’épuration se révèle être une excellente sentinelle d’une reprise épidémique lorsque le niveau de circulation est bas, dans ce cas avant même les indicateurs épidémiologiques du type nombre de nouvelles infections quotidiennes".
Outre ces mesures globales, les experts rappellent que les Français ont également un rôle à jouer. "L'allègement des mesures collectives liées à la réouverture fait désormais peser une responsabilité accrue sur chacun. Le moment n'est pas encore venu de baisser collectivement la garde et le respect des gestes barrières reste indispensable. L'accès aux soins des plus fragiles demeure une priorité".
Avis du Conseil scientifique Covid-19, 6 mai
https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/avis_conseil_scientifique_6_mai_2021.pdf
Déconfinement : le calendrier de réouvertures provoque "l'inquiétude" du Conseil scientifique, selon Lila Bouadma
https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/deconfinement/video-covid-19-les-reouvertures-provoquent-l-inquietude-du-conseil-scientifique-selon-lila-bouadma_4619577.html
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