Sommaire
- Quelle est la date du déconfinement ?
- Comment sera effectué le déconfinement ?
- Sortie du confinement en France : ce que préconise le monde médical
- Écoles, crèches, lycées et collèges : comment va se passer la reprise des cours ?
- Déconfinement : quid des personnes fragiles encore peu immunisées contre le Covid-19 ?
- Quels sont les outils sanitaires mis en place pour le déconfinement dès le 11 mai ?
- Déconfinement dans le monde : quand et comment font les autres pays ?
Quelle est la date du déconfinement ?
Lors de son intervention télévisuelle du 13 avril, le président de la République Emmanuel Macron a annoncé la date de la fin du confinement en France. Le début du déconfinement sera lancé le 11 avril. Toutefois, il se fera progressivement.
Le Premier ministre Edouard Philippe et le ministre de la Santé Olivier Véran ont évoqué le déconfinement lors d’une conférence de presse le 19 avril. Ils ont prévenu que les Français devront attendre plusieurs semaines encore pour retrouver leur "vie d'avant" l’épidémie. Toutefois, ils n'ont pas détaillé toutes les conditions. Le plan de déconfinement sera présenté fin avril.
Comment sera effectué le déconfinement ?
Si le plan de déconfinement ne sera pas connu avant fin avril, Edouard Philippe a donné quelques précisions. Il a rappelé le 19 avril que le déconfinement ne sera “pas un retour immédiat à ce qui prévalait”.
Il a ajouté que le processus reposera sur "trois éléments essentiels" :
- le maintien "des gestes barrières" (comme la distanciation sociale, le lavage des mains...) , dont la généralisation du port de masques "grand public", en particulier dans les transports en commun ;
- le dépistage massif ;
- l’isolation des porteurs du virus : les personnes positives au COVID-19 pourraient être isolées à leur domicile ou dans des hôtels.
Un déconfinement progressif : la stratégie post-confinement proposée par le gouvernement
Dès le 1er avril, lors d’un échange avec les députés, le Premier ministre Edouard Philippe avait prévenu que le déconfinement sera progressif. Interrogé par le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand, il avait, en effet, admis “Il est probable que nous ne nous acheminions pas vers un déconfinement général, absolu et pour tout le monde à une date donnée”. Cette stratégie pourrait, en effet, provoquer une seconde vague de contaminations au nouveau coronavirus.
Le 19 avril, il a ainsi préféré parler "d'une deuxième phase" plutôt que d'un déconfinement. Lors de cette dernière, les Français vont selon lui retrouver “une partie" de leur liberté, "mais en devant respecter des règles qui seront contraignantes. Moins contraignantes que le confinement, mais contraignantes".
Déconfinement par tranches d'âge
Plusieurs scientifiques comme le président du Conseil scientifique, le professeur Jean-François Delfraissy, ou encore le Professeur Arnaud Fontanet, épidémiologiste à l’Institut Pasteur et membre de la même organisation qui conseille le gouvernement dans la lutte contre l'épidémie de coronavirus Covid-19, défendaient un confinement prolongé pour les seniors.
Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique Covid-19, a indiqué au Sénat qu'il valait mieux que les personnes "au-dessus de 65 ou de 70 ans" restent chez eux après le 11 mai. Il en serait de même pour les personnes atteintes “d’affections de longue durée" et les “sujets jeunes ayant une pathologie, mais aussi obèses", car ils sont plus à risque face au SARS COV 2. Au total, cela représenterait selon lui 18 millions de personnes appelées à rester en confinement après le 11 mai.
Une analyse partagée par Ursula Von Der Leyen, présidente de la Commission européenne qui propose un confinement des établissements de type Ehpad jusqu'à la fin de l'année 2020. Mais cette hypothèse a été fortement critiquée par les seniors.
Le président de l'union nationale des retraités et personnes âgées, Francisco Garcia avait réagi alors au JT de France 2 "C'est choquant parce que cela a un caractère, un peu, de ségrégation". "Elle considère que les retraités et les personnes âgées sont des gens inutiles à l'économie, à la société et donc que l'on peut faire une séparation entre eux et le reste de la population pour le déconfinement", avait-il ajouté.
Lors de la conférence du 19 avril, Olivier Véran a nuancé les préconisations des experts. Il a assuré que le gouvernement ne voulait pas de discrimination du confinement par l'âge. "On peut avoir 70-75 ans, être en parfaite santé et ne pas comprendre pourquoi on nous intime de rester chez soi." Il appelle plutôt à la "responsabilité de chacun".
Sortie de confinement par région
L’autre piste plusieurs fois mis en avant, depuis que le déconfinement est évoqué, est un assouplissement des consignes par région.
Interrogé par Medisite sur cette recommandation de l'Académie de médecine du 5 avril, le Pr. Jérôme Salomon avait reconnu "le gouvernement y travaille (…) ce que le président de la République a bien indiqué, c’est qu’il tiendrait compte de la situation épidémiologique au moment du déconfinement. Donc nous allons étudier avec beaucoup d’attention l’évolution de la situation dans les régions. Ce que les Français ont bien compris, c’est que les régions n’ont pas été touchées du tout de la même façon, notamment dans un grand quart Nord-Est. Il y a des régions qui ont été presque épargnées en tout cas, beaucoup moins touchées durement que les autres".
Toutefois, selon LCI, Emmanuel Macron aurait écarté cette hypothèse. Nos confrères expliquent : “l'hypothèse du déconfinement régional a été écartée en raison de son caractère inapplicable dans notre pays. En effet, à la différence des Länder allemands, ou des États d'Amérique du Nord, la France n'est pas un État fédéral et les régions ont des pouvoirs limités”.
Ce projet serait, en effet, difficile à mettre en place, notamment en matière de contrôles des déplacements.
Un déconfinement par secteur d’activité très probable
Par ailleurs, le déconfinement dépendra aussi des secteurs d’activité. Toutes les entreprises ne seront pas autorisées à reprendre le 11 mai prochain.
Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a expliqué que "l’objectif est d’élargir la réouverture des magasins au-delà de l’alimentaire" à compter du 11 mai. Les coiffeurs et les fleuristes pourraient aussi rouvrir à cette époque. Toutefois, des précautions devront être prises : files d'attente permettant de respecter une distance d'au moins d’un mètre entre les clients, mise à disposition de gel hydroalcoolique à l'entrée du magasin, masques...
Par contre, les cafés, les restaurants, les cinémas et tous les lieux rassemblant du public ne pourront pas reprendre leur activité.
Les "grands festivals" sont aussi annulés "au moins jusqu'à mi-juillet" : le festival de Cannes, le festival d'Avignon, les Eurockéennes de Belfort, les Francofolies de La Rochelle ou encore le Hellfest ont dû renoncer à leur édition 2020. Le tour de France a, pour sa part, été reporté à septembre.
Le télétravail maintenu “lorsque c’est possible”
Lors de son intervention du 19 avril Edouard Philippe a précisé "dans les entreprises, les gestes barrières et la distanciation sociale doivent passer d'abord, lorsque c'est possible, par le maintien du télétravail".
Déconfinement : incertitude pour les mariages et les vacances
Interrogé sur la tenue des cérémonies comme les mariages cet été, Édouard Philippe a indiqué qu’aucune décision n’avait été prise. Néanmoins, il a ajouté qu'il ne lui paraissait "pas raisonnable" d’organiser une fête ou un événement qui "rassemblerait 200 personnes dans un lieu confiné".
Concernant les vacances estivales, "Je crains qu'il ne soit pas raisonnable d'imaginer de voyager loin à l'étranger très vite", a prévenu Olivier Véran. Les ministres ont précisé par ailleurs que “le transport aérien ne pourra pas reprendre rapidement” et que “les conditions d’entrée sur le territoire seront exigeantes.”
Sortie du confinement en France : ce que préconise le monde médical
Les conditions de sortie du confinement selon l’avis du Conseil scientifique
Le conseil scientifique chargé d’aider le gouvernement à mettre en place sa stratégie pour lutter contre le coronavirus, a précisé les critères à réunir pour envisager le déconfinement :
- Les hôpitaux ne doivent plus être surchargés, et plus particulièrement les services de réanimation ;
- la détection de tous les cas devrait redevenir possible grâce à des tests de dépistage ;
- du gel hydroalcoolique et des masques pour tous : "La disponibilité des protections matérielles comme les gels hydro-alcooliques et les masques à l’usage des personnels soignants, des personnes en situation d’exposition au virus en priorité, puis à l’ensemble de la population, comme en Asie", expliquent les experts.
Déconfinement : l'avis de l'Académie de médecine
Afin que la “sortie du confinement se fasse dans les meilleures conditions de prise en charge des cas graves dans les établissements de santé, de limitation de la propagation du virus, de reprise d’activités professionnelles, et de compréhension par le public”, l’Académie nationale de Médecine recommande entre autres :
- une sortie du confinement sur la base de la région et non par classe d’âge ;
- que cette sortie ne soit autorisée que dans les régions dans lesquelles “une décroissance nette du nombre des patients Covid-19 devant être hospitalisés et un retour des besoins de réanimation à l’état pré-épidémique sont observés” ;
- les personnes résidant dans une Région en sortie de confinement ne devraient pas être autorisées à se rendre dans un lieu encore en confinement ;
- le maintien de l’interdiction des rassemblements (sauf cas exceptionnels, comme les obsèques, pour lesquelles le nombre maximal pourrait être de 20 personnes) et des mesures barrières sanitaires (lavage des mains, gel hydro-alcoolique…) ;
- le port obligatoire d’un masque grand public anti-projection (FFP2, chirurgicaux ou grand public) : “Cette dernière obligation serait la marque que la sortie du confinement n’est pas encore un retour à la vie normale et elle devrait être maintenue jusqu’à l’arrêt de la transmission du virus (absence de nouveaux cas dans les 14 derniers jours)” ;
- les études de sérologie à visée épidémiologique en population générale doivent être déclenchées sur une base Régionale, en vue d’apprécier le risque de survenue d’une deuxième vague épidémique.
- l'accélération de la mise au point et la production d’un vaccin “par tous moyens, scientifiques, techniques, industriels et réglementaires, et à tous échelons, français, européen et mondial”.
Les 6 critères à remplir avant de déconfiner, selon l'OMS
Craignant une seconde vague du nouveau coronavirus, le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus estime que “les mesures de confinement doivent être levées lentement et avec contrôle. Cela ne peut pas se faire d'un seul coup".
Il a détaillé les six critères nécessaires pour lancer une sortie de confinement en France :
- la transmission doit être contrôlée ;
- les systèmes de santé doivent être en mesure de tester, d'isoler et de traiter les patients positifs au COVID-19 et de retracer chacun de leurs contacts ;
- les risques d'épidémie sont réduits au minimum dans des environnements particuliers comme les établissements de santé et les maisons de soins ;
- des mesures préventives doivent être en place sur les lieux de travail, dans les écoles et dans d'autres lieux publics essentiels ;
- les risques d'importation peuvent être gérés ;
- les populations sont pleinement éduquées, engagées et habilitées à s'adapter à la nouvelle norme (gestes barrières, mesures de distanciation sociale...).
Coronavirus (Covid-19) : quelles sont les stratégies de déconfinement à suivre selon l'Inserm ?
La veille de l’allocution du 13 avril du Président Emmanuel Macron, un rapport - coordonné par la chercheuse Inserm Vittoria Colizza à l’institut Pierre-Louis d’épidémiologie et de santé publique (Paris) - a été publié.
Il présente plusieurs scénarios de sortie du confinement. Dans un communiqué, l’organisation scientifique précise “les chercheurs ont modélisé 30 scénarios en modifiant à chaque fois un paramètre différent : maintien du télétravail pour tout ou partie de la population, fréquentation associée des transports, isolement des personnes âgées, ou encore réouverture partielle des activités commerciales. L’impact de chacune de ces stratégies a été pondéré par la mise en place en parallèle d’un dépistage massif pour l’isolement des cas positifs”. Ils ont découvert que le dépistage à grande échelle avait une grande importance pour sortir du confinement.
“Quel que soit le modèle décrit et la date de déconfinement retenue, les chercheurs montrent que toute stratégie de sortie de la quarantaine généralisée doit avant tout être accompagnée d’un déploiement massif des tests de dépistage et d’un isolement des cas détectés”, explique le document.
Leurs travaux révèlent également qu’un confinement des personnes les plus vulnérables et une mise en quarantaine des personnes testées positives au Covid-19 pourraient dans un premier temps s’avérer nécessaires.
Selon les chercheurs, pour éviter une "deuxième vague" de l’épidémie, il faudrait déployer des mesures de dépistage de grande ampleur, ciblées sur les personnes présentant des symptômes et celles identifiées comme ayant eu un contact avec des cas confirmés.
Dans tous ces scénarios, la fermeture des écoles était maintenue lors de la première étape de déconfinement. Le gouvernement privilégiant une réouverture progressive à partir du 11 mai, l’équipe précise s’être mise “au travail pour intégrer l’impact de la réouverture des écoles à ses modèles, en utilisant la même méthodologie”.
Écoles, crèches, lycées et collèges : comment va se passer la reprise des cours ?
Lors de son intervention du 13 avril, Emmanuel Macron a annoncé une réouverture des crèches et des écoles "progressive" à partir du 11 mai. Il avait ensuite indiqué que les élèves de l’enseignement supérieur devraient attendre septembre pour reprendre le chemin de leurs salles de cours.
Lors de sa conférence de presse du dimanche 19 avril, Edouard Philippe a précisé que les enfants ne retourneront pas tous à l’école dès le 11 mai : "les écoles n'ouvriront pas partout le 11 mai et ne fonctionneront pas partout le 11 mai dans les conditions dans lesquelles elles fonctionnaient”.
Plusieurs scénarios sont à l’étude :
- les élèves d’une classe seraient divisés en deux groupes et, “une semaine sur deux, pourraient avoir le lien physique et intellectuel avec le professeur” ;
- l'utilisation des locaux de façon différente pour avoir des espaces plus larges que les classes.
Le ministre de L'Éducation Jean-Michel Blanquer avait, pour sa part, indiqué le 14 avril sur BFMTV, qu'il envisageait une reprise "par petits groupes". Il avait ajouté : "la seule réponse pour les plus petits, c'est évidemment les petits groupes et c'est vers cela que nous irons [...]. Selon les âges, nous nous organiserons différemment".
Réouverture des écoles : les enfants sont-ils vraiment des vecteurs de contamination ?
Les enfants et les bébés sont peu touchés par l'épidémie de coronavirus. S’ils sont contaminés, ils ont souvent peu ou pas de symptômes. Ils sont ainsi vus comme des vecteurs de la maladie contaminant leur entourage.
Néanmoins, les dernières données scientifiques indiqueraient que les petits seraient moins porteurs du virus que ce que les autorités pensaient au début de la crise sanitaire.
"Au fur et à mesure, on s'est rendu compte que parmi les gens avec des symptômes évoquant le Covid-19, les enfants étaient beaucoup moins atteints que les adultes. Chez les adultes, on a 30% de prélèvements positifs, alors que chez les enfants, on est à 10%", a indiqué Robert Cohen, pédiatre infectiologue à l'hôpital intercommunal de Créteil, sur Franceinfo.
De son côté, le Dr Pascal Crépey, épidémiologiste et enseignant-chercheur, a expliqué sur les ondes de Radio France. "Les gens qui contribuent vraiment à la dynamique de l'épidémie, ce sont les personnes présymptomatiques, qui vont développer des symptômes, et les personnes malades. L'argument initial sur les enfants, c'était que ce coronavirus se comportait un peu comme une grippe. Et on sait que les enfants sont de forts transmetteurs de ce genre de virus respiratoires tels que la grippe. On s'aperçoit maintenant que ce coronavirus ne se comporte pas exactement de la même façon".
Pour mieux comprendre l’impact du coronavirus sur les enfants et sa contagiosité, plusieurs recherches ont été lancées. Le groupe de pathologies infectieuses de la Société française de pédiatrie, dirigé par Robert Cohen, a débuté une étude d’un mois le 14 avril. L’équipe suivra 600 patients pédiatriques en région parisienne. L’hôpital Necker à Paris et le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) mènent des travaux conjoints sur 1000 enfants.
Des mesures polémiques pour un retour à l'école dès le 11 mai
L’annonce de la reprise de l’école pour les plus jeunes a suscité de vives réactions. De très nombreux scientifiques et parents craignent que cette mesure provoque une nouvelle vague de contamination. Si les enfants font partie des populations les moins à risque face aux coronavirus, ils pourraient, toutefois, être un vecteur de transmission. Il est, entre autres, difficile de leur faire respecter les gestes barrières dans les cours d’école.
Après la prise de parole du président de la République, le syndicat des enseignants avait réagi "reprendre dans un mois, comme si de rien n’était, ce n’est pas possible, car il n’y aura pas plus de gens immunisés, les enfants vont être ensemble à l’école, sans gestes barrières possibles, et ensuite aller dans les familles, chez les grands-parents, cela ne me paraît pas du tout raisonnable”.
C’est d’ailleurs pour ça que le Conseil scientifique avait conseillé la fermeture des écoles dès le 12 mars, plusieurs jours avant le confinement.
Déconfinement : quid des personnes fragiles encore peu immunisées contre le Covid-19 ?
Les patients du Covid-19 en quarantaine à domicile ou dans des hôtels
Les personnes testées positives au covid-19 après la fin du confinement en France, seront systématiquement isolées. Le Premier ministre a expliqué lors de la conférence de presse du 19 avril “Si vous êtes testé positif, vous aurez le choix entre un confinement à domicile qui fera peser sur vous et ceux qui vivent avec vous des obligations assez strictes de ne pas sortir. Ou vous pourrez vous confiner dans un lieu qui n’est pas votre domicile, comme un hôtel”.
L’Agence régionale de santé d’Ile-de-France, à la tête d’une expérimentation avec l’AP-HP depuis le jeudi 16 avril, précise que l'objectif de cette mesure est de briser les chaînes de transmission au sein des familles, en isolant les membres contaminants.
Déconfinement des seniors
Auditionné au Sénat, le président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, estimait que le confinement des personnes "au-dessus de 65 ou de 70 ans" devait être prolongé au-delà du 11 mai. Cette proposition a été très mal accueillie par les seniors en France.
Mais, le gouvernement - par le biais d’Olivier Véran - a assuré qu’il n’y aurait pas de discrimination par l'âge lors du déconfinement en France. Toutefois, le ministre de la Santé appelle les retraités et les seniors à faire preuve de "responsabilité" et de continuer à respecter les gestes barrières, sachant qu’ils sont une population à risque du COVID-19.
En effet, dans un avis rendu mi-mars, le Haut Comité de santé publique précisait que les personnes susceptibles les plus à risque de développer une forme grave d'infection étaient celles âgées de plus de 70 ans.
Le droit de visite en Ehpad rétabli, mais sous condition
Autre point sensible : le droit de visite des anciens en Ehpad. Interdit depuis la mise en place d’un confinement strict dans ces établissements à risque de COVID-19, il a été rétabli le 20 avril 2020. Toutefois, le ministre de la Santé a précisé que les visites seront très encadrées :
Elles seront :
- limitées à deux personnes ;
- les contacts physiques y seront interdits.
Les personnes immunodéprimées et/ou atteintes de maladies chroniques
Le groupe de 18 millions de personnes, présenté comme à risques par le professeur Jean-François Delfraissy - et pour qui, il est recommandé de poursuivre le confinement - ne se composait pas uniquement d’individus "d’un certain âge". Le spécialiste incluait également les “personnes ayant une infection de longue durée” (cancer, maladie cardiaque, immunodéprimées…) et les “sujets jeunes ayant une pathologie, mais aussi obèses”.
Quels sont les outils sanitaires mis en place pour le déconfinement dès le 11 mai ?
Port du masque obligatoire pour tous ?
Les masques feront partie intégrante du plan de déconfinement. "Il est probable que s'agissant des transports publics, s'agissant de ces lieux où les densités sont mécaniquement assez fortes, il soit obligatoire pour les utilisateurs de porter un masque grand public" a expliqué Edouard Philippe. En effet, les consignes autour des masques ont évolué pendant l’épidémie. Au départ préconisé uniquement pour les malades et les professionnels, le port du masque est désormais conseillé à l’ensemble de la population, y compris ceux en tissu.
Il est encore difficile de trouver des masques actuellement. Toutefois, le Premier ministre a annoncé un possible "élargissement de la politique de distribution des masques dans les prochaines semaines”.
Le ministre de la Santé Olivier Véran de son côté assure qu’environ 17 millions de masques dits "grand public" seront fabriqués par semaine dans l’Hexagone. "Vous les verrez bientôt, ils sont en tissu. La majorité d'entre eux sont lavables et réutilisables, certains 5 fois, d'autres 20 fois, et d'autres même 30 fois". De plus, l'objectif est de distribuer 500 000 masques par semaine à partir du 11 mai.
Plusieurs municipalités - comme Paris, Nice, Angers, Bordeaux ou encore Rueil-Malmaison - comptent organiser leur propre distribution pour leurs habitants.
Les tests : vers une hausse des dépistages
Les tests sont également au cœur de la stratégie de déconfinement. Lors de sa conférence du 19 avril, Olivier Véran a précisé que 150 000 tests viraux hebdomadaires étaient réalisés en France et que l'objectif était d'atteindre 500 000 tests par semaine au 11 mai.
Il a également précisé que les tests sérologiques - qui permettent de savoir si on a été contact avec le SARS-COV 2 - ne seront pas déployés massivement contrairement aux tests PCR, tant que des doutes sur leur fiabilité subsistent.
"Les tests PCR, ça, on sait que pour pouvoir dépister les malades et ensuite isoler, c'est fondamental", a-t-il expliqué.
Par ailleurs, les personnes dont le test révélera qu’elles sont positives, seront isolées systématiquement. Leur quarantaine pourrait avoir lieu chez elle ou dans des hôtels réquisitionnés.
Traçage numérique des malades
Le gouvernement prévoit de s’appuyer également sur les nouvelles technologies. Emmanuel Macron avait expliqué le 13 avril que la France travaillait "avec certains de nos partenaires européens" sur une "application numérique dédiée” permettant de contrôler l’épidémie. Toutefois, il avait assuré que cela se ferait “sur la base du volontariat et de l'anonymat".
Une semaine plus tard, Olivier Véran confirme que des outils numériques - comme l'application Stop Covid - pourraient être utilisés sur la base du volontariat et les données anonymisées.
Cette application de tracking en cours de développement repose sur le Bluetooth. Grâce à cette technologie, l’outil pourra détecter automatiquement les autres smartphones à proximité pendant le déplacement de son propriétaire. Si un utilisateur est testé positif au coronavirus, les personnes indiquées comme ayant été dans un même lieu seront alertées. À aucun moment, l’identité des malades ne serait communiquée.
Les certificats d’immunité
Un certificat d’immunité - permettant aux personnes immunisées contre le coronavirus de se déplacer - est étudié par plusieurs pays comme l’Allemagne. Le gouvernement français ne semble pas privilégier cette piste. En revanche, elle est envisagée par la mairie de Paris.
Si Anne Hidalgo n’a pas confirmé la mise en place de cette mesure, son premier adjoint Emmanuel Grégoire a défendu ce dispositif sur les ondes de France Inter le 11 avril 2020 : "C'est un peu comme l'esprit des autorisations de dérogation au confinement, simplement, il s'agira d'une dérogation définitive. Un médecin dira : Cette personne n'est plus contagieuse, n'est plus susceptible de tomber malade, mais dès qu'on aura ce certificat, cela voudra dire qu'on pourra retrouver une vie à peu près normale, sans être un danger ni pour soi-même ni pour les autres".
Vaccins
Plusieurs dizaines de vaccins sont en cours de développement. Ces produits seraient le moyen le plus efficace pour endiguer la maladie de Chine et lever les restrictions imposées aux Français en toute sécurité. Toutefois, le remède ne sera pas prêt avant plusieurs mois. Édouard Philippe a reconnu le 19 avril dernier : "Nous allons également devoir apprendre à vivre avec le virus. La population n'est pas immunisée, nous n'aurons pas de vaccin rapidement, probablement pas avant 2021, il n'y a pas de traitement connu et efficace à ce jour. La prévention sera donc déterminante."
Déconfinement dans le monde : quand et comment font les autres pays ?
La Chine
La Chine a opté pour un déconfinement très progressif. Si les habitants de la province du Hubei ont pu traverser les frontières provinciales le 25 mars, les restrictions de déplacements dans la ville de Wuhan, berceau de l'épidémie de Covid-19, n'ont été levées que le 8 avril, soit après plus de deux mois de confinement.
Pour éviter un rebond de l’épidémie dans le pays, les autorités ont mis en place de nombreuses mesures.
- réduction des vols internationaux ;
- fermeture "provisoire" de ses frontières aux ressortissants étrangers ;
- contrôle des déplacements de la population.
La ville de Pékin a aussi prévu :
- la prise de température pendant les déplacements : soit par des agents ou par des caméras infrarouges capables de détecter les personnes fiévreuses dans la rue et les bâtiments publics
- un passeport électronique (délivré par l'opérateur) atteste que l’utilisateur n’a pas quitté la ville pendant les 14 derniers jours
- une quarantaine de 14 jours à toute personne arrivant d'une autre province.
D’autres mesures sont appliquées dans la province du Hube i et la ville de Wuhan :
- un QR code santé réunissant les données de l’utilisateur et de tiers (compagnie aérienne, banques…) : il est vert si la personne n’a été en contact d’aucun malade. S’il est rouge, cela indique qu’elle doit rester en isolement 14 jours
- une attestation médicale ou un QR Code vert est nécessaire pour quitter la région
- les écoles sont fermées. Les élèves de Terminal doivent normalement reprendre les cours le 6 mai.
L’Italie
Les Italiens sont soumis au confinement depuis le 9 mars. Après plus de 23 000 morts recensés, le pays enregistre une baisse de l’activité du coronavirus. Certaines entreprises comme Gucci et Fincantieri ont pu reprendre une partie de leurs activités le 20 avril.
Le plan de sortie du confinement lancée à partir du 4 mai, sera présenté d’ici fin avril selon le président du Conseil des ministres Giuseppe Conte. Selon les médias transalpins, la levée des restrictions devrait être très progressive. Le retour en classe des enfants ne serait pas prévu avant septembre.
L’Espagne
Le gouvernement espagnol a prolongé une nouvelle fois le confinement. La mesure mise en place le 14 mars dernier, est maintenue désormais jusqu’au 9 mai 2020. Toutefois, il a été en partie assoupli : les enfants sont autorisés à sortir à compter du 27 avril.
L’Allemagne
Après un mois de restrictions (sans confinement strict), la pandémie est sous contrôle en Allemagne. Le pays a assoupli les mesures. La plupart des magasins de moins de 800 m² sont autorisés à ouvrir au public depuis le 20 avril. Les autorités ont prévenu que les restrictions sociales seront levées très progressivement.
Les écoles rouvriront à partir du 4 mai : les enfants les plus âgés seront les premiers à reprendre. En Bavière - Land où il y a eu le plus de cas - la rentrée est prévue une semaine plus tard.
L’Autriche
L'Autriche a été le premier pays européen à lancer son déconfinement. Les commerces de moins de 400 m² ou encore les parcs sont rouverts au public depuis le 14 avril.
Les centres commerciaux, les coiffeurs et les grands magasins devraient accueillir leurs premiers clients le 1er mai. Les restaurants et les hôtels devront attendre mi-mai.
Le Royaume-Uni
Le gouvernement de Boris Johnson a prolongé le confinement jusqu’au 7 mai pour le moment. Il a refusé par ailleurs de dévoiler les modalités qui permettront d'en sortir.
Le Royaume-Uni a longtemps compté sur l’immunité collective pour faire face à l’épidémie. Mais, il a finalement renoncé devenant, un des derniers pays européens à avoir imposé des restrictions de déplacement à sa population.
Les États-Unis
Si Donald Trump souhaite une reprise de l’économie, le confinement de la population américaine dépend des États, et non des autorités fédérales. Ainsi, les gouvernements ont décidé de la date et de la procédure.
La Floride, le Texas, le Vermont ou encore le Mississippi ont commencé à assouplir certaines restrictions et autoriser la reprise de certaines activités. L’État de New York, très touché par le COVID-19, devrait rester en confinement jusqu’à mi-mai.
Point presse du Premier ministre et du ministre de la Santé du 19 avril
Allocution du président de la République du 13 avril 2020
Comprendre les spécificités du Covid-19 chez les enfants, INSERM, 16 avril 2020
Avis sortie de confinement, Académie de Médecine, 5 avril 2020
Avis du conseil scientifique COVID-19, 2 avril 2020
Covid-19 : que faut-il retenir du rapport Inserm sur le déconfinement ?, INSERM, 14 avril 2020
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