Si la France est encore en pleine tournante du coronavirus, le gouvernement réfléchit déjà au déconfinement. Lors de son échange avec les députés le 1er avril, le Premier ministre Edouard Philippe a évoqué les différentes pistes de réflexion actuellement à l’étude.
Vers un déconfinement progressif
Le confinement mis en place le 16 mars dernier pour enrayer la propagation du COVID-19 est actuellement prévu jusqu’au 15 avril. Si le Premier ministre Edouard Philippe ne s’est pas encore prononcé sur un possible report, il a évoqué le déconfinement. Interrogé par le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand, il a reconnu “Il est probable que nous ne nous acheminions pas vers un déconfinement général, absolu et pour tout le monde à une date donnée”. Il pointe du doigt que cette stratégie risquerait, en effet, de provoquer “un rebond de l’épidémie”.
L'Hexagone s'orienterait ainsi vers un déconfinement progressif. Une solution logique pour Patrick Bouet, président du conseil national de l'Ordre des médecins. Intervenant sur France Info après les déclarations du chef du gouvernement français, le professionnel de la santé a ajouté qu’il s’agissait pour lui de "la seule stratégie envisageable".
Toutefois, cette sortie de l’isolement imposé demandera une préparation importante : Arnaud Fontanet, épidémiologiste à l'Institut Pasteur et membre du Conseil Scientifique COVID-19, a expliqué sur Europe 1 : "A ce moment-là, il faudra qu'on soit prêt. D'une part avec des capacités de tests de dépistages, avec des équipes dédiées, de façon à identifier les foyers et les isoler très localement. Il faudra qu'on ait toute cette surveillance disponible, et décider qui et comment pourra reprendre les activités nécessaires à tous et à l’économie".
Plusieurs scénarios envisagés
Lors de son grand oral virtuel face aux députés, le Premier ministre a indiqué que plusieurs équipes travaillent sur l’organisation du “déconfinement”. "Nous expertisons des scénarios en fonction des hypothèses". Les choix faits dépendront entre autres selon lui “des traitements, éprouvés ou pas, et de notre capacité à produire des tests”, mais également "de la façon dont le virus aura circulé", a-t-il expliqué.
Il a assuré que la "stratégie", élaborée avec les experts, sera soumise aux parlementaires et présentée aux Français "dans les jours, la semaine" à venir”.
Plusieurs pistes, présentées dans notre diaporama, sont à l’étude.
Quand le confinement sera-t-il levé ?
La réponse à la question "quand sortira-t-on du confinement ?" est encore plus difficile à donner que celle du "comment ?".
Matthieu Revest, infectiologue, recherches en virologie et en immunologie, rappelle dans une interview publiée sur le site internet de l’Université Rennes 1 "On ne lève pas un confinement dès que la courbe du nombre de nouveaux cas s’infléchit. Il va falloir que le nombre de cas s’effondre complètement, pendant longtemps, au moins 15 jours, le temps de l’incubation complète, pour qu’on soit sûr qu’il y ait un arrêt de la circulation du virus".
Un déconfinement régional
Si le Premier ministre n’a pas détaillé toutes les pistes de travail concernant le déconfinement progressif, il a précisé qu'il pourrait se faire de façon "régionalisée".
Cette hypothèse avait déjà évoquée par le ministre de la Santé, Olivier Véran. Il avait aussi avancé que la levée du confinement pourrait se faire “territoire par territoire”.
Ainsi au lieu d’une levée nationale des restrictions de déplacements, les conditions de confinement seraient assouplies en fonction de la situation sanitaire des régions.
Toutefois, cette solution poserait plusieurs problèmes logistiques : comment éviter les déplacements des personnes non-confinées vers les lieux encore sous le joug d’une interdiction ? Les départements devront-ils fermer leurs “frontières” ?
Un déconfinement en fonction de l'age
Les séniors font partie des personnes les plus touchées par le Coronavirus. Pour certains scientifiques, des mesures supplémentaires seront nécessaires pour cette population.
Le Professeur Arnaud Fontanet, épidémiologiste à l’Institut Pasteur, et membre du Conseil scientifique, a expliqué sur Europe 1 que cette population fragile devrait rester confinée plus longtemps. “À partir de 60 ans, le risque de développer une forme grave et de mourir de la maladie est plus important. Le seuil peut être placé à 65, 70 ans, un seuil qui détermine les gens pour qui il faudra rester extrêmement prudent car s’ils étaient à nouveau exposés au virus ils seraient plus à même de faire des formes graves”
Les personnes testées
Une façon efficace de savoir si les Français peuvent sortir de chez eux sans crainte, serait tout simplement de distinguer - par le biais de test - les malades, les porteurs sains et les personnes immunisées contre le Coronavirus SARS CoV 2.
Grâce cette pratique systématisée, l’isolement s’appliquerait uniquement aux malades ou aux personnes non-immunisées.
Toutefois, ce scénario du test massif dépend de la capacité de la France à réaliser des dépistages à la COVID-19 à grande échelle.
Par secteur d’activité
Une autre piste de recherche serait la levée du confinement par secteur d’activité. Les actifs pourraient être progressivement autorisés à retourner au travail, sous réserve d’un respect strict des gestes barrières.
C’est le scénario envisagé par l'Italie, un des pays du monde les plus touchés par le Coronavirus.
Le gouvernement transalpin qui commence à voir les premiers effets positifs d’un confinement strict, envisage d’autoriser d’abord la reprise des activités pour les entreprises et les industries. Viendraient ensuite les commerces sans contact direct avec des clients, puis les magasins et artisans (coiffeurs, esthéticiennes…) en contact avec la population. Puis les bars, restaurants et lieux culturels pour finir.
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