Le pic de l'épidémie est toujours attendu. Beaucoup se demandent quand il aura lieu. Et pour cause, il s'agit d'un élément très difficile à déterminer car non seulement il dépend de plusieurs facteurs, mais étant donné que le coronavirus ne se propage pas de manière uniforme sur le territoire, le pic de l'épidémie varie d'une région à l'autre. En attendant le jour J, essayons d'apporter quelques éléments de réponse sur ce sujet.
Qu'est-ce qu'un pic épidémique ?
Le pic épidémique correspond au sommet de la courbe illustrant le nombre de cas apparaissant chaque jour. Autrement dit, le pic signe le moment où le nombre de nouveaux cas quotidiens (pour une échelle temporelle en jours) commence à décroître.
"Dans les maladies infectieuses, la courbe, au début de l’épidémie, sera plus ou moins forte en fonction de la transmissibilité du virus, explique Gilles Brücker, épidémiologiste à l’AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris), à Libération.
"Puis après un certain temps, cette courbe stagne, c’est le pic, puis commence à décroître, avec un nombre de nouveaux cas chaque jour inférieur au jour précédent. Dans ces conditions, le pic peut être plus ou moins pointu."
Quand le pic d’une maladie virale peut-il être atteint ?
Tout dépend des scénarios. En effet, le pic ne sera pas même nature, et n’interviendra pas au même moment, si le virus circule "naturellement" (sans intervention humaine), s’il est sensible au climat, ou si l’épidémie se heurte à des mesures de confinement de la population. Il peut même y avoir (ce qui est fréquent) plusieurs pics.
Il est bon de savoir que plus la transmissibilité d’un virus est importante, plus la part de la population devant être immunisée pour le stopper est élevée.
Pour le Covid-19, et avec un R0 (nombre moyen de personnes auxquelles un malade risque de transmettre la maladie, ndlr) compris entre 2 et 3, cela signifie que l’épidémie – si aucune mesure de distanciation sociale n’est prise – atteint son pic lorsque 50 % à 66 % de la population auront été en contact avec le virus.
En France, a-t-on atteint le pic ?
Non, le pic n'a pas encore été atteint sur le territoire français à l'exception du Grand Est, selon les experts, où le nombre de personnes en réanimation s'est stabilisé. L'Île-de-France ne serait également pas "loin" du pic.
Mais le pic général du virus, sur tout le territoire, n'est pas survenu le week-end du 5-6 avril comme l'attendaient certains spécialistes, et ce malgré la diminution du nombre de cas graves en réanimation et du nombre de morts dans la journée du 5 avril. Cette tendance doit se confirmer durant les jours prochains afin d'en tirer une réelle conclusion.
Comment se protéger pendant le pic ?
Alors que l'arrivée du pic épidémique semble iminente, on peut se demander quelles mesures vont changer pour les citoyens, au quotidien.
D'après le ministre de la Santé Olivier Véran, interviewé le 7 avril sur BFMTV, ce pic ne doit absolument pas changer nos habitudes "ce n'est pas parce que nous aurons atteint le pic de l'épidémie que nous pourrons relâcher nos efforts" insiste-t-il avant de conseiller de ne pas parler déjà de "déconfinement" de la population.
Vous devez continuer à suivre les mesures de confinement - ne pas sortir, ne pas fréquenter de lieux publics sauf achat de première nécessité (supermarché, pharmacie) et vous devez toujours pratiquer la distanciation sociale (au minimum d'1m, voire plus), tout en accentuant vos efforts.
En effet, si les mesures de prévention sont arrêtées trop tôt ou trop brutalement, les experts craignent de nouvelles contaminations.
Alors, en période de pic, s'il vous manque des œufs ou du lait pour préparer un gâteau, abandonnez votre projet. L'objectif étant de sortir le moins possible, faites des courses "de gros" pour tenir au minimum 15 jours/3 semaines.
Le pic, traduit-il un "retour à la normale" imminent ?
Non, l’atteinte de ce pic épidémique n’est pas pour autant synonyme d’un retour à la normale.
Interrogé par FranceInfo, un porte-parole de l'Organisation mondiale de la santé appelle à "rester vigilant même si le nombre de nouveaux cas annoncés diminue" car "il est beaucoup trop tôt pour dire que cette épidémie est maîtrisée".
En effet, plusieurs vagues épidémiques peuvent se succéder.
D'après le Pr Flahault qui dirige l’Institut de santé global à l’Université de Genève (Suisse), "il faudrait entre 50 et 66 % de personnes infectées puis immunisées pour éteindre la pandémie".
Mais "elle ne s’éteint pas nécessairement, en particulier si la proportion d’immunisés n’a pas atteint les 50 à 66 %. Elle peut marquer une pause. C’est ce qui se produit en Chine actuellement ainsi qu’en Corée", assure-t-il.
Les freins sanitaires ou météorologiques à la contagion "sont aussi transitoires, et dès qu’on les relâche, l’épidémie redémarre jusqu’à atteindre l’immunité grégaire ad-hoc, parfois sur plusieurs mois ou années", ajoute le spécialiste.
Coronavirus : qu'est-ce qu'un pic épidémique ?, CheckNews, 24 mars 2020.
Coronavirus : peut-on s'attendre à plusieurs vagues du Covid-19 ?, RTFBE, 22 mars 2020.
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