- 1 - Hôpital : 60 000 morts accidentelles par an
- 2 - La course à l’argent à l’origine des erreurs médicales
- 3 - Quels sont les hôpitaux les plus sûrs ?
- 4 - L’hôpital public manque de personnel
- 5 - Les cliniques plus sûres que le secteur public ?
- 6 - Les médecins trop peu payés ?
- 7 - Y a-t-il de plus en plus d’erreurs médicales ?
- 8 - Infections nosocomiales : les chiffres
- 9 - Erreur médicale : difficile de se faire indemniser
- 10 - L’hygiène, fer de lance du ministère de la Santé
- 11 - La loi Bachelot au secours de l’hôpital ?
Hôpital : 60 000 morts accidentelles par an
60 000 ! C’est le nombre de décès qui seraient liés à des erreurs médicales, selon l'Association Le Lien, qui accompagne les malades. Mais il s'agit là d'estimations car il n'existe pas de statistiques officielles. Erreur de prescription, mauvais dosage de médicament ou manque de lits... Régulièrement, des cas d'erreurs dramatiques et mortelles font les gros titres. Les acteurs pointent souvent du doigt un manque de temps et de moyens... ce à quoi s'ajoute l'erreur humaine.
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"Je résumerai les causes des erreurs médicales à un seul mot : l’argent", explique Gérard Glantzlen, ancien vice-président de la Fédération des Aviam* de France. "La recherche de la rentabilité a tellement pris le pas dans les hôpitaux publics que les rapports humains disparaissent progressivement". Un constat partagé par le Dr Véronique Vasseur dans son livre ’’L’hôpital en danger’’ : "L’hôpital se déshumanise pour se réorganiser dans une logique de pur rendement". Le personnel soignant n’a plus le temps pour parler aux patients, alors que "l’échange avec celui-ci est la base d’un bon diagnostic", rappelle Gérard Glantzlen. Et "des radios en urgence ne sont pas assurées", témoigne le Dr Vasseur. *Aviam : Association d’aide aux victimes d’accidents médicaux et à leur famille.
Quels sont les hôpitaux les plus sûrs ?
Organisation, performance des techniques, capacité de prise en charge des cas graves, durée moyenne de séjour… Votre hôpital est-il sûr ? Pour le savoir, vous pouvez vous référer au palmarès annuel des 50 meilleurs hôpitaux établi par le magazine Le Point. Les tops de la liste 2017 (dans l’ordre) : CHU de Bordeaux, de Toulouse, de Lille, de Strasbourg et de Tour, la Pitié-Salpêtrière (Paris) et le CHU de Grenoble.
L’hôpital public manque de personnel
Stress, augmentation du nombre de personnes âgées, de patients en situations précaires… "Quand, psychologiquement, le personnel n’en peut plus, les absences se multiplient", explique le Dr Véronique Vasseur dans son livre’’L’hôpital en danger’’. Et avec l’arrivée des 35 heures, rien ne s’est arrangé ! "Depuis, l’hôpital va encore plus mal. Non à cause de la RTT, mais parce qu’on ne l’a pas accompagnée de moyens supplémentaires", déplore le Dr Vasseur. L'arrivée en 2007 de la tarification à l'acte (T2A), qui fixe des objectifs quantitatifs, a achevé d'empirer la situation.
Les cliniques plus sûres que le secteur public ?
Une erreur médicale a fait la Une récemment. celle d'une jeune femme décédée après avoir appelé le Samu qui ne l'a pas prise au sérieux. Le cas est survenu dans le secteur public. Pour autant, peut-on en déduire que les hôpitaux publics sont moins sécurisés que les établissements privés ? "Non, on ne peut pas dire que l’un est meilleur que l’autre car leur fonctionnement n’est pas du tout le même", répond un membre de l’association Conseil aide défense des usagers de la santé. Difficile en effet de faire des généralités ou de comparer les équipements. Tout dépend des fonds dont disposent les structures. Différence notable tout de même : les médecins du secteur privé bénéficient d’une rémunération plus importante (statut libéral et non fonctionnaire). Ceci explique en partie que l’hôpital public souffre d’un manque de médecins par rapport aux cliniques.
Les médecins trop peu payés ?
En raison du vieillissement de la population et des progrès de la médecine, l’hôpital doit aujourd’hui faire face à une réorganisation de ses finances. Malheureusement, au détriment du personnel… "L’attractivité des gardes hospitalières est de plus en plus faible. Un interne est par exemple rémunéré 110 euros net pour une garde de 18 h 30 à 8 h 30", explique Julien Adam, ancien président du Syndicat des internes des hôpitaux de Paris (SIHP). Or, "si on ne donne pas les moyens aux établissements pour qu’ils valorisent le personnel, il ne voudra pas rester dans l’hôpital public", conclut ce dernier.
Y a-t-il de plus en plus d’erreurs médicales ?
Entre 300 000 et 500 000 événements indésirables graves* se produisent chaque année à l’hôpital. Des chiffres en augmentation ? "Non, il n’y a pas plus d’erreurs médicales aujourd’hui. La différence c’est qu’avant, quand une personne décédait à l’hôpital, on disait ’mort des suites de l’opération’ sans préciser ", répond un membre de l’association Conseil aide défense des usagers de la santé. Conclusion : pas la peine de paniquer ! D’autant que "les accidents médicaux ne représentent ’rien’ par rapport au nombre d’actes de soin réalisés par jour en France", ajoute notre interlocuteur. *Un événement indésirable est considéré comme grave s’il entraîne notamment une hospitalisation, un handicap ou un décès, sans qu’il en ait été la cause directe.
Infections nosocomiales : les chiffres
Les infections nosocomiales font encore aujourd’hui des victimes. Mais les derniers chiffres sur le sujet sont porteurs d’espoir. Selon l’enquête publiée en 2012 par l’Institut de veille sanitaire (INVS), la prévalence des patients infectés est de 5 % en France, tandis que les résultats européens se situent entre 4,9 et 8,5 %. Un chiffre à peu près stable depuis 2006. Cela représente environ 750 000 infections par an, qui seraient la cause directe de 4 000 décès en France. Lire aussi : Infections nosocomiales : peut-on les éviter ?
Erreur médicale : difficile de se faire indemniser
Il existe des organnismes nationaux vers lesquels se tourner en cas d'erreur médicale, mais obtenir réparation peut relever du parcours du combattant. De nombreux demandeurs d’indemnisation doivent ainsi se défendre seuls. Résultat : "80 % d’entre eux n’obtiennent pas satisfaction", explique un membre de l’association Cadus, pour la défense des victimes d’erreurs médicales. D’où l’intérêt de faire appel à ces mêmes associations qui, selon notre interlocuteur, obtiennent l’indemnisation de 85 % des demandeurs ! En ce qui concerne la durée de la procédure, elle peut aller de 18 mois à plusieurs années si les assureurs et l’Office national d’indemnisation des accidents médicaux (Oniam) refusent l’indemnisation. A noter : La plateforme du Défenseur des Droits alloué à la santé est disponible au 0810 455 455.
L’hygiène, fer de lance du ministère de la Santé
"Depuis une dizaine d’années, les chiffres témoignent d’une amélioration de la situation en matière d’hygiène", explique le Pr Philippe Juvin, ancien chef des Urgences à l’hôpital Beaujon et ancien secrétaire national de l’UMP (devenu Les Républicains) pour la santé. Et pour cause, avec la multiplication des infections nosocomiales, les conditions d’hygiène dans l’hôpital sont devenues le fer de lance des ministres de la Santé ! Bernard Kouchner, alors ministre de la Santé, a ainsi fait voter une loi relative à la qualité des soins le 4 mars 2002. "Cette loi a fait progresser l’hygiène dans les hôpitaux", confirme un membre de l’association Conseil aide défense des usagers de la santé, victime d’une infection nosocomiale.
La loi Bachelot au secours de l’hôpital ?
Création d’agences régionales de santé, désignation d’un patron unique à la tête de l’hôpital, modernisation des établissements… La loi "Hôpital, patients, santé, territoire" de Roselyne Bachelot, ministre de la Santé, a pour objectif de réorganiser le système hospitalier et surtout de répondre à son état de crise ! Réussira-t-elle ? Selon le Pr Philippe Juvin, chef des Urgences à l’hôpital Beaujon et secrétaire national de l’UMP pour la santé, "il y a un problème d’organisation de l’offre de soins. L’un des buts de cette loi est d’y remédier". Mais du côté des syndicats, les avis divergent. "L’hôpital est réduit à un simple outil de production de soin", déclarait Nadine Prigent de CGT Santé dans une interview au quotidien L’Humanité (9 septembre 2008).
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